Le bulletin d’Épidémiosurveillance en Santé Végétale est une revue des actualités concernant la santé du végétal en Europe et à l’International. Il contribue à faciliter l’accès aux informations concernant la santé des végétaux et leur diffusion. Le bulletin est validé au préalable par une cellule éditoriale composée d'experts scientifiques et de collaborateurs partenaires ayant un rôle de conseillers.



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Références des articles traités dans ce bulletin selon les organismes nuisibles et l'échelle spatiale


monde MONDE

Généralités
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pays PAYS



Généralités


France / Courgettes (Curcurbita pepo) / Notifications de nouveaux cas
Le ministère de l’agriculture et de l’alimentation, à travers un communiqué de presse daté du 21 octobre, informe de l’émergence du “Tomato leaf curl New Delhi virus” (ToLCNDV) en France. Il s’agit d’un begomovirus, transmis par Bemisia tabaci (la mouche blanche ou aleurode), qui a été observé pour la première fois en Europe en 2012. La première détection européenne avait eu lieu dans des cultures de courgettes de la province de Murcia en Espagne (source OEPP). Les symptômes associés à ce virus se manifestent surtout sur les jeunes feuilles qui s’enroulent et peuvent présenter un jaunissement internervaire. Les fruits peuvent aussi être affectés au niveau de l’épiderme et plus généralement la croissance des plantes peut être fortement ralentie, voire complètement bloquée (source Ephytia). Alors que le virus s’est disséminé dans plusieurs pays européens dans des cultures de courgettes, melons, concombres et de tomates en serre, le ToLCNDV n’avait jamais été détecté en France jusqu’à récemment. Ce virus a été détecté sur le territoire français dans quatre parcelles de culture de courgettes. L’une des parcelles est située dans le département du Gard et les trois autres dans le département des Bouches-du-Rhône. En attendant les résultats de l’enquête qui permettra de comprendre l’origine de cette émergence en France, les autorités compétentes ont fait détruire les plants et ont mis en place des mesures de surveillance renforcée afin de s’assurer de la détection et faciliter l’éradication complète du virus sur notre territoire avant la prochaine saison de culture. Sources : Lien1 et Lien2

Figure 1 : Cartographie des départements touchés par l'émergence du ToLCNDV sur courgettes en France.



Italie / Kiwi / Evaluation de l'état sanitaire
Le dépérissement des lianes de kiwis, les actinidiers, se propage en Italie. Ce syndrome parfois appelé KVDS (pour « Kiwifruit Vine Decline Syndrome » en anglais) entraîne la destruction des racines nourricières, le blocage des vaisseaux, la nécrose des feuilles, le flétrissement des rameaux pouvant aller jusqu’à la mort des lianes. Il a déjà impacté 3000 ha de cultures italiennes (variétés Actinidia chinensis var. chinensis et A. chinensis var. deliciosa). Le syndrome aurait ainsi affecté 10% de la production de kiwis, entraînant des pertes économiques estimées à 750 millions d'euros. Ce phénomène n’est pas nouveau en Italie, puisqu’il a été observé pour la première fois dans la région de Vérone en 2012, puis s’est propagé sur toute la zone ouest de la province de Vérone et certaines zones limitrophes de la province de Mantoue. Il atteint aujourd’hui les régions du Latium (province de Latina), Émilie-Romagne, Frioul-Vénétie-Julienne et Piémont. Ce syndrome demeure inexpliqué à ce jour mais pourrait être lié au changement climatique et/ou à certaines pratiques agricoles. En effet, des épisodes de sécheresse et de pluviométrie excessives, la faible aération du sol, une irrigation trop importante, ou encore certaines communautés microbiennes de la rhizosphère impacteraient le bon développement des kiwis. En outre, une précédente étude a montré une population plus importante de certains champignons pathogènes retrouvés chez les kiwis symptomatiques (notamment Phytophthora spp. et Phytopythium spp.). L’Italie, deuxième producteur mondial de kiwi (FAOSTAT 2018) derrière la Chine, vient de mettre en place un groupe de travail regroupant à la fois des experts techniques et des scientifiques afin de tenter de circonscrire le phénomène et mettre en place des mesures appropriées pour ralentir le dépérissement des plants de kiwis. Les protocoles envisagés sont par exemple, la surélévation du sol d'environ 40 centimètres afin d’offrir plus d'espace de croissance aux racines ; l’optimisation des systèmes d'irrigation à l’aide de « tensiomètres » capables de mesurer les besoins réels en eau des racines ; ou la culture des kiwis en utilisant des porte-greffes résistants. Bien que très éloignée géographiquement, la Nouvelle-Zélande, troisième producteur de kiwi dans le monde (FAOSTAT 2018), suit avec attention l’évolution de la situation en Italie et a également mis en place un groupe de travail en partenariat avec Zespri et SunGold (distributeur mondial et coopérative de productions de Kiwi) afin de trouver les moyens de lutter contre le KVDS. Sources : Lien1, Lien2, Lien3 et Lien4

Figure 2 : Cartographie des régions italiennes touchées par le dépérissement du kiwi selon le Lien4.


