Le bulletin d’Épidémiosurveillance en Santé Végétale est une revue des actualités concernant la santé du végétal en Europe et à l’International. Il contribue à faciliter l’accès aux informations concernant la santé des végétaux et leur diffusion. Le bulletin est validé au préalable par une cellule éditoriale composée d’experts scientifiques et de collaborateurs partenaires ayant un rôle de conseillers.



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Sommaire
Sujet phytosanitaire Zone géographique Cultures Nature de l’information
Xylella fastidiosa Portugal Multi-espèces Évolution de l’état sanitaire
Xylella fastidiosa Espagne Multi-espèces Évolution de l’état sanitaire
Xylella fastidiosa France Multi-espèces Évolution de l’état sanitaire
Popillia japonica Suisse Multi-espèces Évolution de l’état sanitaire
ToBRFV Slovaquie Tomates, poivrons, piments Notification de nouveaux cas
ToBRFV Pays-Bas Tomates, poivrons, piments Évolution de l’état sanitaire
ToBRFV Espagne Tomates, poivrons, piments Notification de nouveaux cas
Dépérissement de la vigne France Vignes Évolution de l’état sanitaire
Spodoptera frugiperda Chypre Multi-espèces Évolution de l’état sanitaire
Spodoptera frugiperda Turquie Multi-espèces Évaluation de l’état sanitaire
Bursaphelenchus xylophilus Espagne Pins Évolution de l’état sanitaire
Candidatus Liberibacter spp. et ses vecteurs Monde Agrumes Prédiction de l’adéquation climatique de Trioza erytreae

Xylella fastidiosa


Portugal / Multi-espèces / Notification de nouveaux cas, évolution de la situation sanitaire

Dans le cadre de la surveillance réglementaire mise en place au Portugal en vue d’éradiquer Xylella fastidiosa sur son territoire, la bactérie a récemment été détectée par les services officiels dans la région centrale du pays (sous-région de Cova de Beira). En effet, un échantillon de Vitis vinifera, collecté dans la commune de Fundão, a été trouvé positif à la bactérie. Les sous-divisions communales partiellement couvertes par la zone délimitée mise en place sont Alpedrinha, Castelo Novo, Póvoa de Atalaia et Atalaia do Campo. La bactérie a également été détectée sur Quercus ilex dans la commune de Covilhã entrainant la délimitation partielle des sous-divisions communales suivantes : Boidobra, CantarGalo e Vila do Carvalho, Cortes do Meio et Covilhã e Canhoso. Pour ces deux nouvelles détections, l’analyse des échantillons en laboratoire a permis d’identifier X. fastidiosa subsp. fastidiosa. Toujours dans la région Centre du Portugal, X. fastidiosa a été détectée dans quatre nouveaux sites de la commune de Penamacor. La sous-espèce fastidiosa a pu être caractérisée pour l’échantillon de Fraxinus angustifolia, les sous-espèces des autres échantillons positifs sont en cours d’identification au laboratoire. La zone délimitée mise à jour suite à ces dernières détections couvre partiellement les sous-divisions communales suivantes : Penamacor, Malcata, Quadrazais, et Vale de Espinho. Par ailleurs, dans la région Nord du pays, dans la zone métropolitaine de Porto, 23 nouvelles détections positives de la bactérie ont été confirmées. Les sous-espèces fastidiosa et multiplex ont été identifiées. Parmi les plantes infectées, une nouvelle espèce a été identifiée, il s’agit de Argyranthemum frutescens L. (Asteraceae). Ces dernières détections ont conduit à de nouvelles zones infectées dans les communes de Vila Nova de Gaia, Santa Maria da Feira, Gondomar et Espinho et à la mise à jour de la zone délimitée subdivisée en deux zones (A et B).

Sources : Lien 1, Lien 2, Lien 3, Lien 4 .

Figure 1 : Carte des municipalités touchées entièrement ou partiellement par la zone délimitée de X. fastidiosa au Portugal ainsi que la commune où la bactérie a été éradiquée. Source : dgav.pt.


