Le bulletin d’Épidémiosurveillance en Santé Végétale est une revue des actualités concernant la santé du végétal en Europe et à l’International. Il contribue à faciliter l’accès aux informations concernant la santé des végétaux et leur diffusion. Le bulletin est validé au préalable par une cellule éditoriale composée d’experts scientifiques et de collaborateurs partenaires ayant un rôle de conseillers.
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Sujet phytosanitaire | Zone géographique | Cultures | Nature de l’information |
---|---|---|---|
Xylella fastidiosa | Liban | Amandiers | Notifications de nouveaux cas |
ToBRFV | Finlande | Tomates | Notifications de nouveaux cas |
ToBRFV | Grèce | Tomates | Notifications de nouveaux cas |
Généralités | Amérique du Nord | Multi-espèces | Réduction des risques phytosanitaires |
Xylella fastidiosa a été signalée pour la première fois au Liban dans le cadre d’une inspection conduite en 2022. Lors de cette inspection, un échantillonnage foliaire a été réalisé sur quinze amandiers (Prunus dulcis) symptomatiques et 25 asymptomatiques. L’analyse qui a suivi reposait sur des tests ELISA (kit commercial d’Agritest, Italie) et des tests moléculaires de type PCR (conventionnelle et quantitative) et LAMP en temps réel (protocole OEPP). Les échantillons testés positifs provenaient d’amandiers symptomatiques situés dans des vergers de Bint Jbeil (gouvernorat de Nabatiyeh). L’amplification et le séquençage d’un fragment du gène rpoD (à partir d’un arbre infecté) a permis de montrer plus de 99% d’identité nucléotidique avec des isolats de la sous-espèce fastidiosa.
La bactérie avait déjà été rapportée dans des amandiers en Israël, pays voisin (BHV-SV 2022/48; OEPP). Des prospections et des analyses complémentaires sont en cours au Liban pour délimiter la zone infectée, caractériser la souche et identifier les insectes vecteurs et l’ensemble des espèces végétales hôtes.
Source : Lien
Depuis le dernier BM (BM n°50), le ToBRFV a été détecté sur tomates dans des nouvelles zones en Finlande et en Grèce.
En Finlande, il s’agit de la seconde détection, cette fois dans deux
lots de plants de tomates asymptomatiques d’une zone de production en
Ostrobotnie. La première détection, relayée dans le BHV-SV 2022/35, avait eu lieu au sud du pays
dans la région de Varsinais-Suomize.
En Grèce, le ToBRFV qui avait déjà été signalé dans plusieurs autres
régions du pays a été détecté en Arcadie pour la seconde fois, plus
précisément dans une serre de 3 acres (environ 1,2 ha) dans la région de
Leonidio Kynouria.
Figure 1 : Carte des foyers de ToBRFV
principalement centrés en Europe de 2021 à 2023. Mise à jour de la carte
du BM n°50 de Mars 2023. Sources des nouveaux foyers :
Lien1, Lien2.
L’augmentation constante du commerce mondial multiplie les typologies
de voies de dispersion des phytoravageurs, notamment au travers de la
chaîne d’approvisionnement mondiale des matériaux d’emballage en bois
(e.g. bois de calage, palettes, caisses et bobines). L’utilisation de
bois massif non traité pour la fabrication de ces matériaux constitue un
risque d’introduction d’organismes xylophages et d’autres parasites du
bois (espèces non indigènes), alors que les matériaux traités
constituent un risque de contamination post-traitement par des
organismes nuisibles (ON contaminants). Parmi les normes internationales
pour les mesures phytosanitaires (NIMP), la réglementation des matériaux
d’emballage en bois utilisés dans le commerce international (NIMP 15) vise à atténuer le risque d’introduction
d’espèces non indigènes associé à des marchandises ou des moyens de
transport spécifiques. Malgré cette norme, Greenwood
et al. (2023), en prenant pour exemple l’Amérique du Nord
(États-Unis, Canada, Mexique), ont pointé des étapes présentant un
risque phytosanitaire dans la chaîne d’approvisionnement mondiale des
emballages en bois. Les auteurs ont schématisé une chaîne
d’approvisionnement mondiale “typique” et ont examiné où, quand et
comment les organismes indésirables et/ou nuisibles pouvaient
potentiellement entrer et sortir d’une chaîne d’approvisionnement, de la
récolte de l’arbre (source), à la création du matériau en bois, et
jusqu’à la livraison de ce dernier à un consommateur nord-américain
(destination).
La mise en œuvre de la NIMP 15, adoptée pour la première fois en 2002
et mise en œuvre par une centaine de pays, réduirait environ de moitié
le taux d’infestation des matériaux d’emballage en bois. Dans les faits,
l’efficacité de cette norme internationale dépend des niveaux de
traitement phytosanitaires mis en place à certaines étapes de la chaîne,
de la conformité de ces traitements et de leur mise en œuvre. Bien que
difficilement mesurables, il existe notamment des situations
d’application incomplète, insuffisante ou inappropriée du traitement,
des fraudes, ou des problèmes de capacité à déployer et mettre en place
cette norme selon les pays (par exemple en termes de moyens matériels).
Les mesures d’atténuation du risque phytosanitaire sont
principalement axées sur les parties de la chaîne d’approvisionnement
des matériaux bois au départ du port d’origine, beaucoup moins sur les
étapes suivantes de la chaîne, jusqu’à leur destination finale
(e.g. étape du traitement dans les ports et dans les entrepôts des pays
destinataires). Or des matériaux d’emballage en bois exempts
d’organismes lorsqu’ils ont quitté leur pays d’origine peuvent être
contaminés lors du transport, par exemple via des conteneurs maritimes
déjà contaminés ou lors de leur transport et stockage avant d’être
chargés sur un navire. Atténuer ces risques nécessite la coopération de
plusieurs partenaires commerciaux pour maintenir des chantiers, des
équipements et des installations à moindre risque, ainsi que des
inspections visuelles par du personnel portuaire qualifié. Or chaque
port peut prendre des décisions différentes basées sur l’équilibre entre
le risque et la rentabilité.
Les auteurs ont mis en évidence la nécessité de quantifier
précisément les différentes sources de risques, améliorer l’application
et la mise en œuvre des traitements, et augmenter la sensibilisation du
public et la formation des acteurs du secteur. Une quantification
précise de l’incidence des parasites dans les différents types de
matériaux en bois (incluant les données d’interception) à chaque étape
de la chaîne d’approvisionnement est nécessaire. Une meilleure
connaissance des caractéristiques biologiques des organismes nuisibles
et des pratiques des circuits commerciaux ainsi qu’une meilleure
compréhension des facteurs sociaux et économiques permettraient une
optimisation de l’application des traitements. Les auteurs considèrent
que des efforts de collaboration entre les acteurs de l’industrie, les
institutions scientifiques, les agences gouvernementales, les
organisations nationales pour la protection des végétaux et les
universités sont nécessaires. De plus, des approches systémiques
permettraient d’améliorer l’évaluation du risque phytosanitaire,
d’orienter les efforts d’inspection et d’accroître l’efficacité et
l’efficience de l’inspection à des points spécifiques de la chaîne
d’approvisionnement.
Les principes mis en avant à travers cette étude apportent un
éclairage utile pour le développement de stratégies plus efficaces
d’atténuation des risques présents dans la chaîne d’approvisionnement
mondiale.
Source : Lien