Le bulletin d’Épidémiosurveillance en Santé Végétale est une revue des actualités concernant la santé du végétal en Europe et à l’International. Il contribue à faciliter l’accès aux informations concernant la santé des végétaux et leur diffusion. Le bulletin est validé au préalable par une cellule éditoriale composée d’experts scientifiques et de collaborateurs partenaires ayant un rôle de conseillers.
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Sujet phytosanitaire | Zone géographique | Cultures | Nature de l’information |
---|---|---|---|
Popillia japonica | Europe | Multi-espèces | Articles scientifiques |
Popillia japonica | Suisse | Multi-espèces | Évolution de la situation sanitaire |
ToBRFV | Pays-Bas, Royaume-Uni, Sardaigne | Tomates, poivrons, piments | Évolution de la situation sanitaire |
Xylella fastidiosa | Portugal | Multi-espèces | Évolution de la situation sanitaire |
Généralités | Monde | / | Article scientifique |
Europe / Multi-espèces / Article scientifique (en cours de
révision) – Guide pour identifier et surveiller les points d’entrée des
ravageurs auto-stoppeurs en Europe à travers le cas du scarabée
japonais.
A travers trois modes de transport (aérien,
ferroviaire et fret routier), une étude a été conduite afin de
cartographier en Europe continentale la dispersion anthropique
potentielle de ravageurs de quarantaine, des zones infestées vers des
zones indemnes, en prenant le cas de Popillia japonica, un
ravageur auto-stoppeur. L’objectif était d’identifier les points
d’entrée potentiels du scarabée japonais pour la conception ultérieure
de stratégies de surveillance optimisées permettant sa détection précoce
tout en réduisant l’effort de surveillance.
Pour cette étude les auteurs (Borner et al, 2023) ont calculé que la zone infestée globale en 2022 concernait plus de 199 municipalités suisses et italiennes pour une surface totale d’environ 16 500 km2 (sans la zone maritime), et une vingtaine de régions NUTS3 considérées infestées (région avec au moins une municipalité infestée). Les résultats ont montré que 99.8% des régions NUTS3 européennes étaient accessibles par la route, 7% par le chemin de fer et 8% par les airs. A partir de la zone infestée, le scarabée japonais pourrait atteindre 1 446 régions NUTS3 (dans 33 pays) via le fret routier, 422 gares (dans 5 pays) via le transport ferroviaire et 160 aéroports (dans 30 pays) via le transports aérien (presque exclusivement international). Treize régions NUTS3 seraient accessibles par les trois modes de transport. La plupart des régions très accessibles sont éloignées de la zone infestée et les régions avec une accessibilité moyenne ou élevée sont situées soit en Italie ou en Suisse, soit dans de grandes villes européennes, notamment le long d’un transect longitudinal nord-sud traversant la France, l’Allemagne et le Benelux. Ces résultats sont confortés par le bilan des interceptions du ravageur en Europe car depuis 2018, ces dernières ont été signalées dans les régions décrites comme très accessibles dans l’étude, y compris pour la région de Zurich en Suisse où un foyer a été détecté en juillet 2023.
Cette étude propose un outil pour anticiper l’entrée de Popillia japonica (et d’autres ravageurs auto-stoppeurs) au niveau de l’Europe continentale et aider à mettre en place des stratégies de surveillance adaptées.
Source : Lien.
Europe /
Multi-espèces / Article scientifique – Modèle de prédiction des zones
favorables à l’établissement du ravageur en Europe.
Cette
étude réalisée par les mêmes auteurs que celle présentée ci-dessus,
propose une approche pour cartographier le risque d’établissement de
Popillia japonica en Europe continentale. Il s’agit d’un modèle
de distribution d’espèce (SDM, Species Distribution Modelling) qui
repose sur des données issues d’enquêtes officielles et de plateformes
de sciences citoyennes et qui intègre des facteurs environnementaux liés
à la biologie du ravageur. Les données ont été étiquetées ‘présence’
lorsqu’au moins un scarabée japonais était observé dans une cellule de
4km x 4km, ou étiquetées ‘pseudo-absence’ lorsqu’au moins un coléoptère
non scarabée japonais était observé dans la cellule, cela afin de
limiter le biais d’échantillonnage des données citoyennes. Le modèle a
été entraîné par un algorithme d’apprentissage automatique (RF, Random
Forest).