Espagne / Multi-espèces / Évaluation de la situation sanitaire

En Espagne, la communauté de Valence a mis en ligne une carte interactive permettant de visualiser la zone délimitée et les plantes-hôtes infectées par X. fastidiosa : https://geoxylella.gva.es/. Des informations détaillées sur la situation sanitaire sont également disponibles sur le site officiel de la communauté de Valence. Des recommandations officielles en matière de surveillance et de lutte vectorielle (contre Aphrophoridae et Cercopidae) ont aussi été publiées afin de lutter contre X. fastidiosa.

Sources : Lien 1, Lien 2.


France / Occitanie / Notification de nouveaux cas, évolution de la situation sanitaire

En décembre 2022, le CROPSAV d’Occitanie a organisé un point de situation concernant la présence de Xylella fastidiosa suite aux bilans de la surveillance officielle réalisée dans l’année. Sur près de 7 000 échantillons de plantes analysés, 395 se sont révélés positifs à X. fastidiosa. En Occitanie, la bactérie a été détectée pour la première fois en septembre 2020 dans l’Aude et le Gard (X. fastidiosa subsp. multiplex). En 2022 la bactérie a été à retrouvée dans de nouveaux sites de l’Aude, notamment dans une nouvelle commune, Embres-et-Castelmaure, et dans des zones exemptes jusqu’ici de Narbonne et Belpech. D’autres échantillons testés positifs à la bactérie étaient situés dans trois autres départements de la région : l’Ariège (commune de Loubaut), le Tarn (communes de Brens et Montans) et la Haute-Garonne (commune de Balma). Aux espèces végétales décrites comme étant infectées en Occitanie en 2020, viennent s’ajouter avec ce bilan sanitaire cinq nouvelles espèces végétales infectées : Cistus albidus, Chenopodium album, Erigeron sp, Clinopodium nepeta et Robinia pseudoacacia. La sous-espèce identifiée dans la région demeure X. fastidiosa subsp. multiplex (ST6) pour tous les échantillons positifs. Un Arrêté préfectoral daté du 24 février 2023 vis-à-vis de X. fastidiosa subsp. multiplex, définit la mise en place d’une zone délimitée (zone infectée d’un rayon de 50 m entourée d’une zone tampon de 2,5 km) et des mesures de gestion associées. Toutes les actions en cours sont détaillées dans la présentation du CROPSAV Occitanie. L’application Xylella fastidiosa de la Plateforme ESV permet de visualiser les zones délimitées de la région Occitanie et les communes concernées.

Sources : Lien 1, Lien 2, Lien 3, Lien 4, Lien 5.

ToBRFV


Slovaquie / Tomates, poivrons, piments / Notification de nouveaux cas

La première détection du Tomato brown rugose fruit virus (ToBRFV) en Slovaquie vient d’être rapportée par l’OEPP. Le virus a été détecté dans une serre de production de tomates de la municipalité de Levice dans la région de Nitra (sud-ouest de la Slovaquie). Les semences incriminées provenaient des Pays-Bas et les semis avaient été cultivés en Autriche. Selon l’OEPP, le statut phytosanitaire du ToBRFV en Slovaquie est officiellement déclaré comme ‘transitoire’ et en cours d’éradication. En 2021, une notification d’interception de semences de Solanum lycopersicum infectées par ToBRFV en provenance de Chine et à destination de la Slovaquie avait été enregistrée (voir le rapport de l’OEPP). Dans les pays voisins de la Slovaquie, le virus avait été signalé dès 2020 pour la Pologne et la République Tchèque et dès 2021 pour l’Autriche.

Source : Lien .


Pays-Bas / Tomates, poivrons, piments / Notification de nouveaux cas, évolution de la situation sanitaire

Dans nos derniers bulletins (BHV-SV 2022/23, BM N°42), nous avions relayé le bilan phytosanitaire 2022 du ToBRFV aux Pays-Bas. L’Autorité néerlandaise de sécurité des aliments et des produits de consommation (NVWA) vient de publier le premier bilan de l’année 2023. Depuis juin 2022, 13 nouvelles entreprises de production ont été infectées alors que quatre autres sont redevenues officiellement indemnes de ToBRFV. Actuellement 50 exploitations néerlandaises sont officiellement infectées et sont supervisées par la NVWA pour la gestion et l’éradication du virus. La NVWA rappelle aux exploitants qu’il est interdit d’utiliser des méthodes illégales visant à essayer de protéger les cultures du virus, notamment le recours à un ‘variant bénin’ du virus (protection croisée). Depuis le deuxième semestre 2019, un total de 67 sites de culture et de production de semences a été touché par le ToBRFV.

