Le bulletin d’Épidémiosurveillance en Santé Végétale est une revue des actualités concernant la santé du végétal en Europe et à l’International. Il contribue à faciliter l’accès aux informations concernant la santé des végétaux et leur diffusion. Le bulletin est validé au préalable par une cellule éditoriale composée d'experts scientifiques et de collaborateurs partenaires ayant un rôle de conseillers.



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Sommaire

Sujet phytosanitaire Zone géographique Cultures Nature de l'information
ToBRFV France Tomates Notifications de nouveaux cas
ToBRFV Suisse Tomates Notifications de nouveaux cas
ToBRFV Slovénie Tomates Notifications de nouveaux cas
ToBRFV Allemagne Tomates Notifications de nouveaux cas
Xylella fastidiosa Portugal Romarin Notifications de nouveaux cas
Bactrocera dorsalis France Multi-espèces Notifications de nouveaux cas


Références des articles traités dans ce bulletin selon les organismes nuisibles et l'échelle spatiale

pays PAYS



ToBRFV


France, Suisse, Slovénie, Allemagne / Tomates, poivrons / Notifications de nouveaux cas et évolution de l’état sanitaire

Parmi les foyers de ToBRFV détectés ces derniers mois en Europe, celui situé en Bulgarie a été déclaré éradiqué alors que les foyers en Sicile, aux Pays-Bas et en Belgique sont toujours en cours (ces foyers ont été décrits dans le BBM n°31). En parallèle, de nouveaux foyers ont été détectés en France, en Slovénie, en Allemagne et en Suisse sur des cultures de tomates (Solanum lycopersicum) au cours de l’été.

En Allemagne, deux détections de ToBRFV ont eu lieu en juillet 2021. Pour la première, le virus a été identifié suite au signalement du propriétaire d’un jardin privé dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Vingt plants de tomates en pots présentaient des symptômes. Ce propriétaire avait obtenu les graines par un groupe Facebook de jardiniers amateurs sans connaître l’origine exacte de celles-ci. Le service phytosanitaire allemand a également prélevé des échantillons de semences, qui sont toujours en cours d'analyse. La seconde infection a été détectée dans la serre d’une entreprise du Land de Rhénanie-Palatinat, qui cultive 3,5 hectares de tomates. Une enquête plus approfondie est en cours pour identifier l’origine de l’infection. Les mesures phytosanitaires en vigueur ont été appliquées dans les deux cas.

En France, le virus avait été détecté pour la première fois dans le Finistère en février 2020. Depuis lors, la surveillance n’avait pas mis en évidence la présence du virus dans le pays jusqu’à cet été. Récemment, un foyer a été identifié le 29 juillet 2021 dans l’exploitation du lycée agricole de Sainte-Livrade-sur-Lot dans le Lot-et Garonne. Pour lutter contre la propagation du virus, les plants, les fruits et les substrats de l’unité de production ont été détruits et l’unité concernée a été désinfectée. Une enquête de traçabilité sur l’origine des plants et des semences est en cours afin de mettre en évidence l’origine de la contamination et de connaître son étendue géographique. Les éventuelles exploitations identifiées comme ayant reçu des plants provenant du même lot devront être contrôlées. Enfin, des prospections sont en cours également dans l'environnement immédiat de la zone contaminée.

En Slovénie, l'Administration de la sécurité alimentaire, vétérinaire et phytosanitaire a confirmé en août 2021 la présence du virus dans le pays, à Grosuplje au sud de Ljubljana. Il s’agit de la première détection du virus dans ce pays. Le producteur doit détruire tous les plants de tomates de la serre infectée (0,1 ha). Au cours d'un contrôle au printemps, la Slovénie avait intercepté un lot de semences de poivron (Capiscum annuum) en provenance de République tchèque et originaire de Chine, contaminé par le virus. Au niveau des mesures de surveillance à l’échelle nationale, la décision relative à la définition des zones délimitées et des mesures dans la zone délimitée en vue de l’éradication du ToBRFV a été modifiée. En effet, les zones tampon comprennent désormais uniquement les unités de production présentant des plantes hôtes dans une zone de 30 mètres autour des zones infectées alors qu’elles étaient auparavant de 30 mètres peu importe le type de plante. Cette décision a été publiée à la fin du mois d’août 2021.

Alors que la Suisse était officiellement indemne de ToBRFV, le virus a été détecté dans une serre dans le canton de Thurgovie en juillet 2021, suite à un signalement effectué par le producteur (conformément à la réglementation). Des mesures contre la propagation du virus sont mises en place par les autorités phytosanitaires.

