Le bulletin d’Épidémiosurveillance en Santé Végétale est une revue des actualités concernant la santé du végétal en Europe et à l’International. Il contribue à faciliter l’accès aux informations concernant la santé des végétaux et leur diffusion. Le bulletin est validé au préalable par une cellule éditoriale comportant des experts scientifiques et des collaborateurs partenaires dans les rôles de conseillers et de critiques.
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Références des articles traités dans ce bulletins selon les organismes nuisibles et l'échelle spatiale


europ EUROPE
Dépérissement de la vigne ToBRFV
lien lien

pays PAYS



Généralités


Turquie / Platanes / Notifications de nouveaux cas
De 2016 à 2018, les 500 platanes (Platanus orientalis) de la ville de Diyarbakir en Turquie ont fait l’objet d’observations visuelles et de notations de symptômes. Ces jeunes platanes (5-7 ans) présentaient des symptômes de nécrose au collet, de pourriture racinaire, de chancre de tige et de flétrissement de feuille. Après échantillonnage des parties symptomatiques, différents tests en laboratoire (PCR, séquençage, tests de pathogénicité), ont permis d'identifier Phytopythium litorale comme l’organisme en cause. Cette étude met en avant pour la première fois le fort caractère pathogène de P. litorale et pose de nouvelles questions sur l’émergence de cet organisme nuisible dans des aires géographiques spécifiques. Source : Lien


Figure 1 : Photographies illustrant a) les feuilles infectées d'un platane, vertes en apparence mais plus petites et recourbées sur les bords ; b) les branches d'un platane infectée identifiables par des zones noires (source : lien).


Argentine / Agrumes / Réglementation à l'import
L’Argentine fait aujourd’hui l’objet d’une interdiction d’exportation d’agrumes par la Commission Européenne ( Réglement d’execution 2020/1199) jusqu’au 30 avril 2021. Les oranges sont néanmoins encore acceptées jusqu’au 4 septembre 2020. En effet, de nombreux cas de détections positives d’organismes réglementés, dont principalement Phyllosticta citricarpa, ont été observés dans des marchandises issues d’Argentine et arrivant dans des ports européens (Espagne, Italie, Portugal, Pays-Bas, et France) depuis ce début d’année 2020. Un audit du système de garantie phytosanitaire de la production d’agrumes en Argentine va être réalisé par l’Union européenne début 2021. Un premier audit avait eu lieu entre le 9 et le 13 mars 2020 suivi de plusieurs recommandations pour améliorer les contrôles officiels et le système de certification argentin dans le cadre d’une exportation vers l’Union européenne. A la suite de cela, l’Argentine avait mis en place des mesures correctives mais trop tardives pour éviter la suspension par la Commission Européenne. Selon les résultats du prochain audit, le règlement sur les importations pourra être amendé. Source : Lien1 et lien2


ToBRFV


Europe / Tomates - poivrons / Réglementation
Suite à l’émergence de nouveaux foyers de ToBRFV détectés en Europe, la Commission Européenne a publiée au Journal officiel de l’Union européenne un nouveau Règlement d’exécution (UE) 2020/1191 le 11 août 2020 (abrogeant la décision d’exécution (UE) 2019/1615). Celui-ci établit les mesures destinées à éviter l’introduction et la dissémination du virus au sein de l’Union européenne. Il renforce notamment les contrôles officiels aux frontières avec un minimum de 20% des envois de semences ou de végétaux destinés à la plantation qui devront être contrôlés (échantillonnage et analyse) à l’arrivée sur le territoire de l’UE. Par ailleurs, les variétés (semences et plants) de Capsicum importées au sein de l’UE devront être accompagnées d’ un certificat phytosanitaire. Les pays membres de l’UE doivent mettre en place une prospection annuelle vis-à-vis de ce virus et dans le cas d’une détection avérée, et appliquer des mesures d’éradication. Source : Lien


