Le bulletin d’Épidémiosurveillance en Santé Végétale est une revue des actualités concernant la santé du végétal en Europe et à l’International. Il contribue à faciliter l’accès aux informations concernant la santé des végétaux et leur diffusion. Le bulletin est validé au préalable par une cellule éditoriale composée d’experts scientifiques et de collaborateurs partenaires ayant un rôle de conseillers.



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Sommaire
Sujet phytosanitaire Zone géographique Cultures Nature de l’information
Xylella fastidiosa Italie Multi-espèces Méthodes pour améliorer la surveillance
Déperissement de la vigne - Flavescence dorée Allemagne Vignes Notifications de nouveaux cas
Fusarium oxysporum f. sp. cubense Tropical race 4 Pérou Bananes Notifications de nouveaux cas


Références des articles traités dans ce bulletin selon les organismes nuisibles et l’échelle spatiale

pays PAYS



Xylella fastidiosa


Italie / Multi-espèces / Méthodes pour améliorer la surveillance

Le Conseil régional des Pouilles vient d’adopter le Plan d’Action 2021 pour lutter contre la propagation de Xylella fastidiosa dans la région. Ce plan qui s’inscrit dans l’application du règlement d’exécution (UE) 2020/1201 et qui a pris en compte les critiques émises lors de l’audit effectué par la Commission européenne en juin 2019, prévoit neuf actions à conduire au cours de l’année : (1) la surveillance du territoire régional (zones délimitées et zones exemptes), (2) la surveillance des vecteurs, (3) l’arrachage et la destruction des plantes, (4) l’indemnisation, (5) la lutte anti-vectorielle, (6) l’autorisation de sites de production dans des zones délimitées, (7) les contrôles officiels, (8) la formation, et (9) la communication. Concernant la surveillance du territoire des Pouilles, il est prévu de surveiller en 2021 un ensemble de zones couvrant environ 550 000 hectares. La région comporte à la fois des zones délimitées en stratégie d’éradication (Monopoli (n°3 sur la carte), Polignano a mare (n°4) et Canosa (n°5)), une zone délimitée en stratégie d’enrayement (zone infectée (n°8) et zone tampon (n°7) du Salento) et une zone exempte, qui sont toutes concernées par la surveillance. Une surveillance renforcée sera effectuée dans deux “ceintures à haut risque” (n°9 et 10) larges de 400 m et situées dans la zone tampon du Salento (d’une côte à l’autre de la zone). Une surveillance renforcée sera aussi conduite dans la zone exempte de X. fastidiosa (n° 2) située entre les zones délimitées de Monopoli (n°3) et de Polignano a mare (n°4) (Figure 1).


Figure 1: Carte des zones où la surveillance sera effectuée dans les Pouilles en 2021. (Source: http://cartografia.sit.puglia.it)

L’organisation de la surveillance a été mise en place en s’appuyant sur RIBESS+, l’outil statistique développé par l’EFSA qui calcule la taille d’échantillonnage en utilisant une approche basée sur le risque (ici une vidéo qui décrit le fonctionnement de RIBESS+). Le Plan d’Action détaille le plan d’enquête et le schéma d’échantillonnage pour chacune des zones soumises à la surveillance. Il prévoit aussi un calendrier de la surveillance en fonction des zones, étalé de mai à octobre 2021. Conformément au règlement (UE) 2020/1201, les plans de sondage et d’échantillonnage visent la détection sur le territoire des Pouilles d’un taux de présence de plantes infectées de 1% avec un niveau de confiance de 80% (pour la zone exempte de Xylella) ou de 90% (pour la zone délimitée). Pour la zone infectée le plan d’échantillonnage vise la détection d’un taux de prévalence de 0,7% de plantes infectées avec un niveau de confiance de 90%. Ainsi, pour chaque zone, un nombre d’unités épidémiologiques (correspondant à un ensemble de plantes qui partagent un même environnement et les mêmes risques d’exposition à la bactérie) et un nombre de plantes à échantillonner a été déterminé. Pour la zone exempte, l’unité épidémiologique est de 100 ha alors que pour la zone tampon et la zone infectée, elle est de 1 ha ou correspond à des plantes spécifiques. Globalement, plus de 216 000 plantes (situés dans des oliveraies, des vergers, des pépinières, des jardineries, des zones naturelles et d’autres lieux pertinents) seront prélevées, sur la base d’un échantillonnage aléatoire ou suite à l’observation de symptômes, et analysées par RT-PCR. La surveillance des vecteurs est également prévue pour les zones délimitées et les zones exemptes. Cette surveillance doit permettre la mise en œuvre de stratégies de lutte intégrée pour réduire les populations d’insectes vecteurs, et d’autre part, répondre aux exigences des articles 10 et 15 du règlement d’exécution (UE) 2020/1201 qui visent à surveiller la présence de X. fastidiosa chez les vecteurs, à déterminer le risque de propagation supplémentaires lié aux vecteurs, et à évaluer l’efficacité des mesures de contrôle phytosanitaire.