Sources : Lien 1, Lien 2, Lien 3, Lien 4, Lien 5, Lien 6, Lien 7 et Lien 8.

Figure 1 : Carte des nouveaux foyers de ToBRFV. Sources : sloveniatimes, lokalno.si, agriculture.gouv.fr, groentennieuws.nl, EPPO, pflanzengesundheit.julius-kuehn.de, pflanzengesundheit.julius-kuehn.de et BBM n°31.

Xylella fastidiosa


Portugal / Romarins / Notifications de nouveaux cas

De nouvelles infections à la bactérie Xylella fastidiosa ont été signalées au Portugal, bien plus au sud que les précédentes. En effet, dans le BBM n°25, nous rapportions que la bactérie touchait 25 “freguesias” (i.e. les plus petites unités administratives du pays), réparties dans quatre municipalités (Porto, Matosinhos, Santa Maria da Feria et Vila Nova de Gaia). C’est à la suite des prospections officielles effectuées par la Direction régionale de l'agriculture et de la pêche de Lisbonne et de Vale do Tejo que les nouveaux foyers ont été découverts.

Ainsi, à Massamá e Monte Abraão, dans la municipalité de Sintra, Xylella fastidiosa a été détectée sur romarin dans un espace public en zone urbaine. Plus au sud, à Luz de Tavira e Santo Estevão dans la municipalité de Tavira, la bactérie a aussi été détectée dans un échantillon de romarin prélevé dans une pépinière. Pour ces nouveaux foyers, une zone délimitée, qui comprend la zone infectée et une zone tampon de 2,5 km, un échantillonnage intensif et la recherche d'insectes vecteurs ont été mis en place. De plus, pour prévenir de nouvelles infections, le Portugal propose des aides financières pour inciter les producteurs à doter leurs exploitations d'équipements de protection contre les insectes vecteurs. Pour une enveloppe globale de deux millions d’euros, les pépinières produisant des plantes hôtes de X. fastidiosa pourront ainsi se voir financer jusqu’à 80% de ces investissements.

D’autre part, le Danemark mène une enquête de traçabilité aval sur un lot de romarin infecté par X. fastidiosa, provenant des Pays-Bas et originaire du Portugal. Les plantes issues de ces lots avaient été distribués à plusieurs magasins du pays, puis vendues aux particuliers. Elles sont maintenant rappelées par l’Agence Danoise de l’agriculture.

Sources : Lien 1, Lien 2, Lien 3 et Lien 4.

Figure 2 : Carte de la situation sanitaire de Xylella fastidiosa au Portugal. Sources : agroportal.pt, le jn.pt et le BBM n°25.

Bactrocera dorsalis


France / Multi-espèces / Notifications de nouveaux cas

La mouche orientale des fruits, Bactrocera dorsalis (organisme de quarantaine prioritaire dans l’Union européenne), est régulièrement interceptée à l’import, en particulier au stade larvaire, sur des fruits en provenance d’Afrique. Cette mouche très polyphage peut infester plus de 300 espèces fruitières (des fruits à pépins ou à noyaux) et causer d’importantes pertes, tant du point de vue du rendement que de la qualité des fruits. En France, cette mouche est présente à La Réunion depuis 2017. En 2018, elle a été capturée dans le sud de l’Italie dans des vergers des provinces de Salerne et Naples et a été éradiquée depuis lors. En France métropolitaine, c’est seulement au stade adulte que B. dorsalis a été détectée, dans des pièges à proximité du MIN de Rungis et de l'aéroport d'Orly (Île-de-France) ainsi qu’à proximité de Montpellier (Occitanie) en 2019, mais ne s’était pas établie sur le territoire. Le plan de surveillance national mis en place en région PACA, incluant l’installation de pièges à phéromone, a permis de capturer cinq insectes adultes le 5 août 2021 à Hyères dans le Var. En réponse à cette alerte, les autorités et les organisations agricoles réalisent une enquête épidémiologique, densifient le réseau de piégeage et augmentent le nombre de contrôles. Pour participer aux actions de prévention, les agriculteurs sont notamment invités à mettre en place des filets de protection sur leurs cultures et d’isoler ou de détruire les fruits pourris sur les arbres et au sol. Pour les distributeurs, en plus de la destruction des déchets, il est recommandé d’installer des pièges à insectes au niveau des points d’entrée et de sortie des marchandises. En complément, afin de prévenir l’arrivée de nouveaux insectes exogènes, les contrôles frontaliers portuaires et aéroportuaires sont renforcés.

Sources : Lien 1 et Lien 2.

Figure 3 : Carte de la commune où Bactrocera dorsalis a été détecté en France. Source : DRAAF PACA.