Le bulletin d’Épidémiosurveillance en Santé Végétale est une revue des actualités concernant la santé du végétal en Europe et à l’International. Il contribue à faciliter l’accès aux informations concernant la santé des végétaux et leur diffusion. Le bulletin est validé au préalable par une cellule éditoriale composée d'experts scientifiques et de collaborateurs partenaires ayant un rôle de conseillers.



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Sommaire

Sujet phytosanitaire Zone géographique Cultures Nature de l'information
Bursaphelenchus xylophilus Portugal Pins Revue scientifique – Projection de propagation du ravageur
Bursaphelenchus xylophilus Espagne Pins Revue scientifique – Projection de propagation du ravageur
ToBRFV Hongrie Tomates Évolution de l’état sanitaire
ToBRFV Bulgarie Tomates Évolution de l’état sanitaire
ToBRFV Belgique Tomates Évolution de l’état sanitaire
Xylella fastidiosa Monde Multi-espèces Actualisation de la liste des espèces hôte de Xylella spp.


Références des articles traités dans ce bulletin selon les organismes nuisibles et l'échelle spatiale

monde MONDE

Xylella fastidiosa
lien


pays PAYS


Xylella fastidiosa


Monde / Multi-espèces / Actualisation de la liste des espèces hôte de Xylella spp.

A la demande de la Commission européenne, l’EFSA (European Food Safety Authority) a créé et met à jour régulièrement la liste des espèces de plantes hôtes de Xylella spp. La dernière mise à jour de la base de données (BDD version 4) vient d’être publiée. Elle repose pour une grande part sur l’analyse de la littérature scientifique (73 références retenues sur les 873 collectées) et d’autre part sur des communications de la recherche, des autorités nationales ou encore sur des notifications d’Europhyt (13 références). Cette analyse a permis de mettre à jour, d’après le tableau 7 du document publié, quarante-quatre nouvelles espèces végétales hôtes depuis avril 2020 (date de la précédente version BDD), des espèces appartenant à 2 nouvelles familles et 14 nouveaux genres de plantes. A l’exception de quatre espèces végétales qui ont été artificiellement infectées, les nouvelles espèces végétales sont décrites comme ayant été naturellement infectées par diverses sous-espèces de X. fastidiosa. Ces nouvelles espèces de plantes naturellement infectées ont été trouvées sur des territoires de l’UE (France, Espagne, Italie, Portugal) ou hors de l’UE (Costa-Rica, États-Unis d’Amérique). Six d’entre-elles ont été identifiées en France : Artemisia absinthium (Corse), Callistemon citrinus (PACA), Coronilla sp. (Corse, Occitanie, PACA), Perovskia abrotanoides (Occitanie), Rhamnus sp. (Occitanie, PACA) et Rosmarinus sp. (Corse, Occitanie, PACA). Ces six espèces étaient toutes infectées par X. fastidiosa subsp. multiplex.

La base de données de l’EFSA recense également 70 espèces végétales tolérantes ou résistantes à Xylella spp. Elles concernent majoritairement trois genres économiquement importants et très étudiés : Vitis, Citrus, et Prunus.

Au total, la version 4 de la base de données de l’EFSA recense 385 espèces de plantes hôtes de Xylella spp. (179 genres et 67 familles nouveaux) et conduira à la mise à jour des annexes I ("végétaux hôtes") et II ("végétaux spécifiés") du règlement d'exécution (UE) 2020/1201. A compter de cette année, la base de données sera mise à jour deux fois par an afin de fournir des informations actualisées aux évaluateurs, aux gestionnaires du risque et aux chercheurs qui travaillent en lien avec les différentes espèces de X. fastidiosa.

Source : Lien.

ToBRFV


Hongrie, Bulgarie, Belgique / Tomates / Notifications de nouveaux cas

Dans le dernier BBM (BBM N°30), nous rapportions la présence du ToBRFV en Norvège. En Europe, le virus a également été détecté récemment au niveau de nouveaux foyers dans 3 pays : la Belgique, et pour la première fois la Hongrie et la Bulgarie sur des cultures de tomates (Solanum lycopersicum).

En Hongrie, le virus a été détecté dans deux serres de 6,2 et 5,2 ha dans les municipalités de Lébény et Forráskút en mai 2021. La source de la contamination est à l'étude, sachant qu’à Lébény les plantes venaient des Pays-Bas. Les mesures d’éradication imposées par le règlement européen ont été mises en place. Chez les producteurs, les plants sont détruits après récolte de fruits asymptomatiques et non contaminés. Il a été décidé que la dernière récolte pouvait être vendue.

En Bulgarie, le virus a été trouvé dans une serre de 500 m2 en juin à Mezdra. Les symptômes étaient visibles sur les feuilles et les fruits. Les plantes infectées ont été détruites.

En Belgique, en plus de la commune de Malines, le virus a été trouvé dans deux serres dans la province d’Anvers. Les résultats ont été confirmés en mai et en juin 2021.

Sources : Lien 1, Lien 2, Lien 3.

Figure 1 : Carte des nouveaux foyers de ToBRFV. Sources : hortidaily.com, hortidaily.com, OEPP et BBM n°30.


