Le bulletin d’Épidémiosurveillance en Santé Végétale est une revue des actualités concernant la santé du végétal en Europe et à l’International. Il contribue à faciliter l’accès aux informations concernant la santé des végétaux et leur diffusion. Le bulletin est validé au préalable par une cellule éditoriale composée d'experts scientifiques et de collaborateurs partenaires ayant un rôle de conseillers.



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Sommaire

Sujet phytosanitaire Zone géographique Cultures Nature de l'information
ToBRFV Monde Tomates Revue scientifique - Mesures de lutte
Xylella fastidiosa Espagne Multi-espèces Notifiations de nouveaux cas ; Evaluation de l'état sanitaire


Références des articles traités dans ce bulletin selon les organismes nuisibles et l'échelle spatiale


monde MONDE

ToBRFV
lien

pays PAYS



ToBRFV


Monde / Tomates / Revue scientifique - Mesures de lutte
Le virus du fruit rugueux brun de la tomate (ToBRFV) est un organisme nuisible faisant l’objet de mesures d’urgence de l’Union Européenne, qui peut infecter la tomate, le poivron et le piment. De nouvelles mesures visant à prévenir et à limiter la propagation du ToBRFV ont été mises en place avec l’entrée en application du règlement d’exécution 2020/1191. Ce règlement prévoit notamment des mesures en termes de traçabilité, d’autocontrôles, d’inspections, ou encore la mise en place d’un passeport phytosanitaire pour les semences des espèces Solanum lycopersicum L. (tomates) et de Capsicum spp. (piments/poivrons). Le rapport d’expertise rendu par l’Anses en 2020 sur l’évaluation de risque vis-à-vis du ToBRFV évoquait la possibilité de désinfecter les semences avec des traitements appliqués pour d’autres virus présents dans les tissus externes. Cependant pour sélectionner le traitement approprié, il est important de confirmer que le ToBRFV est présent uniquement en surface des semences.
L’étude de Davino et al. (2020) visait à évaluer trois aspects liés à la transmission du ToBRFV : la localisation du virus dans les semences, les taux de transmission du virus au niveau des différentes parties de la plante et l’efficacité de plusieurs traitements de désinfection. Dans cette étude, des particules virales du ToBRFV ont été retrouvées au niveau du tégument (enveloppe protectrice) des semences, et dans certains cas dans l’endosperme (tissu de réserve) mais jamais dans l’embryon de la graine. Les tobamovirus, dont fait partie le ToBRFV, peuvent se transmettre par contact entre des cotylédons (i.e. organes de l'embryon qui constituent les premières feuilles) émergents et des téguments infectés. Ces travaux ont mis en évidence une transmission de virus issu des semences infectées vers les plantules à partir de micro-lésions lors de la germination, avec un taux de transmission qui varie selon l’organe de la plante (entre 1,8 et 2,8% pour la troisième feuille et les cotylédons, respectivement). Les sept traitements de désinfection qui ont fait l’objet d’un protocole de test complet incluaient quatre méthodes thermiques et trois méthodes chimiques. Les résultats des analyses par RT-qPCR réalisées sur semences germées se sont révélés positifs pour six des sept traitements. Cependant une inoculation de plantes saines avec le broyat de plantules détectées positives a permis de confirmer que bien que détectable, le virus était non infectieux. Un des traitements chimiques (immersion des graines dans une solution d'hypochlorite de sodium à 2,5% pendant 15 minutes) a été mis en avant par les auteurs car il présentait une désinfection complète (virus ni détectable, ni infectieux) sans diminuer le taux de germination (100%). Cette étude soulève la problématique de la détection de particules virales non infectieuses dans le cadre de la surveillance officielle notamment via le protocole normalisé ISHI-Veg ToBRFV RT-qPCR que les auteurs remettent en question. De plus, malgré le faible taux de transmission du virus à partir de graines infectées vers des plantules, les auteurs rappellent qu’à partir de quelques plants infectés, l’ensemble des plantes peut être contaminées en quelques mois avec les différents modes de transmission, en particulier de plante à plante. Afin de lutter contre la propagation du ToBRFV, les auteurs proposent de standardiser une méthode efficace de désinfection des semences et de développer des méthodes moléculaires supplémentaires pour le diagnostic à grande échelle. Source : Lien

Xylella fastidiosa



Espagne / Multi-espèces / Notifications de nouveaux cas - Évaluation de l'état sanitaire
Depuis l’apparition en 2017 de Xylella fastidiosa dans la Communauté Valencienne, en Espagne, une surveillance régulière a été mise en place. Dans ce cadre, la dernière campagne d’échantillonnage conduite jusqu’au 2 octobre a permis de prélever 29460 échantillons. Le 16 novembre, le ministère de l'agriculture a communiqué des résultats de cette campagne de surveillance qui fait état de 428 nouvelles détections dans 17 villes de la Province d’Alicante (Alcalalí, Benigembla, Benissa, Bolulla, Calp, Dénia, Gata de Gorgos, Llíber, Murla, Parcent, Pedreguer, Poble Nou de Benitatxell, Senija, Tàrbena, Teulada, Xàbia et Xaló), principalement sur Prunus dulcis (amandier) et, dans une moindre mesure, sur huit autres espèces hôtes (Cistus albidus, Laurus nobilis, Lavandula angustifolia, Lavandula dentata, Prunus armeniaca, Rhamnus alaternus, Rosmarinus officinalis et Polygala myrtifolia).
Comme le prévoit la mise à jour du Journal Officiel du gouvernement régional Valencienne (DOGV) suite au nouveau règlement (UE) 2020/1201 du 14 août 2020, des mesures phytosanitaires urgentes d'éradication et de contrôle sont actuellement adoptées pour empêcher la propagation de X. fastidiosa. Les plantes doivent être détruites in situ, dans un délai maximal de 15 jours, et leur système racinaire doit être éliminé ou dévitalisé au moyen d'un traitement phytosanitaire approprié pour empêcher l'apparition de nouvelles pousses. En application de l'article 18.a de la loi phytosanitaire 43/2002 sur la santé des végétaux, la plantation d’espèces ornementales Polygala spp., particulièrement sensibles à X. fastidiosa, est interdite. Que ces espèces ornementales se trouvent en pots ou conteneurs, leur élimination est recommandée dans les jardins publics et privés, ainsi que dans d’autres zones paysagères de la région, sauf exception émanant de la direction générale de la santé des végétaux compétente.
Jusqu'à présent, dans la Province d’Alicante, seule la sous-espèce multiplex de X. fastidiosa a été identifiée (la première détection était en juin 2017 sur des amandiers). Elle a infecté un total de 17 espèces de plantes différentes. La zone infectée occupe aujourd’hui une superficie de 2055 hectares, dont 197 hectares où sont répartis les 428 cas positifs mentionnés dans cette dernière mise à jour. Cependant, comme les résultats publiés le 16 novembre ne couvrent pas 100% des échantillons prélevés, l’ASAJA (Association Agricole des Jeunes Agriculteurs) d’Alicante invite les décisionnaires au ministère de l’agriculture à modérer leur propos avant de conclure que "la situation est totalement sous contrôle". Elle recommande, au préalable, d’attendre d’avoir tous les résultats pour disposer d’un bilan précis de la situation de X. fastidiosa dans la région. Sources : Lien1 et Lien2

Figure 1 : Localisation des détections de Xylella fastidiosa ces 4 dernières années en Espagne, selon l'EOPP et phytoma.