Le bulletin d’Épidémiosurveillance en Santé Végétale est une revue des actualités concernant la santé du végétal en Europe et à l’International. Il contribue à faciliter l’accès aux informations concernant la santé des végétaux et leur diffusion. Le bulletin est validé au préalable par une cellule éditoriale composée d’experts scientifiques et de collaborateurs partenaires ayant un rôle de conseillers.



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Sommaire

Sujet phytosanitaire Zone géographique Cultures Nature de l’information
Xylella fastidiosa Espagne Multi-espèces Mise à jour de l’état sanitaire
Popillia japonica Suisse Multi-espèces Notification de nouveaux cas
Candidatus Liberibacter spp., agent causal du huanglongbing (greening des agrumes) et ses vecteurs (Diaphorina citri, Trioza erytreae) Mexique Agrumes Scientifique - Méthodes pour améliorer la surveillance et la lutte


Références des articles traités dans ce bulletin selon les organismes nuisibles et l’échelle spatiale

pays PAYS



Xylella fastidiosa


Espagne - Communauté Valencienne et Baléares / Multi-espèces / Mise à jour de l’état sanitaire

En Espagne, Xylella fastidiosa est très présente dans l’archipel des Baléares (îles de Majorque, d’Ibiza et de Minorque) et dans la Communauté Valencienne (province d’Alicante, et, dans une plus faible proportion, province de Valence). La dernière mise à jour de la situation aux Baléares par les autorités espagnoles (source officielle non publiée) fait état de six nouveaux échantillons de plantes positifs pour X. fastidiosa : quatre à Majorque (2 sur Olea europaea subsp. sylvestris, 1 sur Calicotome spinosa et 1 sur Cistus albidus) et deux à Ibiza (sur Olea europaea). Par ailleurs, dans le cadre d’un projet de recherche, quatre détections positives supplémentaires ont été rapportées à partir d’échantillons de Genista hirsuta (Ibiza) et de Santolina chamaecyparessus (Minorque). Il s’agit de deux nouvelles espèces hôtes de X. fastidiosa pour les Baléares. La surveillance conduite jusqu’à ce jour sur les trois îles a permis la détection de 1 254 échantillons positifs (710 pour Majorque, 336 pour Ibiza et 208 pour Minorque) issus de 31 espèces de plantes hôtes différentes. L’ensemble des territoires des îles Baléares est en zone infectée et représente 499 200 ha.

Les prospections de surveillance réalisées courant 2020 et jusqu’au 2 juin 2021 dans la Communauté Valencienne ont permis de mettre à jour la situation sanitaire dans la région concernant X. fastidiosa. Au 2 juin 2021, 584 détections positives avaient été reportées dans la région (voir BBM N°25), cette dernière mise à jour publiée au journal officiel de la Généralité de la Communauté Valencienne du 8 juillet 2021 fait état de 835 échantillons positifs. Il s’agit d’échantillons collectés dans 53 municipalités sur 13 espèces végétales déjà répertoriées comme plantes hôtes. L’espèce la plus infectée demeure Prunus dulcis (amandier, >90% des échantillons positifs depuis 2017), mais trois espèces végétales non répertoriées comme espèces hôtes sont également infectées dans la région : Cistus monspeliensis (1), Genista scorpius (genêt épineux, 3) et Ulex parviflorus (ajonc de Provence, 2). Cette mise à jour fait apparaître une augmentation de la surface des zones infectées de 338 ha, pour atteindre aujourd’hui 2 630 ha. L’ensemble de la zone délimitée augmente de 7 189 ha pour atteindre 135 305 ha. Elle concerne maintenant deux municipalités supplémentaires : Benifallim et La Vila Joiosa (province d’Alicante). Toutes les analyses moléculaires conduites à ce jour indiquent qu’il s’agit pour l’ensemble des échantillons analysés de la sous-espèce X. fastidiosa subsp. multiplex.

Source : Lien.

Figure 1 : Lieux des détections positives de Xylella fastidiosa dans la Province d’Alicante, en Espagne, basé sur les données de mars et juillet 2021. Sources : dogv.gva.es 2021-07-12 et dogv.gva.es 2021-03-17.