Les résultats ont confirmé que les variables climatiques (températures et précipitations saisonnières, évapotranspiration) et humaines (utilisation des sols) étaient les plus pertinentes pour prédire la distribution du scarabée japonais. Les cartes d’adéquations prédites pour P. japonica, illustrant la probabilité de présence du ravageur, se sont révélées cohérentes avec l’adéquation réelle des régions déjà envahies. Les cartes prédites ont également pointé d’autres régions, non infestées à ce jour. Il s’agit notamment des îles des Açores, une zone classée très favorable, et d’autres régions d’Europe continentale. Si 62,7% du continent européen a été classé non favorable, le reste de la zone, correspondant essentiellement à l’Europe centrale, a été classé moyennement favorable pour 32,7% de la zone et avec une plus forte aptitude pour 4,6% de la zone, une zone continue allant des contreforts des Alpes italiennes occidentales au nord des Balkans et à l’ouest de la plaine de Pannonie. Un autre groupe de zones plus favorables se situerait le long des rives sud-est de la mer Noire. Des petites zones dispersées moyennement favorables au ravageur ont été trouvées à l’ouest des Pyrénées, au nord des Alpes (France, Allemagne, Autriche, Suisse et Slovénie), et dans les basses terres côtières (Belgique et Pays-Bas).
Cet outil est susceptible d’aider à la conception de stratégies de surveillance optimisées du scarabée japonais en termes de coût et d’efficience. Pour tenir compte du risque d’introduction involontaire du ravageur depuis une zone infestée via un mode de transport (voir l’article ci-dessus de Borner et al, 2023), les auteurs préconisent d’appliquer des protocoles adaptés dans les gares, les aéroports, les entrepôts de camions et de sensibiliser les citoyens et les parties prenantes, notamment avec des campagnes de communication à travers l’Europe sur l’identification et le signalement des observations de P. japonica (comme par exemple en France avec la campagne de sensibilisation « Plantes en danger »).
Source : Lien.
Source : Lien.
Pays-Bas, Royaume-Uni , Sardaigne / Tomates, poivrons, piments / Évolution de l’état sanitaire.
Pays-Bas
L’Autorité néerlandaise de sécurité des
produits alimentaires et de consommation (NVWA) vient de publier son
dernier bilan (25 septembre 2023) des sites infectés par le ToBRFV et
rapporte qu’aux Pays-Bas, 57 entreprises sont actuellement infectées par
le virus et restent sous surveillance. Par rapport au précédent bilan,
il y a sept mois (voir BM N°50), 11 nouvelles entreprises se sont avérées
infectées, une a changé de culture agricole et trois autres
exploitations, après éradication du virus, n’ont plus nécessité la
supervision de la NVWA. Bien que les communes de Peel en Maas et de
Maashorst n’apparaissent plus dans la liste des communes infectées (par
rapport au précédent bilan), trois nouvelles communes font leur
apparition. Il s’agit de Kampen, Venlo et Voorne aan Zee (fusion des
communes de Brielle, Hellevoetsluis et Westvoorne). Depuis mi-2019, la
présence du ToBRFV a officiellement été détectée dans 76 sites de
culture et dans un site de production et de sélection de semences. Parmi
ces sites, 20 n’apparaissent plus dans la liste des zones infectées.
Grande-Bretagne
Jusqu’à présent, sur l’ensemble
du territoire, huit foyers de ToBRFV ont été détectés dans des sites de
production de tomates. Un foyer en 2019 (éradiqué en 2020), cinq foyers
en 2020 (éradiqués en 2021), deux foyers en 2022 (dont un étant un
ancien foyer éradiqué en 2021 qui s’est retrouvé réinfecté) et un en
2023. Ces trois derniers foyers sont en cours d’éradication.
Sardaigne
Dans la région autonome de Sardaigne
(Italie) le ToBRFV a officiellement été détecté dans trois serres de
production de tomates de l’île à partir d’échantillons de feuilles (cinq
échantillons testés positifs au total). Les mesures visant à prévenir
l’introduction et la propagation du virus ont été mises en œuvre (décision n° 907/23564 du 24_10-2023) avec
l’établissement de trois zones délimitées (superficies de 2 000, 2 500 et 4
000 m2), la mise en oeuvre de mesures de désinfection et la destruction
des végétaux présents dans les trois sites de production jusqu’à la fin
de la période de culture (durée minimale).
Sources : Lien 1, Lien 2, Lien 3, Lien 4.
Figure 1 : Carte des foyers de ToBRFV en
Europe et au Maroc de 2021 à 2023. Sources pour les foyers non rapportés
dans les BM précédents : Lien 1, Lien 2, Lien 3, Lien 4, Lien 5, Lien 6.
