Le bulletin d’Épidémiosurveillance en Santé Végétale est une revue des actualités concernant la santé du végétal en Europe et à l’International. Il contribue à faciliter l’accès aux informations concernant la santé des végétaux et leur diffusion. Le bulletin est validé au préalable par une cellule éditoriale composée d’experts scientifiques et de collaborateurs partenaires ayant un rôle de conseillers.
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Sujet phytosanitaire | Zone géographique | Cultures | Nature de l’information |
---|---|---|---|
Bursaphelenchus xylophilus | Espagne - Galice | Pins | Evolution de l’état sanitaire et réglementation |
Généralités | Monde | Multi-espèces | Article scientifique - Facteurs humains et sociaux dans l’introduction des EEE |
Généralités | Monde | Multi-espèces | Article scientifique - Efficacité des plateformes de sciences citoyennes |
Espagne - Galice / Pins / Évolution de l‘état sanitaire
et réglementation
Dans la communauté autonome de Galice (Espagne), Bursaphelenchus xylophilus (nématode du pin) a été découvert pour la première fois en 2010 dans la commune de Neves (province de Pontevedra), puis en 2016 dans la commune voisine de Salvaterra do Miño. La zone délimitée qui avait été établie a dû être élargie en 2018 après la détection de cinq nouveaux échantillons positifs pour la présence du nématode. Un plan national d’urgence pour B. xylophilus a été établi en 2021. En 2024, la surveillance officielle réalisée en dehors de la zone délimitée a mis en évidence de nouveaux échantillons positifs qui provenaient de quatre pins situés dans la commune de Lobios de la province de Orense, à une centaine de kilomètres de la province de la zone délimitée de Pontevedra. Ces derniers signalements de B. xylophilus ont donné lieu à l’établissement d’une nouvelle zone délimitée et à la mise en œuvre de mesures d’éradication pour limiter sa propagation, conformément aux protocoles phytosanitaires en vigueur. Cette nouvelle zone délimitée est frontalière avec une zone délimitée portugaise. La résolution correspondante de la Direction générale de l’élevage, de l’agriculture et des industries agroalimentaires espagnole datée du 21 novembre 2024 (DOG 236 do 9/12/2024) vient d’être publiée. Elle comprend la cartographie de cette seconde zone délimitée.
Source : xunta.gal
Monde / Multi-espèces / Article scientifique explorant
le rôle des facteurs humains et sociaux dans l’introduction d’espèces
exotiques envahissantes
Les espèces exotiques envahissantes ont des impacts négatifs sur les écosystèmes, les sociétés humaines, les économies, et contribuent à l’extinction d’espèces endémiques. L’augmentation continue de ces introductions démontre la nécessité de développer des stratégies de gestion efficaces ciblant la phase clé d’introduction, où les interventions de gestion sont les plus efficientes. Afin d’améliorer les stratégies de gestion, une étude a cherché à mieux comprendre l’influence des facteurs humains et sociaux dans ces introductions en s’intéressant aux domaines émergents de la culturomique de conservation1 et l’iEcology2, deux domaines qui se concentrent respectivement sur les interactions homme-nature et la dynamique écologique en utilisant des données numériques en ligne (web, médias sociaux, plateformes de science participative, etc.). Contrairement à la science participative qui repose sur des contributions citoyennes volontaires de données, ces deux domaines analysent des données générées pour d’autres usages que la surveillance et la recherche afin d’obtenir de nouvelles perspectives sur les interactions écologiques et les comportements humains (e.g. pour évaluer les motivations ou pour mettre à jour des interactions entre espèces enregistrées avec d’autres taxons). Un schéma est proposé par les auteurs pour comprendre l’introduction intentionnelle et non intentionnelle d’espèces exotiques, intégrant les facteurs humains et sociaux aux aspects écologiques classiques (traits des espèces et caractéristiques des écosystèmes). Ce schéma, compatible avec le cadre macroécologique pour les espèces exotiques envahissantes MAFIA (Macroecological Framework for Invasive Alien Species), identifie trois étapes dans l’introduction d’espèces exotiques : 1) le départ de l’aire de répartition indigène, 2) le transport vers l’aire de répartition introduite, et 3) l’arrivée dans l’aire de répartition introduite. Ce processus est influencé par trois groupes de facteurs clés : 1) les caractéristiques de l’espèce exotique, 2) les caractéristiques de l’environnement (des aires de répartition indigène et introduite), et 3) les aspects humains et sociaux, y compris les contextes sociétaux, économiques, politiques et culturels. Les interactions entre ces facteurs jouent un rôle crucial dans la réussite des introductions d’espèces (voir Figure 1 de l’article). Les approches de la culturomique de conservation et de l’iEcologie fournissent des outils pour analyser ces facteurs en extrayant des informations de sources de données numériques.