Source : Lien .


Espagne / Tomates, poivrons, piments / Notification de nouveaux cas

Le premier foyer de ToBRFV détecté fin 2022 dans la région de Séville, dans une serre de Los Palacios a été confirmé par le service phytosanitaire andalou. Depuis 2019 et jusqu’à présent, les foyers de ToBRFV étaient tous localisés à Almeria et Murcie.

Source : Lien .

Figure 2 : Carte des foyers de ToBRFV principalement centrés en Europe de 2021 à 2023. Sources foyers 2021-22 : Lien 1, Lien 2, Lien 3, Lien 4. Sources foyers 2023 : Lien 5, Lien 6, Lien 7

Spodoptera frugiperda


Chypre et Turquie / Multi-espèces / Notification de nouveaux cas, évolution de la situation sanitaire

La présence de Spodoptera frugiperda vient officiellement d’être rapportée pour la première fois à Chypre et en Turquie. A Chypre, il s’agit de trois individus adultes piégés en janvier 2023 dans un jardin privé de Pissouri, un village du district de Limassol. Des prospections officielles vont être réalisées autour du point d’incursion afin de délimiter l’étendue de l’infestation. D’après l’OEPP, S. frugiperda est officiellement déclaré ‘présent et en cours d’éradication’ à Chypre.

En Turquie des larves de légionnaire d’automne ont été collectées en 2022 dans la province d’Adana dans le cadre d’enquêtes menées dans des champs de maïs (Zea mays) au sein desquels des plants présentaient des dégâts caractéristiques du ravageur. Les prospections qui ont suivi la même année dans la province d’Adana ont permis de vérifier que les quatre champs de maïs inspectés étaient tous infestés avec un taux de plantes endommagées de 14 à 15% d’après Pehlivan & Atakan (2022). Ces derniers mentionnent également dans leur publication que les conditions climatiques d’Adana étant favorables à l’établissement, la multiplication et la dissémination du ravageur dans les cultures arables de la région (maïs principalement), tout au long de l’année et sans diapause de l’insecte (car la température est au moins égale à 9,5°C même pendant le mois d’hiver le plus froid). S. frugiperda pourrait à partir de cette première incursion devenir un ravageur majeur du maïs dans la région d’Adana. D’après l’OEPP, S. frugiperda est officiellement déclaré ‘présent et peu disséminé’ en Turquie.

Sources : Lien 1, Lien 2, Lien 3. .

Bursaphelenchus xylophilus


Espagne / Pins / Notification de nouveaux cas, évolution de la situation sanitaire

Le journal officiel d’Extramadure (communauté autonome espagnole située dans le sud-ouest du pays) a officialisé le 28 février 2023 la mise en place d’une nouvelle zone délimitée vis-à-vis du nématode du pin. Il s’agit d’une zone délimitée de 20 km de rayon autour d’un foyer de Bursaphelenchus xylophilus (un arbre infecté symptomatique) situé dans la municipalité de Valverde del Fresno. Des mesures d’éradication sont en cours

Source : Lien.

Figure 3 : Carte des communes infestées par Bursaphelenchus xylophilus en Espagne. Source : doe.juntaex.es.

Candidatus Liberibacter spp. et ses vecteurs


Monde / Agrumes / Prédiction de l’adéquation climatique de Trioza erytreae dans le monde via des modèles de répartition

Une nouvelle étude a cherché à évaluer l’adéquation climatique potentielle actuelle et future pour l’établissement de Trioza erytreae (psylle africain vecteur du greening des agrumes) dans les zones d’agrumiculture d’Europe et d’autres régions du Monde. Après les prédictions issues des travaux de Aidoo et al. (voir BM N°45 (2022)), l’étude de Godefroid (2023) propose des prédictions issues de modèles bioclimatiques de distribution d’espèces (MaxEnt), basées sur des données d’occurrence de T. erytreae (1 525 occurrences). La période 2040-2060 a été considérée pour prédire l’impact du changement climatique. Les modèles ont été calibrés en utilisant uniquement les occurrences disponibles en Afrique, dans les îles de l’océan Indien, aux îles Canaries et à Madère, puis les modèles ont été évalués grâce à des méthodes statistiques.

