Le bulletin d’Épidémiosurveillance en Santé Végétale est une revue des actualités concernant la santé du végétal en Europe et à l’International. Il contribue à faciliter l’accès aux informations concernant la santé des végétaux et leur diffusion. Le bulletin est validé au préalable par une cellule éditoriale comportant des experts scientifiques et des collaborateurs partenaires dans les rôles de conseillers et de critiques.



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Références des articles traités dans ce bulletin selon les organismes nuisibles et l'échelle spatiale


pays PAYS



Bursaphelenchus xylophilus


Chine / Pins / Revue scientifique - Economie
Une évaluation quantitative des pertes économiques de la maladie du nématode du pin pour la Chine continentale de 1998 à 2017 vient d’être réalisée. La Chine a découvert pour la première fois les nématodes du pin dans le mausolée Sun Yat-sen de Nanjing en 1982. En 2019, après 40 années de propagation, la maladie du nématode du pin s'est étendue à 588 comtés de 18 provinces du pays. Alors que l'Est et le Sud de la Chine sont les régions qui sont les plus impactées par la maladie, les nématodes du pin ont tendance, en raison du changement climatique, à se propager vers le nord et les hautes altitudes. Pour cette étude, deux méthodes d'évaluation ont été utilisées pour couvrir les pertes économiques directes (via « la méthode de la valeur marchande ») et les pertes indirectes (via « la méthode du facteur d'équivalence dynamique de Xie »). Les pertes directes concernent celles qui sont liées aux pertes de bois, aux mesures de lutte (traitements pesticides, abattage, fumigation ou brûlage des arbres infectés) pour gérer au mieux la dispersion de la maladie, et à la perte des marchés d'exportation ainsi qu’aux restrictions d'importation. Les pertes indirectes concernent celles qui sont liées à la perte de valeur économique non marchande, comme les pertes pour l'environnement social et écologique. Au final, l’étude montre que les pertes économiques indirectes ont été bien plus importantes que les pertes économiques directes. Avec une perte économique totale annuelle moyenne de 7,17 milliards de CNY (0,9 Md€*), dont 1,53 milliard de CNY (190 M€*) pour les pertes directes et 5,64 milliards de CNY (708 M€*) pour les pertes indirectes. Ainsi, on peut en déduire que les moyens mis en œuvre pour lutter contre le nématode du pin sont minimes en termes de coût économique mais grâce à la gestion de la maladie, ils peuvent jouer un rôle majeur concernant les conséquences économiques environnementales et sociétales (pertes indirectes). Source : Lien
*Conversion basée sur 1 CNY = 0,125621 EUR en date du 10-02-2020.


Figure 1 : Progression de la maladie du nématode du pin au niveau des provinces de la Chine continentale de 1998 à 2017, issue de Zhao, J.; Huang, J.; Yan, J.; Fang, G. Economic Loss of Pine Wood Nematode Disease in Mainland China from 1998 to 2017. Forests 2020, 11, 1042.


Bactrocera dorsalis


France / Fruits / Réglementation
L'Instruction Technique DGAL/SDQSPV/2020-555 décrivant le Plan National d'Intervention Sanitaire d'Urgence (PNISU) relatif à Bactrocera dorsalis, la mouche orientale des fruits, dans le cas d'une suspicion, d'une interception, d'une incursion ou d'une confirmation de foyer a été publiée au bulletin officiel du Ministère de l’agriculture et de l’alimentation. Les destinataires d’exécution de ce plan d’action (DRAAF, DAAF, DDT(M) et DD(CS)PP) devront mettre en œuvre toutes les mesures et actions prévues dès qu’une incursion ou un foyer est découvert. Ces mesures et actions sont détaillées pour chacune des étapes prévues dans le plan d’action, depuis la confirmation du foyer de B. dorsalis aux contrôles et aux sanctions, en passant par les étapes de traitements sanitaires ou de sensibilisation et d’information du public. Source : Lien


ToBRFV


Grèce - Allemagne - Pologne / Tomates / Eradication - Notifications de nouveaux cas


Grèce, nouvelle détection
Comme évoqué dans le bulletin bi-mensuel de juin 2020, le Tomato Brown Rugose Fruit Virus (ToBRFV) avait été détecté en Grèce en août 2019 dans la municipalité de Paleochora. Il a ensuite été signalé en Crète pour la dernière fois en mai 2020 sur des plants de tomates et de poivrons. Le 18 septembre, le Département d'économie agricole et de médecine vétérinaire de Laconie, région du sud du pays, a informé de la présence du virus sur des cultures de tomates ouvertes et couvertes. Le communiqué précise l’ensemble des préfectures où le virus a été détecté précédemment dans le pays : Messénie, Lassithi, Héraklion, Béotie, Drama, Evia, Corinthe, Attique et Argolide. Source : Lien