Dépérissement de la vigne


Europe / Vigne / Pest survey card
Les pest survey card produites par l’EFSA procurent des informations biologiques, des conseils et des pistes de réflexion importantes et nécessaires à la bonne mise en place d’une surveillance de l’organisme nuisible ciblé, au sein d’un pays européen. Le phytoplasme de la Flavescence dorée et son vecteur Scaphoideus titanus font l’objet d’une pest survey card. L’organisme nuisible, son vecteur et leurs biologies sont décrits pour apporter les connaissances minimales nécessaires à la surveillance de l’organisme et son vecteur (taxonomie, statut réglementaire, distribution en Europe, cycle de vie et la transmission, hôtes, conditions environnementales favorables, capacité de dispersion, identification des facteurs de risque). La détection, l’échantillonnage et l’identification sont également abordés dans cette pest survey card procurant des lignes de conduites homogènes pour les pays européens (prospection visuelle, protocole d’échantillonnage, test LAMP et test PCR en laboratoire). Pour finir, l’EFSA détaille les différentes étapes essentielles à la bonne réalisation d’un plan de surveillance (objectifs, type de surveillance, population cible, unité épidémiologique, unité d’inspection, ... etc). Sources : Lien


Xylella fastidiosa


Géorgie (USA) / Myrtilles / Revue scientifique - Notifications de nouveaux cas
Une surveillance de plants de myrtilles (Vaccinium corymbosum interspecific hybrids) a été mise en place en 2017 dans trois comtés du sud de la Géorgie aux États-Unis, suite à la notification de présence de Xylella fastidiosa subsp. multiplex dans la région. Des échantillons de feuilles présentant des symptômes ont été analysés et caractérisés génétiquement grâce à plusieurs méthodes moléculaires. Les résultats montrent que les deux sous-espèces multiplex et fastidiosa sont présentes sur les myrtilles naturellement infectées par Xylella fastidiosa. C’est la première fois que la sous-espèce fastidiosa est trouvée associée à la myrtille et que les deux sous-espèces sont identifiées ensemble sur une même plante hôte. Source : Lien


Figure 2 : Carte des trois comtés échantillonnés dans l'étude de l'article cité ci-dessus.


Espagne - Italie / Oliviers - Amandiers / Revue scientifique - Méthodes pour améliorer la surveillance
Sur la base de données de présence / absence issues de plans de surveillance de Xylella fastidiosa subsp. multiplex dans la province d’Alicante (Espagne) en 2017 et Xylella fastidiosa subsp. pauca dans la province de Lecce (Italie) de novembre 2013 à décembre 2014, une étude a été menée sur l’influence des variables climatiques et de l’effet spatial sur la distribution géographique de ces deux sous-espèces au sein de ces deux régions. Pour cela, la méthode de modélisation bayésienne INLA (Integrated Nested Laplace Approximation) a été utilisée. Les résultats des modèles utilisés séparément sur les deux régions montrent un très faible impact du climat sur la présence de la bactérie voire une absence totale de corrélation pour la région d’Alicante contrairement à la structure spatiale qui explique très fortement la distribution de présence / absence de la bactérie pour les deux régions. Cela suggère une dispersion de proche en proche à partir d’un ou de plusieurs foyers d’infection initiaux. Le vecteur permet cette dispersion à courte échelle parmi les hôtes présents dans ces deux régions, à partir d’une introduction probablement liée à l’activité humaine. En conclusion, il semble important de tenir compte de l'auto-corrélation spatiale des zones de foyers pour estimer correctement l'importance de certaines variables dans l'appréciation du risque de présence de Xylella fastidiosa. Source : Lien


Figure 3 : Carte des deux zones d'étude de l'article cité ci-dessus.


