Le bulletin d’Épidémiosurveillance en Santé Végétale est une revue des actualités concernant la santé du végétal en Europe et à l’International. Il contribue à faciliter l’accès aux informations concernant la santé des végétaux et leur diffusion. Le bulletin est validé au préalable par une cellule éditoriale composée d’experts scientifiques et de collaborateurs partenaires ayant un rôle de conseillers.



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Sommaire
Sujet phytosanitaire Zone géographique Cultures Nature de l’information
Curtobacterium flaccumfaciens pv. flaccumfaciens Pays-Bas et Suisse Haricots Évolution de la situation sanitaire
Xylella fastidiosa Etats-Unis d’Amérique et Europe Vignes Article sur la maladie de Pierce et le risque épidémique en Europe
Spodopetra frugiperda Grèce Multi-espèces Évolution de la situation sanitaire

Curtobacterium flaccumfaciens pv. flaccumfaciens

Pays-Bas, Suisse / Multi-espèces / Évolution de l’état sanitaire


L’autorité néerlandaise de sécurité des aliments et des produits de consommation (NVWA) a confirmé le premier foyer de Curtobacterium flaccumfaciens pv. flaccumfaciens aux Pays-Bas dans trois parcelles de haricot (Phaseolus vulgaris). Les symptômes de la maladie causée par cette bactérie se caractérisent par des chloroses et des nécroses foliaires ainsi qu’un flétrissement global allant jusqu’à la mort de la plante (Osdaghi et al., 2020). Une enquête a permis d’établir l’origine de cette bactérie réglementée de quarantaine dans l’UE. En effet, plusieurs lots de semences de haricot importés des États-Unis d’Amérique se sont avérés contaminés. La découverte de ces lots de semences contaminés concernerait également d’autres États membres de l’UE. La NVWA a mis en œuvre des mesures d’éradication (notamment la destruction des semences contaminées et des cultures infectées). Pour prévenir de nouvelles épidémies, des tests en laboratoire seront réalisés dès le début 2025 sur les semences de haricots importées aux Pays-Bas. Il est envisagé que des tests d’importation des semences soient réalisés également par tous les États membres de l’UE.

L’ONPV de Suisse a confirmé la détection du premier foyer de la bactérie isolée courant août et septembre 2024 sur des plants de haricots symptomatiques cultivés en champs. Il s’agissait de quatre champs situés dans les cantons de Soleure (1), de Berne (1) et d’Argovie (2). Des mesures d’éradication sont en cours, comme aux Pays-Bas, il est notamment prévu de ne plus cultiver pendant deux ans de fabacées dans les champs infestés.

Sources : NVWA, OEPP Suisse, Osdaghi et al., 2020.

Xylella fastidiosa

Europe / Vignes / Mieux comprendre comment la maladie de Pierce a épargné les vignobles européens jusqu’à présent, et pourquoi cela risque de ne plus être le cas dans l’avenir


La maladie de Pierce (MP) impacte la viticulture aux États-Unis. Si sa caractérisation date de 1951, sa découverte remonterait à 1884 (dans les vignobles d’Anaheim, Californie). L’agent causal Xylella fastidiosa subsp. fastidiosa (Xff) a ensuite été identifié ainsi que ses insectes vecteurs. Si Philaenus spumarius (le Cercope des prés) est un vecteur clé dans la transmission de plusieurs maladies associées à X. fastidiosa en Europe, en Amérique du nord, des cicadelles supplémentaires joutent un rôle majeur dans la transmission de la bactérie, il s’agit de Graphocephala atropunctata et Homalodisca vitripennis. Il a été démontré que les souches de Xff étaient capables d’infecter d’autres plantes hôtes, notamment l’amandier (Almond leaf scorch). Des souches Xff associées à la MP ont été identifiés également au Mexique, au Costa-Rica, à Taïwan, en Israël, au Liban (à la frontière avec Israël) et pour ce qui de l’Europe, en Espagne sur l’île de Majorque (2016, OEPP) et dans la communauté autonome l’Estrémadure (2024, OEPP), en Italie (2024, OEPP), et au Portugal (2023, OEPP. Les récents foyers de Xff sur le continent Européen, en cours d’éradication, restent à ce jour très restreints au regard de l’expansion de l’épidémie que connaît la Californie et le sud-est des États-Unis depuis son émergence au XIXe siècle.