Allemagne, en cours d’éradication
Le virus ToBRFV a été détecté dans la région de Brandebourg en Allemagne, sur des tomates cultivées en agriculture biologique dans un tunnel en aluminium. Les feuilles ne présentaient pas de symptômes typiques mais les fruits présentaient une coloration inégale, avec une coloration rouge striée et des symptômes de type rugueux. Des études de traçabilité ont montré que la variété provenait de semences originaires d’un autre État membre de l’UE. Le virus avait déjà été nouvellement détecté dans le pays dans la région de Nordrhein-Westfalen en juillet 2018 dans sept serres de tomates, puis éradiqué en juillet 2019. Source : Lien1 et Lien2


Pologne, éradiqué
Comme décrit dans le bulletin bi-mensuel de juin 2020, le ToBRFV a été détecté pour la première fois en Pologne dans une serre de tomates de la municipalité de Barczewo en mars 2020. Les investigations officielles ont montré que la contamination avait été réalisée à partir de semences de la variété Maxifort originaires du Pérou. Suite aux mesures de destruction des plants, de désinfection et de surveillance, le statut éradiqué a été décrété dans le pays. Source : Lien


Figure 2 : Cartes illustrant les dernières informations concernant les zones de détection et d’éradication du ToBRFV en Grèce (a), en Allemagne et en Pologne (b).
a)

b)


Xylella fastidiosa


Italie / Oliviers / Notifications de nouveaux cas
En application de la réglementation européenne en matière de surveillance dans le cadre de la stratégie d’enrayement de Xylella fastidiosa, la région des Pouilles a fait l’objet d’inspections dans les zones délimitées. Les zones délimitées concernées par cette obligation de surveillance consistent désormais (voir articles 4.b) et 15 du réglement d'exécution (UE) 2020/1201) en une une bande de 5 km dans la zone infectée, à partir de la frontière de la zone tampon vers la zone infectée (la zone orange sur la Figure 3 représente la bande de 20 km qui était exigée par l'ancienne décision (UE) 2015/789), et en une zone tampon qui comprend au minimum à 5 km à partir de la zone infectée vers la zone exempte de la maladie (la zone jaune sur la Figure 3 représente la zone tampon de 10 km qui était exigée par l'ancienne décision (UE) 2015/789). Semaine après semaine, le nombre de nouveaux foyers dans les Pouilles ne cesse d’augmenter. Depuis le 1er septembre 2020, 119 échantillons d’oliviers prélevés sur oliviers dans les communes de Locorotondo, Ostuni, Cisternino, Fasano et Monopoli ont été détectés positifs à Xylella fastidiosa (chiffres valables au 7 octobre 2020). La dispersion de la bactérie atteint ainsi la zone tampon qui avait été délimitée, avec l’infection de la commune de Monopoli. Ces 119 échantillons se rajoutent aux précédentes détections positives de X. fastidiosa dans la région des Pouilles. Source : Lien1, Lien2 et Lien3


Figure 3 : Carte des communes impactées par Xylella fastidiosa durant le mois de septembre 2020.


Italie / Oliviers / Médias et Revue scientifique - Evaluation de l'état sanitaire
Les oliviers de la région du Salento (région des Pouilles) touchés par la bactérie Xylella fastidiosa subsp. pauca, sont fortement impactés par le "syndrome de déclin rapide de l'olivier" (OQDS*) encore appelé le "complexe de dessèchement rapide de l'olivier" (CoDiRO**). La maladie se traduit par un dessèchement de la partie apicale des feuilles dans les branches des rameaux secondaires, puis s'étend aux rameaux principaux et entraîne rapidement le flétrissement de l'olivier entier, en raison de la diminution de la surface photosynthétique. Cette maladie initialement décrite comme étant un complexe de symptômes causé uniquement par X. f. subsp. pauca résulterait en fait de l’association de la bactérie à d’autres facteurs aussi bien biotiques qu'abiotiques. En effet, si des champignons pathogènes tels que Phaeoacremonium parasiticum, P. rubrigenun, P. aleophilum, P. alvesi, ou Neofusicoccum sp. ont déjà été trouvés associés à la maladie, il est probable que d’autres micro-organismes sont susceptibles d’interagir en synergie avec X. f. subsp. pauca de manière défavorable. Par ailleurs, il existerait d’autres types de facteurs de prédisposition au syndrome de déclin rapide de l'olivier comme la sensibilité des cultivars locaux (Ogliarola salentina et Cellina di Nardò), la dégradation de la qualité nutritive et édaphique des sols, notamment dues aux évolutions du climat (gel, sécheresse ou précipitations excessives) et la mise en œuvre de pratiques agricoles inappropriées (taille incorrecte des arbres, manque de soins en matière de fertilisation, absence de stratégie de lutte). Alors que la présence de l'olivier dans la région du Salento remonte à l'âge du bronze, l’agro-écosystème oléicole dans la région est devenu très fragilisé et très problématique. Source : Lien
*OQDS pour Olive Quick Decline Syndrome.
**CoDiRO pour Complesso del Disseccamento Rapido dell'Olivo