Popillia japonica


Suisse - Bâle / Multi-espèces / Notification de nouveaux cas

En Suisse, Popillia japonica (organisme de quarantaine en Suisse et dans l’UE) a été détecté pour la première fois dans le canton du Tessin en 2017 (OEPP). Depuis lors, le scarabée japonais s’est disséminé à travers le canton et des mesures d’urgence et de surveillance ont été mises en place par l’Office Fédéral de l’Agriculture (OFAG) (voir BBM N°18). Les services phytosanitaires cantonaux ont installé des pièges afin de détecter à un stade précoce toute présence de coléoptères. Grâce aux dispositifs de piégeage mis en place par « la pépinière de la ville de Bâle », le scarabée a pu être détecté mi-juillet 2021 pour la première fois dans la ville. Par mesure de précaution, les services phytosanitaires du canton ont intensifié la surveillance en installant des pièges supplémentaires autour de cette inspection.

Source : Lien1, Lien2, Lien3.

Candidatus Liberibacter spp., agent causal du huanglongbing (greening des agrumes) et ses vecteurs (Diaphorina citri, Trioza erytreae)


Mexique / Agrumes / Scientifique - Méthodes pour améliorer la surveillance et la lutte *

Diaphorina citri ou le psylle asiatique des agrumes est vecteur de la bactérie Candidatus Liberibacter spp. responsable de la maladie du huanglongbing (HLB). Le HLB touche les principaux pays producteurs mondiaux d’agrumes : la Chine, le Brésil, l’Inde, le Mexique et les États-Unis. Actuellement, la lutte vectorielle repose principalement sur l’utilisation d’insecticides à large spectre. Afin de contribuer au développement d’une approche de gestion intégrée de la maladie, une étude propose un plan d’échantillonnage séquentiel (SeqSP) qui incorpore l’utilisation de seuils, dans le but d’aider la prise de décision concernant les interventions contre D. citri. L’échantillonnage séquentiel, comparé à l’échantillonnage classique, autorise un nombre requis d’échantillons variable et réduit, le nombre étant dépendant des résultats obtenus à chaque étape de la procédure (jusqu’à deux fois moins que pour un échantillonnage classique). Trois possibilités sont testées avec le SeqSP : (1) l’hypothèse nulle n’est pas rejetée (aucune intervention n’est nécessaire), sachant qu’avec l’hypothèse nulle, la population de D. citri est uniforme (pas agrégée) ; (2) rejet de l’hypothèse nulle (une intervention est nécessaire) ; et (3) incertitude (la décision est de prendre un autre échantillon). Sur la base de 3 264 660 données issues du programme de piégeage national des D. citri dans les 24 États producteurs d’agrumes du Mexique en 2015 (via 86 335 pièges jaunes collants), Diaz-Padilla et al. (2021) ont cherché à déterminer un SeqSP intégrant la distribution spatiale de l’insecte et une mesure du niveau d’agrégation (via la relation variance/moyenne (DI), la loi de puissance de Taylor et le paramètre k de la binomiale négative). Le SeqSP a ensuite été testé sur le terrain, dans deux plantations commerciales d’agrumes mexicaines, entre octobre 2020 et mai 2021.

Les résultats montrent une agrégation dans la distribution spatiale de l’insecte vecteur (coefficients de la loi de puissance de Taylor ≥1) et un k allant de 0,0183 à 0,2253 indépendamment de la zone géographique ou des espèces d’agrumes. L’étude a permis de déterminer 18 SeqSP (un par état mexicain) et de définir un seuil de 0,2 adulte/piège à atteindre pour que des décisions d’intervenir ou de prendre des mesures soient prises. Sous ce seuil, la densité estimée était considérée trop faible pour que des activités de contrôle soient nécessaires. Les résultats ont également montré que le nombre de pièges nécessaires pour prendre une décision avec un seuil de 0,2 adulte/piège doit être compris entre 17 (état de Michoacán) et 69 pièges (état de Sonora).

L’évaluation sur le terrain du plan d’échantillonnage séquentiel pour D. citri semble indiquer que l’application d’un SeqSP permettrait de réaliser des économies en réduisant le nombre d’interventions dans la lutte antivectorielle (pulvérisations d’insecticides) et dans les efforts d’échantillonnage et d’inspection. Les auteurs concluent que l’adoption de SeqSP pour D. citri devrait apporter des avantages économiques, sociaux et environnementaux aux acteurs de la citriculture du Mexique mais aussi à d’autres pays d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud et à d’autres pays possédant d’importantes zones de production d’agrumes ou présentant un risque d’invasion de D. citri et de l’agent pathogène, comme la région méditerranéenne. Ces pays pourraient s’inscrire dans des systèmes de production durable des agrumes pour le futur.

Source : Lien.