Le bulletin d’Épidémiosurveillance en Santé Végétale est une revue des actualités concernant la santé du végétal en Europe et à l’International. Il contribue à faciliter l’accès aux informations concernant la santé des végétaux et leur diffusion. Le bulletin est validé au préalable par une cellule éditoriale composée d’experts scientifiques et de collaborateurs partenaires ayant un rôle de conseillers.
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Sommaire
Sujet phytosanitaire | Zone géographique | Cultures | Nature de l’information |
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Généralités | Etats-Unis | Forêt-bois | Revue scientifique - Mesures de lutte |
Xylella fastidiosa | Italie | Oliviers | Revue scientifique - Méthodes d’analyse et de détection |
Références des articles traités dans ce bulletin selon les organismes nuisibles et l’échelle spatiale
PAYS
Amérique du Nord / Forêt-bois / Revue Scientifique - Mesures de lutte
Un état de l’art basé sur la littérature vient d’être réalisé sur la problématique de la dispersion des ravageurs forestiers sur le continent nord-américain via le déplacement du bois de chauffage par le grand public. Le transport de bois à des fins récréatives (i.e. feux de camp, cuisson extérieure) ou de chauffage constitue le troisième mode de dispersion des ravageurs le plus important après le transport de plantes entières et de matériaux en bois. La revue porte sur l’analyse de 24 articles validés par des pairs et publiés entre 2006 et 2020. Les thèmes des articles sélectionnés portaient sur l’incidence d’insectes dans le bois de chauffage, leur dispersion via les mouvements de bois à des fins récréatives et de chauffage, l’analyse du comportement des humains vis-à-vis de ces mouvements, et l’évaluation de l’efficacité des traitements du bois.
L’introduction de ravageurs forestiers non indigènes et envahissants peut avoir des effets écologiques dévastateurs sur les forêts, notamment en modifiant la structure (les différentes strates de végétation) et les ressources forestières (habitat de la faune et bois) ou à travers la perte importante de biomasse vivante. Les pertes économiques peuvent être considérables, en Amérique du nord elles seraient estimées entre 4,2 milliards et 14,4 milliards de dollars par an. Les quatre ravageurs exotiques principalement présents sur le continent nord-américain et qui peuvent se propager par le bois de chauffage sont le bombyx disparate (Lymantria dispar dispar), l’agrile du frêne (Agrilus planipennis), le xylébore (Xyleborus glabratus) et le longicorne asiatique (Anoplophora glabripennis). Aux États-Unis, la réglementation en matière de déplacement du bois de chauffage varie d’une autorité et d’une juridiction à l’autre (règles gouvernementales, étatiques, tribales ou locales) pouvant faire apparaître des incohérences entre certaines règles mises en place. Pour illustration, les bulletins BBM N°19 (2020) et BHV-SV 2021/01 mentionnent respectivement la suppression par l’USDA APHIS de la réglementation de quarantaine pour l’agrile du frêne, et le maintien de cette réglementation par deux États, notamment pour le transport du bois de chauffage. En plus des incohérences réglementaires entre les zones géographiques et les autorités, la revue pointe une surveillance peu efficace, un manque d’application des règles et des non-conformités intentionnelles et non intentionnelles. Les auteurs mentionnent la nécessité de comprendre les perceptions et les comportements humains liés à l’utilisation du bois de chauffage afin d’élaborer des stratégies de prévention plus adaptées et efficaces. Les auteurs font plusieurs recommandations : a) conduire davantage d’études de recherche sur la problématique (e.g. évaluation des politiques de gestion, évaluation du comportement et du respect des règles, sensibilisation du public, étude des espèces envahissantes les moins traitées actuellement); b) favoriser la collaboration et la cogestion avec le public pour favoriser la responsabilité vis-à-vis des ressources (forêts) et modifier les comportements en matière d’utilisation du bois de chauffage; c) réduire la dispersion des insectes forestiers en mettant en place des réglementations cohérentes, une surveillance efficace du mouvement du bois de chauffage, des programmes de sensibilisation du grand public et en utilisant les traitements du bois de chauffage appropriés; et d) accroître les ventes locales de bois de chauffage, qui, brûlé localement, ne constitue pas une menace de propagation des ravageurs. Source: Lien
Italie / Oliviers / Revue scientifique - Méthodes d’analyse et de détection
Kottelenberg et al. (2021) proposent une étude sur la forme du front d’invasion et la propagation du syndrome du déclin rapide des oliviers (Olive Quick Decline Syndrome ou OQDS) causé par Xylella fastidiosa dans les Pouilles, région largement touchée par la bactérie. Pour réaliser l’estimation du taux de propagation, une centaine de milliers de résultats issus de la surveillance entre 2013 et 2018 dans les Pouilles ont été analysés et différentes combinaisons de modèles déterministes et stochastiques ont été ajustés aux données. Parmi les modèles testés, la fonction logistique a été sélectionnée pour l’estimation, car il s’agissait du modèle le plus ajusté aux données. La vitesse de propagation a été estimée à 10.0 km/an (avec un intervalle de confiance de 95%: 7.5–12.5km/an). Les auteurs ont analysé les données réelles provenant de différents points d’origine, et ont aussi simulé d’autres données en utilisant différents points d’origine, puis ont analysé ces données en supposant que l’épidémie partait de la commune de Gallipoli (Italie), le point d’introduction présumé de la bactérie. L’étude suggère que Gallipoli serait bien le point d’origine de l’épidémie et que X. fastidiosa ne serait pas arrivé dans les Pouilles en 2013, année de sa première détection, mais cinq ans auparavant.
Les auteurs citent également les travaux de Abboud et al. (2019) qui avaient permis d’estimer une vitesse de propagation de 155 m/mois ou 1.9 km/an environ en se basant sur des données issues de surveillance de X. fastidiosa en Corse (France) et via l’utilisation d’un modèle mathématique réaction–diffusion–absorption. Au travers de la différence des résultats obtenus entre les deux études, les auteurs discutent de la difficulté à extrapoler la vitesse de propagation d’un type d’environnement à un autre. D’autre part, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a réalisé une élicitation de dires d’experts selon laquelle 90% des arbres nouvellement infectés en un an se trouvent à moins de 5,2 km d’une zone précédemment infectée (avec un intervalle de confiance de 95% de 0.7-14.0km). Néanmoins, les auteurs (Kottelenberg et al., 2021) expliquent que leur étude et celle de l’EFSA ne présentent pas la même chose, l’EFSA estimant la distance sur laquelle X. fastidiosa se propage en un an. Enfin, ces mêmes auteurs soulignent le fait que pour augmenter la qualité des estimations, les échantillons doivent être identifiés comme “aléatoires” ou “non-aléatoires” (c’est-à-dire issus uniquement d’arbres présentant des symptômes). Sources: Lien1, Lien2
Figure 1: Carte des zones délimitées en octobre 2020 dans la région des Pouilles, sud de l’Italie. La zone infectée est entourée en rouge, la zone de confinement est représentée en jaune et la zone tampon en bleu. Le point vert est la ville de Gallipoli, origine présumée du foyer de X. fastidiosa dans les Pouilles. Les points rouges sont les villes de Maglie, Otranto et Santa Maria di Leuca. Ces emplacements sont utilisés comme origines alternatives de l’épidémie dans les analyses relatives au point d’origine dans la publication de Kottelenberg et al. (2021). Selon Emergenza Xylella