Une étude a cherché à comprendre les causes historiques sous-jacentes qui ont pu empêcher l’introduction, l’établissement et la propagation de la maladie de Pierce en Europe continentale malgré l’importation massive de vignes américaines au cours du XIXe siècle, utilisées comme porte-greffes pour lutter contre le phylloxéra (vers 1872-1895). Pour y répondre, les auteurs (Moralejo et al., 2024) ont utilisé des approches phylogénétiques (utilisation de 242 génomes de Xff) et de modélisation phylodynamique et épidémiologique. Ils ont utilisé des données climatiques sur la période 1850-2023 pour générer des cartes historiques de risque et évaluer le risque de développement de la maladie dans le temps en fonction de l’aptitude climatique des régions viticoles européennes en cas d’introduction de Xff. Une évaluation de la gravité symptomatique de la MP sur des porte-greffes de vigne plantés en Europe a été réalisée via l’inoculation mécanique de souches Xff collectées à Majorque. Cette dernière a été réalisée en conditions contrôlées sur des espèces américaines de Vitis. Les résultats de sensibilité ont ensuite été comparés à ceux déjà publiés pour des porte-greffes-scion (variétés européennes de V. vinifera) (Moralejo et al., 2020).

L’analyse phylogénétique de la population mondiale de Xff (incluant des isolats génétiques étroitement apparentés issus d’autres hôtes que la vigne) a été couplée à une stratégie de datation des nœuds de l’arbre phylogénétique. Les résultats indiquent que la Californie est probablement le site d’introduction de la maladie de Pierce en 1875, une première vague épidémique se serait produite vers 1882-1900 puis une seconde vers 1935-1941. La divergence entre les sous-clades du sud et du nord de la Californie daterait de 1941. La divergence entre les clades clonaux de l’ouest et de l’est des États-Unis se serait produite vers 1875, au moment de la première épidémie. L’hypothèse la plus parcimonieuse avancée par les auteurs serait que des vignes infectées issues de la première épidémie aient été exportées vers le sud-est des États-Unis pour donner après différents processus évolutifs la lignée actuelle (première épidémie entre 1884 et 1900). Une seconde introduction de la Californie vers le sud-est des États-Unis aurait eu lieu un peu plus tard (entre 1935 et 1941), cette dernière coïnciderait avec la première détection de Xff sur amandier.

L’utilisation des projections historiques des températures dans le modèle épidémiologique a permis de montrer que les températures à la fin du XIXe siècle en Europe n’étaient probablement pas adaptées aux épidémies de MP. Il en était probablement de même aux États-Unis, cependant, les vignes américaines présentaient une plus grande tolérance à la maladie que les vignes européennes (sous-entendant une charge bactérienne plus faible dans les vignes américaines). Les auteurs suggèrent donc quatre principaux facteurs susceptibles d’expliquer l’absence historique de la MP en Europe continentale. Le premier est l’absence de conditions climatiques favorables à l’introduction réussie de Xff et/ou de son vecteur dans les régions viticoles (la présence de ces deux organismes nuisibles a été rapportée depuis la première décennie du XXIe siècle). Le second est l’importation de vignes américaines avant l’introduction et la propagation de la MP dans le sud-est des États-Unis. Le troisième est la faible sensibilité des vignes américaines importées au XIXe siècle vis-à-vis de la MP par rapport aux vignes européennes (V. vinifera). Le dernier est en lien avec le climat inadapté pour la MP dans les pépinières américaines au moment de l’exportation des plants pour lutter contre le phylloxéra. Or l’étude de Moralejo et al., 2024 montre que si les conditions climatiques en Europe continentale étaient défavorables à la MP entre 1870 et 1990, elles seraient devenues plus favorables depuis 1990, notamment à Montpellier (augmentation exponentielle de l’indice du risque lié au changement climatique). Une autre étude prédit avec des scénarios d’augmentation de la température annuelle de +2 et +3°C des conditions favorables aux épidémies de MP dans le sud de la France, au Portugal et en Italie (Giménez-Romero et al., 2024). C‘est la raison pour laquelle un renforcement de la surveillance du sud de l’Europe est nécessaire pour augmenter les chances d’éradication de la MP.

Source : Linking intercontinental biogeographic events to decipher how European vineyards escaped Pierce’s disease (Eduardo Moralejo, Àlex Giménez-Romero and Manuel A. Matías – 2024).

Spodoptera frugiperda

Grèce / Multi-espèces / Évolution de l’état sanitaire


Depuis la publication du BM du mois de mars (BM N°59) la Grèce connaît de nouvelles incursions de Spodoptera frugiperda dans ses îles. La Direction de l’Economie Agricole des Cyclades a signalé la présence du ravageur sur les îles de Syros et Naxos. Il s’agit, dans le cadre du Programme national annuel d’inspections pour les organismes nuisibles de quarantaine, de la capture d’individus de légionnaires d’automne dans des pièges à phéromones placés dans des cultures de maïs (île de Syros) et de tournesol (île de Naxos). Ces nouvelles détections viennent s’ajouter à celles déjà rapportées dans les unités régionales de Laconie, Héraklion, Lassithi, La Canée, Eubée (Evia), Lesbos, Attique orientale, Kos, et Chios.

Source : Communiqué de presse.

Figure 1 : Carte des détections de Spodoptera frugiperda dans l’union européene. Sources : Lien1, Lien2, Lien3, Lien4.