Le bulletin d’Épidémiosurveillance en Santé Végétale est une revue des actualités concernant la santé du végétal en Europe et à l’International. Il contribue à faciliter l’accès aux informations concernant la santé des végétaux et leur diffusion. Le bulletin est validé au préalable par une cellule éditoriale composée d’experts scientifiques et de collaborateurs partenaires ayant un rôle de conseillers.



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Sommaire

Sujet phytosanitaire Zone géographique Cultures Nature de l’information
Xylella fastidiosa Italie Multi-espèces Evaluation de l’état sanitaire
Xylella fastidiosa Espagne Multi-espèces Evaluation de l’état sanitaire
Xylella fastidiosa Portugal Multi-espèces Evaluation de l’état sanitaire
Xylella fastidiosa France Multi-espèces Evaluation de l’état sanitaire
Spodoptera frugiperda îles Canaries Maïs Evaluation de l’état sanitaire
Spodoptera frugiperda Mayotte Maïs Evaluation de l’état sanitaire
Spodoptera frugiperda La Réunion Maïs Evaluation de l’état sanitaire
Spodoptera frugiperda Nouvelle-Calédonie Maïs Evaluation de l’état sanitaire
Spodoptera frugiperda Maurice Maïs Evaluation de l’état sanitaire
Spodoptera frugiperda Rodrigues Maïs Evaluation de l’état sanitaire


Références des articles traités dans ce bulletin selon les organismes nuisibles et l’échelle spatiale

pays PAYS


Xylella fastidiosa


Espagne, Portugal, Italie, France / Multi-espèces / Evaluation de l’état sanitaire

L’Espagne et le Portugal à travers la mise en place de leur plans d’urgence nationaux pour se conformer à l’article 3 du règlement d’exécution (UE) 2020/1201, viennent de mettre à jour l’état sanitaire de leur territoire concernant Xylella fastidiosa. Par ailleurs, la liste des zones délimitées sur le territoire de l’Union Européenne pour la présence de Xylella fasidiosa a également été mise à jour début 2021 sur le site de la Commission Européenne. Sur la base de ces dernières informations, une évaluation de l’état sanitaire de l’Espagne, du Portugal, de l’Italie et de la France est proposée ci-après.

Espagne

En Espagne, la bactérie a été détectée pour la première fois en 2016 sur merisier (Prunus avium) sur l’île de Majorque. Elle est aujourd’hui essentiellement présente dans deux grandes régions du pays : la Communauté Valencienne (Comunidad Valenciana) au sein de la province d’Alicante et de l’archipel des Baléares dans les Îles de Majorque, Ibiza et Minorque. La dernière mise à jour de la situation à Alicante a révélé 584 échantillons de plantes infectées par X. fastidiosa en 2020, cependant, la bactérie reste circonscrite à 39 municipalités déjà touchées. La zone infectée augmente ainsi de 237 ha (les 584 foyers et le rayon de 50 mètres autour) pour atteindre aujourd’hui une surface totale de 2 292 ha. La zone délimitée augmente de 113 ha portant la nouvelle zone délimitée à 128 116 ha. Tous les échantillons testés positifs provenaient majoritairement d’amandiers Prunus dulcis (539) mais aussi d’autres espèces végétales : Rhamnus alaternus (9), Calicotome spinosa (8), Rosmarinus officinalis (8), Helichrysum stoechas (6), Helichrysum italicum (3), Phagnalon saxatile (3), Prunus armeniaca (3), Laurus nobilis (2), Prunus domestica (2), Asparagus acutifolius (1). Asparagus acutifolius (asperge de montagne) apparaît comme un nouvel hôte pour la province d’Alicante. À ce jour, la sous-espèce de X. fastidiosa détectée dans la Communauté Valencienne est la sous-espèce multiplex. Concernant la situation aux Baléares, la mise à jour de l’état sanitaire des trois Îles fait état de 31 nouveaux échantillons positifs pour X. fastidiosa : 10 à Majorque, 17 à Ibiza et 4 à Minorque. La détection de trois nouvelles plantes hôtes a été signalée : Lavandula angustifolia (lavande) pour l’île d’Ibiza, Cistus albidus (ciste cotonneux) pour l’île de Minorque (isolé à Ferreries), et Salvia officinalis (sauge officinale) pour l’île de Majorque (isolé à Validemossa). Les analyses ont aussi permis de confirmer la présence de X. fastidiosa subsp. multiplex ST81 sur Santolina magonica à Minorque et X. fastidiosa subsp. pauca ST80 sur Ulex parviflorus à Ibiza. La surveillance conduite jusqu’à ce jour aux Baléares a permis la détection en tout de 1 235 échantillons positifs (702 pour Majorque, 325 pour Ibiza et 208 pour Minorque) provenant de 28 espèces de plantes hôtes différentes.