La croissance des domaines de l’iEcologie et de la culturomique de conservation est confrontée à des défis tels que les fermetures de plateformes de science participative, les biais de données, la couverture régionale limitée et les préoccupations éthiques concernant la vie privée et le contenu faux ou généré par l’intelligence artificielle (IA). Cependant, la compréhension des introductions d’espèces exotiques peut progresser en intégrant les dimensions humaines et sociales pour une évaluation et une gestion efficaces des risques. La culturomique de conservation et l’iEcologie sont particulièrement utiles pour étudier cette étape, où les efforts de gestion tels que la prévention et la réponse rapide ont le plus d’impacts, où les facteurs humains et la gestion en temps opportun sont essentiels. Les recherches futures devraient affiner ces approches en utilisant l’IA, en validant les prédictions avec des données de terrain et en incorporant des analyses spatio-temporelles.
Sources : Novoa et al. 2024 et MAFIA
Monde / Multi-espèces / Article scientifique évaluant
l’efficacité des plateformes de science citoyenne pour la détection
précoce des espèces exotiques envahissantes
Une autre étude s’est intéressée aux invasions biologiques en cherchant à évaluer l’efficacité des plateformes de science participative pour la détection précoce des espèces exotiques envahissantes (EEE) en vue de limiter leur propagation (via une gestion rapide). La science participative, qui implique des non-professionnels dans les efforts scientifiques, est devenue un outil très utile pour détecter les introductions d’EEE et suivre leur propagation/dispersion. Grâce à des avancées telles que le développement d’applications mobiles et d’outils d’identification automatisés, les ‘citoyens scientifiques’ réalisent une surveillance étendue et à moindre coût, en particulier dans les zones éloignées ou privées auxquelles les professionnels ont rarement accès. La science citoyenne favorise l’engagement, la sensibilisation et l’éducation du public tout en complétant la surveillance professionnelle et officielle. L’étude a évalué l’efficacité des plateformes de science citoyenne pour la détection précoce des EEE en analysant le « retard de l’observateur », c’est-à-dire le temps qui s’écoule entre les premiers enregistrements officiels et les premières observations rapportées par les citoyens. Pour se faire, les auteurs ont analysé 687 premiers signalements d’espèces (30 pays européens) pour lesquels il y avait à la fois un signalement officiel et un signalement dans une plateforme de science citoyenne. Les résultats montrent que dans la plupart des cas, le décalage est minime, ce qui montre le fort potentiel de la science citoyenne en tant qu’outil d’alerte précoce des EEE. Pour 50 % des décalages temporels, les plateformes de science citoyenne avaient fait des signalements plus tôt ou la même année que les plateformes officielles. Les décalages observés variaient considérablement d’un pays à l’autre et étaient influencés par d’autres facteurs comme les caractéristiques des espèces (e.g. enregistrements plus précoces sur les plateformes de science citoyenne pour les vertébrés que pour les plantes ou les invertébrés), l’intérêt du public (e.g. popularité de l’EEE) et la présence sur les listes réglementaires (enregistrement officiel plus précoce lorsque les EEE sont inscrites dans la liste prioritaire de l’Union européenne).
Cette étude soulève quelques biais (détaillés dans l’article) qui peuvent résulter de lacunes méthodologiques au niveau des sources de données officielles et des plateformes de science citoyenne. Toutefois, l’étude montre l’immense potentiel des sciences participatives, non seulement pour les premiers enregistrements, mais aussi pour le suivi de la propagation locale des EEE au sein des pays. Elle met aussi en évidence des synergies potentielles entre les deux types de sources d’information (officielle et science citoyenne). Ainsi, les auteurs recommandent : 1) l’établissement de liens solides entre les plateformes de science citoyenne et les institutions (officielles et recherche) via des mécanismes de validation des données, le financement de personnel spécialisé et des accords de partage des données ; 2) de mieux reconnaître et valoriser la contribution de la science citoyenne (e.g. partage des données sur des plateformes mondiales) et adhérer aux principes FAIR3 de la science ouverte ; et 3) promouvoir le signalement des EEE sur les plateformes de science citoyenne en fournissant des informations ciblées aux utilisateurs, telles que l’identification des espèces prioritaires, leurs points d’entrée potentiels et leurs impacts.
En conclusion, l’étude montre que les plateformes citoyennes constituent une source précieuse pour la détection des EEE et recommandent d’intégrer davantage ces plateformes aux programmes de surveillance pour améliorer la réponse face aux introductions d’espèces envahissantes. Par ailleurs, ces données de science citoyenne peuvent également être utilisées dans un but différent, comme dans les études novatrices de culturomique de conservation et d’iEcologie (voir l’article ci-dessus) dans le but d’améliorer la compréhension de l’influence des facteurs humains et sociaux dans les introductions d’EEE.
Source : González-Moreno et al. 2024
L’application de la culturomique – l’étude de la culture humaine par l’analyse quantitative de données numériques – à la conservation tire parti de l’accès de plus en plus répandu à Internet et à d’autres infrastructures numériques pour étudier les interactions culturelles avec la nature et ses composantes (par exemple les espèces, les sites, les écosystèmes) (source : Conservation Culturomics).↩︎
iEcology est « l’étude des modèles et des processus écologiques à l’aide de données en ligne générées à d’autres fins et stockées numériquement » (source : iEcology : que peut nous apprendre le monde en ligne sur le monde naturel ?).↩︎
Findable, Accessible, Interoperable, Reusable↩︎