Monde / Revue scientifique - sciences participatives
En matière de santé des végétaux (environnements agricoles, forestiers et naturels), il est très difficile de détecter de manière précoce l’émergence de nouvelles épidémies. Bien souvent, elles ne sont détectées qu’après avoir atteint une prévalence relativement élevée. La précocité de détection peut cependant être améliorée grâce à ce que l’on nomme la surveillance événementielle (ou “passive surveillance” chez les anglo-saxons) qui repose sur la collecte d’observations ou de contributions fortuites réalisées, hors enquêtes réglementaires, par des utilisateurs des terres (exploitants agricoles, propriétaires fonciers, agents professionnels ...) et des membres volontaires du public ou de programmes de science citoyenne. Ce type de surveillance permet de détecter de manière précoce de nouvelles émergences d’organismes nuisibles ou problèmes sanitaires. Malheureusement, les données générées à travers la surveillance événementielle sont majoritairement non structurées et désordonnées, ce qui les rend difficilement exploitables et/ou ininterprétables. La surveillance événementielle peut néanmoins renforcer la surveillance programmée (également nommée “active surveillance” chez les anglo-saxons) conduite par des personnels d’organisations nationales de protection des végétaux, qui sont formés pour identifier et échantillonner les organismes nuisibles et les maladies de quarantaine. Cette surveillance officielle permet en effet de recueillir des observations structurées susceptibles de fournir une base statistique et faciliter l'interprétation des données qui en résultent. En vue du montage de programmes de surveillance événementielle futurs, il serait donc utile de développer des méthodes standardisées pour le recueil des observations et l’analyse des données. Les auteurs de l’article ont analysé deux des programmes de surveillance événementielle menés en Grande-Bretagne : TreeAlert qui cible les ravageurs et les maladies des arbres en général et Observatree qui cible 22 ravageurs et maladies prioritaires des arbres. Sur cette base, ils ont formulé diverses recommandations, comme par exemple : privilégier le choix d’un programme général plutôt qu’un projet ciblant quelques ravageurs ou maladies ; faire en sorte que les programmes de surveillance événementielle aient des objectifs clairs ; maintenir l'engagement des observateurs au fil du temps en communiquant régulièrement les résultats collectifs obtenus ; mettre en place un processus de validation pour l’ensemble des données de surveillance ; évaluer les biais spatiaux des données ; veiller à rendre les ensembles de données comparables entre eux et développer la mise en place de réseaux pour favoriser les liens entre les programmes. Compte-tenu de l’importance de la surveillance événementielle pour la santé des plantes (mais aussi pour la santé animale et environnementale), il est nécessaire que la recherche contribue à normaliser les méthodes et à améliorer l’analyse des données. Parallèlement, il est aussi nécessaire de développer et de maintenir un réseau de volontaires pour la santé des plantes à travers un investissement important dans la formation, la rétroaction et l'engagement pour maintenir la motivation des participants. Source : Lien


ToBRFV


République Tchèque / Poivrons-Piments / Notifications de nouveaux cas
L'organisation nationale pour la protection des végétaux de la République tchèque vient de communiquer sur l’émergence du ToBRFV et l’éradication en cours sur son territoire. La première détection de ce Tobamovirus dans le pays a été confirmée par deux méthodes moléculaires (qPCR) différentes. Elle est datée du mois d’août 2020 et elle a eu lieu dans une serre de culture de semences de l’espèce Capsicum annuum correspondant à plusieurs variétés de poivrons et de piments. Sur les trois échantillons prélevés, deux se sont avérés positifs. Les mesures officielles en cours visent à éviter la propagation de l’infection hors de la serre incriminée et à délimiter avec précision la zone infectée en contrôlant les serres et les champs ouverts adjacents afin de pouvoir y appliquer les mesures de lutte et d’éradication qui s’imposent. En Pologne, le ToBRFV a pu être éradiqué six mois après son introduction dans le pays en 2020. En Allemagne, le virus avait été introduit une première fois en 2018, éradiqué en 2019 puis réintroduit dans une autre région en 2020, à ce jour il n'est toujours pas éradiqué dans le pays (voir OEPP, bulletin bi-mensuel N°13). Sources : Lien1 et Lien2

Figure 3 : Carte de la distribution du ToBRFV en Europe selon l'OEPP au 6 novembre 2020.