Portugal

Au Portugal, X. fastidiosa a été détectée pour la première fois en décembre 2018 sur des plants de lavande d’un zoo du comté de Vila Nova de Gaia, près de Porto. Aujourd’hui, la bactérie est présente dans un grand nombre de municipalités de la région de Porto. Depuis la première détection, 14 020 échantillons de plantes ont été collectés et analysés. Parmi eux, 303 se sont avérés positifs pour la bactérie, conduisant à l’établissement de 97 zones infectées touchant 25 municipalités réparties dans 4 comtés (Porto, Matosinhos, Santa Maria da Feria et Vila Nova de Gaia). La zone délimitée quant à elle s’étend (en partie ou intégralement) sur 53 municipalités réparties dans 7 comtés, ceux de la zone infectée ainsi que Maia, Gondomar et Espinho. Jusqu’à présent, seule la sous-espèce multiplex ST7 a pu être identifiée à partir des échantillons prélevés. Les plantes hôtes identifiées jusqu’alors sont : Acacia longifólia, Acacia melanoxylon, Adenocarpus lainzii, Artemisia arborescens, Asparagus acutifolius, Athyrium filix-femina, Calluna vulgaris, Cistus psilosepalus, Cistus salviifolius, Coprosma repens, Conyza canadensis, Cytisus scoparius, Dodonea viscosa, Echium plantagineum, Erodium moschatum, Frangula alnus, Hebe, Hibiscus syriacus, Ilex aquifolium, Laurus nobilis, Lavandula angustifólia, Lavandula dentata, Lavandula stoechas, Lavatera cretica, Magnolia grandiflora, Medicago sativa, Metrosideros excelsea, Myrtus communis, Nerium oleander, Olea europaea, Pelargonium graveolens, Plantago lanceolata, Pteridium aquilinum, Pterospartum tridentatum, Prunus persica, Quercus robur, Quercus suber, Romarinus officinalis, Rosa, Sambucus nigra, Strelitzia reginae, Ulex et Vinca. Avec deux espèces non listées dans l’annexe 1 du règlement d’exécution (UE) 2020/1201: Adenocarpus lainzii et Lavatera cretica.

Italie

En Italie, X. fastidiosa a été détectée pour la première fois en octobre 2013 dans les Pouilles et en novembre 2018 en Toscane dans la commune de Monte Argentario (extrême sud de la côte de la province de Grosseto). En Toscane, à l’issu des prospections conduites dans les zones délimitées en 2020, sur les 4 200 échantillons colléctés et analysés, 232 plantes se sont avérées infectées par la bactérie et trois nouvelles espèces de plantes hôtes ont été mises à jour dans la région : Asparagus acutifolius, Phagnalon saxatile et Lonicera implexa. Jusqu’à présent, seule X. fastidiosa subsp. multiplex a pu être identifiée à partir des échantillons prélevés. En tout, 83 zones infectées ont été identifiées et la superficie totale de ces zones est estimée à 115 ha et la superficie totale de la zone tampon est estimée, à 6 282 ha. Dans la ‘zone exempte’ tous les échantillons de plantes et de vecteurs d’espèces ou de genres Philaenus spumarius, Neophilaenus sp., Cicadellaviridis, Lepyronia coleoptora, Aphrophora alni qui ont été collectés et analysés, se sont avérés négatifs après analyse, à l’exception d’un insecte testé positif, appartenant à l’espèce Philaenus spumarius. À ce jour, aucun nouveau foyer de X. fastidiosa n’a été identifié dans les zones exemptes au cours de l’année 2020 en Toscane. Dans les Pouilles, plus d’une vingtaine de municipalités sont touchées par X. fastidiosa avec de nouvelles détections positives rapportées régulièrement, pour le moment toutes circonscrites aux municipalités déjà touchées. Philaenus spumarius est le principal vecteur de la souche Pauca ST53 de la sous-espèce X. fastidiosa dans les Pouilles.