Les modèles Maxent ont permis d’identifier que des températures élevées ou froides avaient un effet négatif sur la probabilité d’occurrence du psylle africain et que des conditions humides étaient optimales pour la multiplication de l’espèce. Ces prédictions sont cohérentes avec les observations sur le terrain et/ou en laboratoire. Les modèles bioclimatiques ont prédit qu’en Europe, la péninsule ibérique est l’aire climatiquement la plus favorable à T. erytreae. Cette estimation d’adéquation climatique dérivées des modèles est cohérente avec l’invasion du psylle africain observé actuellement dans cette zone géographique. En raison du changement climatique, l’aire de répartition du psylle africain sur la côte atlantique de la péninsule ibérique devrait diminuer. Dans la région de l’Algarve où l’agrumiculture portugaise est la plus développée, le climat devrait être modérément adapté au psylle africain des agrumes. Les régions d’agrumiculture du bassin méditerranéen, où le climat est sec et chaud ont été prédites comme modérément ou mal adaptées à T. erytreae, et pour la période 2040-2060 l’adéquation climatique ne serait pas meilleure d’après les prédictions. Concernant d’autres régions du monde comme la Floride et la Californie (États-Unis), les basses terres (plaines proches de la mer) du sud-est de la Chine, l’Inde, les basses terres du Mexique, les basses terres du Brésil tropical et les régions côtières du sud de la Turquie ou de l’Égypte, l’adéquation climatique de T. erytreae pour la période 2040-2060 ne devrait pas s’améliorer significativement pour ces régions. Comparées aux prédictions dérivées des modèles Maxent d’Aidoo et al. (2022), ces nouvelles prédictions dérivées de modèles bioclimatiques de distribution d’espèces correspondent mieux à la physiologie et à la niche climatique du psylle. Cependant, l’auteur indique que la faible valeur de l’adéquation climatique prédite n’exclut pas totalement le risque d’un établissement local.

Les cartes fournies dans cette étude, bien qu’elles soient des outils essentiels pour évaluer le risque d’épidémies mondiales de HLB, ne reflètent que l’évaluation de l’adéquation climatique pour T. erytreae, comme le rappelle son auteur, en aucun cas pour évaluer l’adéquation climatique pour Candidatus Liberibacter spp. ou la distribution des agrumes.

Source : Lien .

Dépérissement de la vigne (Flavescence dorée)


France / Régions PACA et Bourgogne / Notification de nouveaux cas, évolution de la situation sanitaire

Le bilan de la campagne de surveillance et de lutte contre la flavescence dorée en Bourgogne montre que la maladie progresse sur la partie Beaujolais Saône et Loire et vers plusieurs communes du Mâconnais Sud alors qu’elle régresse dans le Mâconnais Nord. Et pour la première fois, la flavescence dorée à été confirmée dans l’Yonne dans la commune de Maligny. Un arrêté préfectoral sera publié au printemps en amont de la période de traitements afin d’informer les viticulteurs concernés par les traitements. Le bilan détaillé de la campagne de surveillance 2022 est accessible directement ici.

En région PACA, le dernier bilan indique que la flavescence dorée continue de progresser pour atteindre le Var, alors que ce département était exempt de la maladie (voir le communiqué DRAAF PACA d’octobre 2022). La flavescence dorée a été confirmée pour 44 ceps de vignes situés sur deux parcelles voisines de la commune de La Celle. En région PACA, en 2022, sur les 26 000 viticultures prospectées (2 500 ha pour le Var), 25 % des échantillons analysés ont été testés positifs à la flavescence dorée (parmi ces échantillons positifs, 2 échantillon étaient issus du Var). Ces contaminations concernent 30 000 ceps infectés répartis sur 147 parcelles situées sur 71 communes de la région.

Sources : Lien 1, Lien 2, Lien 3, Lien 4.