Bursaphelenchus xylophilus


Péninsule ibérique / Pins / Revue scientifique – Projection de propagation du ravageur

Le nématode du pin, Bursaphelenchus xylophilus, a été signalé pour la première fois en Europe en 1999, au Portugal, près de Setúbal (Sud de Lisbonne). Depuis, le nématode s’est propagé à d’autres régions portugaises ainsi que sur l’île de Madère. Une première détection du nématode en Espagne a eu lieu en 2008 dans l'Estrémadure, une région proche de la frontière portugaise. Elle a été suivie d’autres détections dans des régions limitrophes (OEPP). B. xylophilus est responsable de la maladie du flétrissement du pin, une maladie dont les impacts économiques et environnementaux peuvent être considérables sachant qu’au Portugal et en Espagne, les espèces de conifères représentent 30 % des surfaces forestières. Le coléoptère cérambycidé Monochamus galloprovincialis est le seul vecteur connu du nématode pour la péninsule ibérique. Par conséquent, la dispersion naturelle de la maladie du flétrissement du pin à d’autres régions ou pays de la péninsule dépend de sa capacité de vol.

Une étude (Begoña de la Fuente et Santiago Saura, 2021) a modélisé des schémas spatio-temporels de propagation naturelle du nématode dans la péninsule ibérique en utilisant des intervalles annuels sur la période 2018-2150, en l'absence de mesures de confinement efficaces, et selon quatre scénarios : [scénario AC] : prise en compte de toutes les espèces de pins et du climat actuel ; [scénario AF] : prise en compte de toutes les espèces de pins et du climat futur ; [scénario HC] : prise en compte des seules espèces de pins très sensibles et du climat actuel ; et [scénario HF] : prise en compte des seules espèces de pins très sensibles et du climat futur. Les résultats montrent qu’avec le scénario AF, qui est le plus rapide en termes de vitesse de propagation, le nématode sera en 2050 dans toute la Galice, qu’il aura pénétré la région des Asturies et se sera propagé à la partie centrale de l'Espagne jusqu'aux abords de Madrid. Et en 2100, à l’exception de la Catalogne, de Valence et de Murcie, toute la péninsule ibérique sera envahie par le nématode du pin. En comparaison, le scénario AC qui prend en compte le climat actuel, prévoit que le nématode du pin aura pu se propager à l'ensemble de la forêt de pins de la péninsule ibérique avec quelques années de retard par rapport au scénario AF. Si on considère uniquement les espèces de pins sensibles au nématode du pin, les résultats de modélisation montrent pour le scénario HF (climat futur) une augmentation rapide du pourcentage de la surface forestière totale infectée dans les deux premières décennies (2020-2040). Et hormis une petite parcelle de forêt de pins très sensible dans le Sistema Bético (sud de l'Espagne) qui pourrait rester exempte d'infection, le nématode devrait finir par infecter toutes les autres forêts de pins très sensibles de la péninsule ibérique. Le scénario HC quant à lui, qui prend en compte les espèces de pins très sensibles et le climat actuel, prévoit la plus faible proportion de forêts de pins de la péninsule ibérique infectée d'ici 2100 avec 12,2 % de la zone forestière qui ne serait pas atteinte par le nématode du pin. Ces 12.2 % comprennent des zones côtières et montagneuses, notamment la chaîne des Pyrénées.

Les résultats de l’étude indiquent qu'en l'absence de mesures de confinement efficaces, le nématode du pin finira par se propager naturellement à toutes les forêts de pins de la péninsule ibérique d’ici un siècle ou plus. Cela avec un rythme moyen de progression de 0,83 % de la superficie totale des forêts de pins par an (moyenne des quatre scénarios) ou un taux de 0,90 % par an si l'on ne considère que les scénarios du changement climatique. Les Pyrénées, qui constituent une porte d'entrée pour une propagation de B. xylophilus en France et ailleurs en Europe ne seraient plus exclues de l'emprise du nématode du pin avec le réchauffement climatique.

Pour endiguer la propagation du nématode du pin les auteurs recommandent de réduire les populations de vecteurs en piégeant massivement M. galloprovincialis durant la période de vol (printemps-été) et de détecter et éliminer des arbres infectés à travers une surveillance intensive des forêts de pin. Ils proposent également de mettre en place des mesures de gestion forestière (e.g. éclaircies, plantations de génotypes résistants) susceptibles de renforcer la capacité des forêts de pins à faire face au flétrissement du pin. Pour conclure, Begoña de la Fuente et Santiago Saura (2021) rappellent que leur étude ne prend pas en compte la composante anthropique, et par conséquent, que les prévisions de propagation naturelle du nématode du pin et les mesures de gestion qu’ils proposent ne seront valables ou efficaces que si des réglementations et des restrictions relatives au traitement et au transport du bois sont appliquées soigneusement afin d’éviter une dispersion à plus grande échelle du nématode du pin. D’autant que seuls quelques individus de M. galloprovincialis qui réussissent à se disperser sur de longues distances sont nécessaires pour propager la maladie dans des zones relativement éloignées.

Source : Lien.