Sources : Lien1 et Lien2

Dépérissement de la vigne - Flavescence dorée


Allemagne / Vignes / Notifications de nouveaux cas

Suite à la détection et l’éradication d’un cas de flavescence dorée (FD) sur vigne en 2014 (OEPP, 2017), l’Allemagne était considérée comme exempte de la maladie, ainsi que de son vecteur Scaphoideus titanus. La surveillance du territoire allemand est réalisée depuis 2016, suite à la détection du vecteur S. titanus de l’autre côté de la frontière, en Alsace. Cette surveillance est ciblée sur les vignobles situés à moins de 100 m des peuplements d’aulnes. En effet, l’aulne glutineux (Alnus glutinosa) est un hôte asymptomatique commun des phytoplasmes du groupe 16SrV en Europe.

En Allemagne, toutes les vignes symptomatiques échantillonnées jusqu’en septembre 2020 se sont révélées infectées par l’agent du bois noir (BN) ‘Candidatus Phytoplasma solani’ ou occasionnellement par le phytoplasme de la jaunisse de l’aulne. En septembre 2020, dans la région viticole de la Hesse rhénane (Rheinhessen), sur huit vignes présentant des symptômes typiques, sept se sont avérées positives au BN et un échantillon de Vitis vinifera s’est révélé positif pour la FD (phytoplasme 16SrV). Ce résultat a été confirmé par des tests réalisés avec des méthodes RT-PCR et LAMP, sur cet échantillon de vigne âgée de 25 ans. Les symptômes comprenaient l’enroulement et la décoloration des feuilles, une lignification incomplète, des pustules noires sur les pousses, des inflorescences et des baies séchées. Les pousses malades étaient noires et nécrotiques en décembre 2020.

Les autorités considèrent que la source de l’infection n’est probablement pas le matériel de plantation, mais plutôt une transmission de la FD à partir de peuplements d’aulnes adjacents. Comme le vecteur S. titanus n’est pas présent en Allemagne, l’hypothèse de contamination avancée est la transmission par des insectes de la famille des Cicadellidae, telles qu’Allygus mixtus, Allygus modestus et Orientus ishidae. La vigne infectée a été détruite ainsi qu’environ 3 000 plantes sur la parcelle dont la surface est d’1 ha. De plus, des prospections intensives sont menées ciblant la détection de la FD et de ses vecteurs. Dans le nord-est de la France (ancienne zone protégée pour la FD), plusieurs ceps avaient été trouvés contaminés à la FD, notamment en 2020 dans la Marne (voir BBM n°18). Dans cette zone, une origine environnementale avait également été suspectée pour expliquer ces contaminations.