Italie / Oliviers / Revue scientifique - Méthodes pour améliorer la surveillance
Une étude sur Xylella fastidiosa subsp. pauca a été réalisée sur 61 oliviers dans une plantation d’oliviers centenaires à Oria (province de Brindisi, Sud-Est de l’Italie) en couplant des données issues de sources et de méthodes d’analyses très variées. Des acquisitions d’images de la canopée des oliviers ont été réalisées par drone en utilisant les radiations électromagnétiques réfléchissantes. Une surveillance géophysique des troncs a été réalisée par radar permettant d’établir une carte spatio-temporelle du signal radar dans le tronc des oliviers. Les symptômes de la canopée ont été observés et notés, ajoutés à une détection de la bactérie par tests qPCR sur deux années (2017 et 2018). Ces données de nature diverses ont été mises en parallèle grâce à la modélisation mathématique pour réaliser une analyse globale et spatio-temporelle de la zone d’étude, et pour produire une carte probabiliste des risques d’infection des oliviers par Xylella fastidiosa subsp. pauca. Les résultats montrent que le processus de dépérissement se répand de manière aléatoire dans la zone et au sein d’une même plante. L’infection des oliviers par Xylella fastidiosa subsp. pauca semble être réalisée par des processus ponctuels et nécessite des analyses à une échelle très fine pour pouvoir mettre en évidence un effet spatial et/ou temporel. Une gestion spécifique à chaque site pourrait être la solution la plus appropriée pour contenir la maladie au vu de ces résultats. Source : Lien


Figure 4 : Carte de la zone d'étude de l'article cité ci-dessus.



Avis du comité éditorial sur les 2 études scientiques ci-dessus menées en Italie sur Oliviers :

Ces deux études semblent mettre en avant des résultats contradictoires. En effet l’une démontre un effet spatial avec une infection probablement de proche en proche contrairement à l’autre étude qui ne semble pas mettre en avant cet effet. Les zones d’études de ces deux publications se situent chacune dans les Pouilles italiennes et traitent de la même sous-espèce de Xylella fastidiosa. On retrouve également un aspect d’évolution de l’épidémie dans le temps assez similaire, i.e. l’épidémie progresse avec le temps dans la zone d’étude. Les grandes différences sont l’échelle spatiale et la nature des données et des méthodes utilisées. La première étude a été réalisée sur une surface importante, toute la région de Lecce correspondant à 2766 km2. Alors que la deuxième a été réalisée sur une plantation d’une soixantaine d’oliviers centenaires à Oria, correspondant à une surface beaucoup plus petite. Par ailleurs, les données et les méthodes statistiques utilisées pour réalisées les deux études sont très différentes.


Candisatus Liberibacter spp.


Argentine / Agrumes / Notifications de nouveaux cas
Deux nouveaux cas positifs au HLB ont été détectés dans la ville de Lomas (province de Corrientes en Argentine). Ce sont les premières détections de HLB dans le département de Bella Vista, mais pas dans la province de Corrientes qui a déjà eu des détections positives du HLB ces dernières années. Les deux nouvelles détections ont eu lieu sur des prélèvements de feuilles d’agrumes dans le cadre de la surveillance de l’organisme et de son vecteur pilotée par le Programme National de Prévention HLB (PNPHLB). L’éradication des plants infectés a été réalisée. Source : Lien


Figure 5 : Carte des provinces ayant déjà eu des détections positives de HLB avant 2020 selon Argentina.gob.ar et de la nouvelle détection dans le département de Bella Vista.


Portugal / Agrumes / Mesures de lutte
Un programme national de lutte biologique contre l’insecte vecteur du HLB, Trioza erytreae, est lancé au Portugal. L’objectif de ce programme est de limiter la population de cet agent pathogène de quarantaine et son rôle de vecteur si une introduction du HLB devait arriver sur le territoire. Trioza erytreae a été observé dans la région de Porto. Il ne doit pas atteindre l’Algarve, principale région productrice d’agrumes du Portugal. Ainsi, à la suite de résultats prometteurs issus d’une étude sur l’insecte parasitoïde Tamarixia dryi testé depuis octobre 2019 sur quatre sites de la région centrale et trois sites de la région ouest du pays (article de freshplaza), des lâchers d’insectes parasitoïdes ont lieu dans le nord et le centre du Portugal depuis la mi-août. Source : Lien