France

X. fastidiosa a été détectée pour la première fois en France en juillet 2015 sur Polygala myrtifolia dans la commune de Propriano, en Corse. Par la suite, de nombreux autres foyers ont été découverts dans toute l’île mais aussi sur le continent, dans les départements du Var et des Alpes-Maritime, à travers divers échantillons de plantes principalement issus de Polygala myrtifolia, Spartium junceum et Lavandula angustifolia. La bactérie identifiée pour ces foyers était X. fastidiosa subsp. multiplex, hormis pour Menton où X. fastidiosa subsp. pauca avait été identifiée sur oliviers. Plus récemment, en septembre 2020, X. fastidiosa subsp. multiplex a été détectée à partir d’un échantillon de lavandin (hybride) dans le département de l’Aude. Depuis, l’Aude compte 22 zones infectées, un point d’information précis pour ce département de la région Occitanie avait été réalisé dans le BBM n°22. Par ailleurs, pour la France il est possible de consulter les zones délimitées actualisées de façon bi-hebdomadaire via l’application dédiée de l’Anses.

Sources : Lien 1, Lien 2, Lien 3, Lien 4, Lien 5 et Lien 6

Figure 1 : Carte de la situation sanitaire de Xylella fastidiosa en France, Espagne, Portugal et Italie selon ec.europa.eu.

Spodoptera frugiperda


Espagne (îles Canaries) et France (îles de la Réunion, Mayotte et Nouvelle-Calédonie), Iles Maurice et Rodrigues / Maïs / Evaluation de l’état sanitaire

Espagne (archipel des Canaries)

L’OEPP sur la base d’informations de l’ONPV espagnole a récemment rapporté la présence de Spodoptera frugiperda dans tout l’archipel des Canaries (Lanzarote, Fuerteventura, Gran Canaria, Tenerife, La Palma, El Hierro et La Gomera). L’insecte capturé une première fois sur l’île de Tenerife en juillet 2020 grâce aux dispositifs de piégeages installés dans le cadre d’études faunistiques a fait l’objet de prospections ultérieures de la part du service régional phytosanitaire des Canaries. Les résultats de cette prospection à l’aide de pièges delta et avec deux types de phéromones a permis, en février 2021, de confirmer la présence de manière restreinte de S. frugiperda dans toutes les îles des Canaries, uniquement dans des champs de maïs (Zea mays) et sans causer de dégâts dans les cultures. Les causes avancées pour expliquer l’introduction de l’insecte aux Canaries seraient les vents violents qui ont soufflés fin mars 2020 à plus de 100 km/h depuis le continent africain et qui ont balayé toutes les îles de l’archipel espagnol. Actuellement, des mesures d’urgence conformes à la réglementation de l’UE 2018/638 sont appliquées et S. frugiperda en Espagne est officiellement déclaré ‘présent uniquement dans les îles Canaries, et sous contrôle officiel’.

France (Réunion, Mayotte et Nouvelle-Calédonie)

Le premier signalement de S. frugiperda à Mayotte date du mois d’août 2018. Des larves avaient été trouvées dans trois champs de maïs (Zea mays) sur 2 sites distants. L’un des deux champs était fortement infesté (90% de la surface était infestée avec jusqu’à 7 larves par plant) (OEPP pour Mayotte). Peu de temps après, à l’île de La Réunion, une première détection de S. frugiperda a été rapportée en septembre 2018 dans deux cultures de maïs faiblement attaquées (OEPP pour La Réunion). Pour ces deux îles de l’Océan indien, S. frugiperda est officiellement déclaré ‘Présent, seulement dans certaines zones’. En Océanie, le 16 décembre 2020, S. frugiperda a été signalé pour la première fois en Nouvelle-Calédonie, à Boulouparis (voir la notification de la CIPV de janvier 2021). De nombreuses larves du ravageur avaient été trouvées dans un seul et même champ de maïs. Depuis, des mesures de gestion sont en cours afin de limiter l’infestation. La légionnaire d’automne est déclarée ‘Présente, seulement dans certaines zones du territoire calédonien’.

Iles Maurice et Rodrigues

En 2019, non loin des îles de Mayotte et de La Réunion, S. frugiperda à été trouvé à l’île Maurice et à l’île Rodrigues (OEPP).

Source : Lien1, Lien2, Lien3 et Lien4

Figure 2 : Carte de la situation sanitaire de Spodoptera frugiperda en France, Espagne, Maurice et Rodrigues selon OEPP.