Sources : Lien 1, Lien 2

Figure 2 : Localisation des communes impactées par des détections de Flavescence dorée dans la région Grand-Est en 2019 et 2020, et en Allemagne en 2021 (sources : lhebdoduvendredi.com, lalsace.fr et Jarausch et al. 2021)

Fusarium oxysporum f. sp. cubense Tropical race 4


Pérou / Bananes / Notifications de nouveaux cas
Première confirmation officielle de présence de Foc TR4 au Pérou, le deuxième pays d’Amérique du Sud, après la Colombie (First Report), à être officiellement contaminé par Foc TR4.

Le 11 avril 2021, l’état d’urgence phytosanitaire a été déclaré sur tout le territoire péruvien suite à la confirmation de la présence de Fusarium oxysporum f. sp. cubense Tropical Race 4 (Foc TR4) dans une plantation de bananiers de 0,5 hectare, située dans le département de Piura (Résolution Nº 0048-2021-MIDAGRI-SENASA), au nord-ouest du pays (Figure 3). Le SENASA (Service National de Santé Agricole) du Pérou avait mis en place depuis 2012 une surveillance dans les 15 principales régions de production de musacées (banane et plantain) : San Martin, Loreto, Cajamarca, Amazonas, Ucayali, Tumbes, Puno, Lambayeque, La Libertad, Huanuco, Pasco, Junin, Madre de Dios, Cusco et Piura. C’est dans cette dernière région que des échantillons suspects ont été collectés à ont été diagnostiqués positifs à Foc TR4 après des analyses moléculaires en laboratoire. Dans le cadre de l’état d’urgence phytosanitaire et afin d’éradiquer le foyer, de contenir et d’empêcher la propagation du champignon pathogène à d’autres zones géographiques du pays, il est prévu plusieurs actions et mesures dont quelques-unes sont listées ci-dessous :

  • Actions de surveillance, de quarantaine et de contrôle ciblant en priorité la zone de détection (foyer émergent), afin de contenir et de prévenir la propagation du champignon.
  • Délivrance d’autorisation de circulation de matériel végétal de musacées sur le territoire national via la délivrance d’un “certificat phytosanitaire de transit interne”. Le non-respect de cette mesure est passible de la confiscation et de la destruction du matériel, d’amendes et de sanctions.
  • Interdiction de déplacement de matériel de musacées à partir de lieux où Foc TR4 est détecté
  • Isolement ou délimitation de la zone d’intervention autour du foyer Foc TR4 afin d’empêcher l’entrée et la sortie du matériel végétal de musacées, des personnes et des véhicules non autorisés.
  • Installation de pédiluves avec une solution à base d’ammonium quaternaire ou de glutaraldéhyde dans les lieux d’entrée et de sortie des exploitations où Foc TR4 est détecté, pour la désinfection notamment des équipements, outils, matériels, chaussures, et véhicules.
  • Destruction de toutes les plantes infectées du foyer Foc TR4 conformément aux procédures techniques en vigueur.
  • Maintenir en quarantaine les zones où Foc TR4 a été détecté pendant une période d’un an. Cette période peut être modifiée en fonction de l’évaluation et de l’avis du SENASA.
Le journal officiel El Peruano mentionne qu’au Pérou, le fait que les unités de production de musacées soient dispersées dans pleins d’endroits sur le territoire est un facteur de risque qui pourrait augmenter la propagation et l’établissement de Foc TR4 dans le pays. Les unités de production, qui sont toutes de taille petite ou moyenne, sont situées pour 85% d’entre-elles dans la jungle, sur une surface de 135 000 ha, et sont destinées à l’autoconsommation et aux marchés locaux. Les 15% restants correspondent aux unités de production situées sur la côte péruvienne, sur une surface de 21 500 ha, et sont destinés à l’exportation. La production de bananes et de plantains étant une des plus importantes activités économiques du pays, la présence du champignon pathogène pourrait générer des pertes substantielles qui pourraient affecter l’économie nationale.

Source : Lien

Figure 3 : Localisation du lieu détecté positif à Foc TR4 le 10 avril 2021 au Pérou. (source : Resolución Jefatural Nº 0048-2021-MIDAGRI-SENASA)