Portugal / Multi-espèces / Évolution de l’état
sanitaire.
Depuis la publication du BM N°50 du mois de mars 2023, la situation sanitaire
concernant Xylella fastidiosa a évoluée dans plusieurs régions
du Portugal.
Dans la région de Lisbonne et la vallée du Tage, la zone délimitée de Palmela a pu être réduite (Arrêté n° 60/G/2023) à 1km de rayon grâce aux mesures de gestion réalisées (enlevant ainsi deux communes de la zone délimitée). L’analyse officielle des échantillons de plantes et d’insectes vecteurs potentiels situés dans la zone n’a pas mis en évidence la présence de la bactérie.
Dans la région Centre, les zones délimitées ont été mises à jour pour Fundão (Arrêté n° 61/G/2023), Castelo Novo (municipalité de Fundão) (Arrêté n° 62/G/2023) et Covilhã (Arrêté n° 64/G/2023) suite à la détection officielle de la bactérie dans de nouveaux sites. Les zones délimitées pour X. fastidiosa comptent à ce jour huit zones infectées à Covilhã, six à Fundão et six à Castelo Novo. La liste des genres et espèces de plantes trouvées infectées dans chacune des zones est accessible depuis la page web officielle de la DGAV.
Sources : Lien 1, Lien 2, Lien 3, Lien 4, Lien 5.
Figure 2 : Carte des zones délimitées de
Xylella fastidiosa au Portugal. Source : DGAV.
Article scientifique – PRReSTo, un outil en ligne de
scénarios de réduction du risque phytosanitaire lié au commerce de
produits agricoles.
PRReSTo (Pest Risk Reduction Scenario
Tool) est un outil web en libre accès qui permet d’estimer les taux
d’infestation probables par des ravageurs au niveau des produits
agricoles (ou hôtes) destinés à être commercialisés, afin d’aider à la
conception de protocoles commerciaux efficaces tout en étant moins
restrictifs. PRReSTo a été développé pour rendre opérationnel le cadre
de risque fonctionnel proposé par van Klinken et al. (2020). Le
fonctionnement de l’outil est expliqué et a été testé dans l’article de
Froese et al.(2023).
L’outil repose sur un modèle générique de réseau bayésien (modèle probabiliste) qui prend en compte la vulnérabilité des produits à l’infestation parasitaire, l’abondance des parasites auxquels ces produits agricoles sont exposés durant leur phase de production et celle qui en résulte lors de l’envoi. Les variables liées aux mesures de réduction des risques prévues dans le modèle concernent l’exposition du produit aux ravageurs (à l’échelle de la zone ou du site), la vulnérabilité et les taux d’infestation du produit (ou hôte). Toutes ces variables sont détaillées dans l’article, elles peuvent prendre des états discrets ou discrétisés avec différents niveaux (par défaut, toutes les variables sont sur leur état ‘non appliquées’ mais n’importe lequel des états proposés peut être sélectionné). Par exemple, six niveaux de vulnérabilité de l’hôte sont proposés, allant de non-hôte à une vulnérabilité très élevée. De même, les attentes initiales concernant l’abondance des ravageurs à l’échelle de la zone peuvent être actualisées ou corrigées dans l’outil avec des preuves d’observation issues du suivi ou de la surveillance menée pendant la production à l’échelle de la zone ou du site. Le modèle fournit trois résultats : 1) le taux d’infestation de l’hôte commercialisé, sous forme de distribution de probabilité sur les six intervalles de taux d’infestation, 2) la probabilité qu’un seuil d’acceptabilité à priori défini par l’utilisateur soit dépassé et 3) la probabilité qu’un résultat soit positif à l’inspection du matériel commercialisé. La polyvalence de l’outil a été éprouvé à travers trois études de cas visant à : 1) évaluer sans restriction le risque dans un système organisme nuisible-hôte à des fins commerciales, 2) évaluer si et dans quelle mesure la surveillance des ravageurs et les mesures correctives peuvent réduire l’exposition probable des matériaux commercialisés aux ravageurs, et 3) évaluer de manière comparative les effets individuels et cumulatifs des mesures communes de réduction des risques dans différents scénarios d’infestation d’hôtes.
Le modèle PRReSTo a été développé pour les insectes nuisibles des produits horticoles qui peuvent être piégés, mais le modèle pourrait être adapté pour cibler d’autres ravageurs et agents pathogènes en apportant quelques modifications au paramétrage actuel (notamment au niveau des unités de mesures de l’abondance et du taux d’infestation). Le lien direct vers l’application ici.
Source : Lien