Le bulletin d’Épidémiosurveillance en Santé Végétale est une revue des actualités concernant la santé du végétal en Europe et à l’International. Il contribue à faciliter l’accès aux informations concernant la santé des végétaux et leur diffusion. Le bulletin est validé au préalable par une cellule éditoriale composée d'experts scientifiques et de collaborateurs partenaires ayant un rôle de conseillers.



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Sommaire

Sujet phytosanitaire Zone géographique Cultures Nature de l'information
Agrilus planipennis Etats-Unis Frênes Mesures de lutte ; Réglementation
Xylella fastidiosa Italie Multi-espèces Notification de nouveaux cas ; Evaluation de l'état sanitaire


Références des articles traités dans ce bulletin selon les organismes nuisibles et l'échelle spatiale


pays PAYS


Agrilus planipennis


Etats-Unis / Frênes / Mesures de lutte, Réglementation
Les États-Unis d’Amérique, via le service d’inspection sanitaire des animaux et des plantes (APHIS), viennent de supprimer la réglementation nationale de quarantaine pour l’insecte nuisible Agrilus planipennis, communément appelé l’agrile du frêne (ou emerald ash borer en anglais). Cette décision repose sur le fait que les mesures de lutte mises en place à travers une quarantaine nationale n’ont pas permis de limiter la propagation du parasite, malgré l’augmentation continue et exponentielle de la surface de la zone de quarantaine au fil des années. Depuis son introduction dans l’État du Michigan en 2002, Agrilus planipennis s’est propagé à travers toute la moitié Est du pays en causant des dégâts considérables sur l’ensemble des espèces de frênes. La dissémination a été favorisée par les très bonnes capacités de vol de l’insecte.

La nouvelle réglementation APHIS-2017-0056-0151, qui entrera en vigueur le 14 janvier 2021, prévoit de réorienter les financements dédiés aux mesures réglementaires de quarantaine vers la mise en œuvre de mesures de lutte non réglementaires, telles que le recours à des élevages et des lâchers d’organismes de biocontrôle (insectes parasitoïdes de différents stades de développement d’Agrilus planipennis) pour lesquelles des premiers résultats semblent prometteurs (plus de détails ici). En effet, quatre parasitoïdes (Spathius agrilli, Spathius galinae, Tetrastichus planipennisi et Oobius agrilli) qui diffèrent entre eux en termes de biologie et de portée écologique, sont actuellement utilisés et leur efficacité continue d’être évaluée sur le terrain.

Cette levée du statut de quarantaine aux États-Unis met fin aux activités réglementaires nationales de l'APHIS qui comprenaient notamment la délivrance de certificats et d'accords de conformité sanitaire, ainsi que la conduite de visites de sites et d'enquêtes sur les infractions présumées. Cependant, l'APHIS prévoit de travailler conjointement avec le National Plant Board (ou l'"office national des plantes" en français, une organisation à but non lucratif qui rassemble notamment les agences de réglementation des ravageurs des plantes de chacun des états des États-Unis) afin de prévenir la propagation du parasite à travers le commerce de bois de chauffage, un des principaux moyens de propagation de l’agrile du frêne à travers le pays.

Sur le continent européen, Agrilus planipennis qui est classé organisme de quarantaine prioritaire par l’Union Européenne, est présent en Russie depuis 2003 et est en cours d’éradication en Ukraine après avoir été introduit dans la région de Lugansk en 2019. Le changement de réglementation américaine amènera peut-être l’Union Européenne à renforcer les contrôles phytosanitaires à ses frontières sachant que le règlement d’exécution (UE) 2020/1164 du 6 août 2020 prévoit actuellement une dérogation valable jusqu’en 2023 à certaines dispositions du règlement d’exécution (UE) 2019/2072 concernant les mesures (voir options a) et c) du point 87 du règlement (UE) 2019/2072) destinées à prévenir l’introduction et la propagation dans l’Union d'Agrilus planipennis à partir du Canada et des États-Unis. Cette réglementation porte notamment sur l’introduction sur le territoire de l’Union de bois de Fraxinus L. («bois spécifié» de frêne), originaire du Canada et des États-Unis. Source : Lien

Figure 1 : Carte de la distribution d'Agrilus planipennis aux Etats-Unis d'Amérique selon EOPP au 5 janvier 2021.



Xylella fastidiosa


Italie / Multi-espèces / Notifications de nouveaux cas, Évaluation de l'état sanitaire
Xylella fastidiosa continue sa propagation dans le sud de l’Italie. Suite aux nouvelles zones infectées par la bactérie dans les provinces de Bari, Brindisi et Tarente (voir bulletins BBM N°16 et BHV-SV49), d’autres foyers ont été détectés en décembre dans les communes de Monopoli (3 oliviers contaminés) et de Polignano A Mare (2 oliviers contaminés), qui étaient précédemment situées en zone exempte.

Par ailleurs, un nouveau foyer a été détecté à 50 km au nord de Bari, à Canosa di Puglia sur des arbustes ornementaux (Dodonaea viscosa ‘purpurea’) dans une pépinière d’une zone indemne. Cette détection fait suite au prélèvement le 14/10/2020 de 8 échantillons de plantes (poolés pour l’analyse) sur deux sites distants d'environ 500 mètres sur le centre de production. La souche bactérienne identifiée est pauca ST53, de la sous-espèce X. fastidiosa subsp. pauca pour laquelle la dodonée visqueuse pourpre (Dodonaea viscosa ‘purpurea’) est sensible (EOPP). La délimitation des zones tampons autour de ces derniers foyers ainsi que les consignes à suivre concernant les mesures d’éradication ont rapidement été mises en place. En effet, il a été ordonné de détruire les espèces végétales touchées par X. fastidiosa subsp. pauca spécifiées dans l'annexe II du règlement d’exécution (UE) 2020/1201, situé dans un rayon de 50 m autour du périmètre des lots de Dodonea viscosa contaminés. De plus, dans l’ensemble du centre de production touché par la bactérie, des traitements phytosanitaires devront être réalisés sur toutes les espèces de la liste de plantes hôtes sensibles à la bactérie. Ces opérations doivent être supervisées par un inspecteur et un agent de l'Observatoire Phytosanitaire italien. Ce nouveau foyer ne touchant pas une oliveraie mais une pépinière, sa gestion et son éradication semble plus simple à réaliser, mais dépend aussi des échanges de végétaux qui ont eu lieu et de la période entre l’arrivée réelle de la bactérie sur l’exploitation et sa détection. D’autre-part, il a été demandé à l'Observatoire de Phytopathologie de la région de mener des investigations au niveau de la chaîne de contamination et de mettre en évidence d’éventuelles responsabilités au niveau des étapes de contrôle et du transport de matériel végétal à risque d’introduction et de dissémination. Le centre de production infesté a ainsi l’obligation d’informer les pépinières et jardins auxquels ils ont fourni des plants de Dodonea viscosa ‘purpurea’ en 2020. Les objectifs sont d’éviter leur vente au grand public et leur dissémination dans l’environnement, et permettre leur destruction rapidement. Ces informations doivent également être transmises à l'Observatoire et aux Services phytosanitaires territorialement compétents si la fourniture a eu lieu en dehors de la région ou à l'extérieur du territoire italien. Le non-respect des règles énoncées sont passibles de poursuites pénales. Sources : Lien1, Lien2, Lien3 et Lien4

Figure 2 : Carte des dernières notifications de cas positifs à X. fastidiosa selon emergenzaxylella.it et selon burp.regione.puglia.it.