Le bulletin d’Épidémiosurveillance en Santé Végétale est une revue des actualités concernant la santé du végétal en Europe et à l’International. Il contribue à faciliter l’accès aux informations concernant la santé des végétaux et leur diffusion. Le bulletin est validé au préalable par une cellule éditoriale composée d’experts scientifiques et de collaborateurs partenaires ayant un rôle de conseillers.
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Sujet phytosanitaire | Zone géographique | Cultures | Nature de l’information |
---|---|---|---|
Spodoptera frugiperda | Monde | Multi-espèces | Risque et impact socio-économique et environnemental |
Agrilus planipennis | Grande-Bretagne | Frênes | Modélisation pour améliorer la surveillance |
Veille non ciblée | Afrique | Multi-espèces | Méthode de surveillance et application web dédiée |
Flavescence dorée | Espagne, Italie, Allemagne | Vignes | Réglementation, Méthode et mesure de lutte et Estimation du risque épidémiologique |
Xylella fastidiosa | Italie, Espagne, Portugal | Multi-espèces | Evolution de l’état sanitaire |
Monde dont Europe / Multi-espèces /Risque et impact
socio-économique et environnemental
La chenille légionnaire
d’automne est un ravageur polyphage qui affecte particulièrement le
maïs, le riz et le sorgho. Sa propagation rapide à l’échelle mondiale
depuis 2016 est due à sa large gamme d’hôtes, à ses fortes capacités de
reproduction et de migration. Désormais présente en Afrique, en Asie et
en Océanie, elle menace la sécurité alimentaire mondiale, et conduit à
des pertes économiques importantes. Détecté pour la première fois en
Europe en 2023 (Portugal, Grèce, Roumanie, Malte), l’organisme
Spodoptera frugiperda est désormais réglementé de quarantaine
prioritaire au sein de l’UE en vertu du règlement délégué (UE)
2019/1702 et fait l‘objet de mesures phytosanitaires et de
surveillances strictes. Des modèles bioclimatiques (ex. CLIMEX et
MaxEnt) ont produit des prévisions divergentes quant au potentiel
d’établissement de la légionnaire d’automne en Europe. Afin d’établir la
répartition potentielle du ravageur sur le continent européen et estimer
son impact économique sur le maïs grain en Europe (incluant des zones
encore inexplorées) en l’absence de toute intervention (sans contrôle),
Kartakis et collaborateurs
(2025) ont utilisé un modèle CLIMEX actualisé avec de nouvelles
données climatiques et d’occurrence. Ils ont réexaminé les zones
propices à la présence de l’insecte et ont évalué les schémas de
migration saisonnière en Europe, basée sur les zones transitoires
modélisées et les schémas migratoires naturels du ravageur. Ils ont
également estimé l’impact économique potentiel sur la production de
maïs-grain dans 13 États membres de l’UE.
L’article détaille la méthodologie et les données utilisées pour l’étude. Notamment le modèle CLIMEX utilisé, son ajustement et les indices de croissance (dont température, humidité, stress, thermique), ainsi que les paramètres d’irrigation et des sommes degrés-jour utilisés. Les distances de migration ont été modélisées et un schéma spatial de la dispersion saisonnière a été estimé à l’aide d’un sous-ensemble de données de distribution d’origine. Les zones de fréquence de dispersion ainsi identifiées ont été appliquées à l’ensemble du continent européen et ont été comparées aux résultats du modèle CLIMEX qui identifie les zones présentant des conditions climatiques favorables aux populations saisonnières de S. frugiperda. L’impact économique direct a été estimé à partir de données économiques (dont celles issues des exploitations céréalières de l’UE), via la méthode de budgétisation partielle et plusieurs hypothèses, les marges brutes par hectares du maïs grain de l’UE avant et après invasion ; le tout dans un scénario « sans contrôle ».
Le modèle CLIMEX utilisé s’est avéré fiable pour identifier les zones climatiquement adaptées (permanentes vs saisonnières), et aligné avec d’autres études récentes. Il confirme notamment que la côte méditerranéenne abrite des poches d’hivernage de S. frugiperda la rendant particulièrement vulnérable à l’invasion de l’insecte. L’étude montre aussi que le risque d’établissement de S. frugiperda dans l’UE est permanent, principalement le long de la Méditerranée (Baléares, Malte, sud du Portugal, Sicile, Grèce, Espagne, Italie, Chypre, Turquie, Afrique du Nord). Les populations d’ores et déjà établies (surtout en Afrique du Nord) peuvent migrer naturellement jusqu’à 2 000 km en Europe pendant les mois chauds. Une zone de 1 000 km autour des foyers d’hivernage constituerait la zone à plus haut risque de migration saisonnière, et devrait donc être prioritairement ciblée pour les actions de surveillance et de soutien aux agriculteurs. D’un point de vue économique, les pertes directes potentielles pourraient atteindre 546 €/ha ou 261 millions €/an dans les zones vulnérables. Les Etats membres de l’UE les plus exposés au risque seraient la France, l’Espagne, l’Italie, le Portugal et la Grèce (proximité des zones propices et fortes marges brutes). Les pertes relatives pourraient atteindre 65 à 116% de la marge brute moyenne (469 €/ha) dans le pire scénario. Le risque serait plus limité pour les pays du nord de l’Europe (ex. Pologne, Hongrie).
Les résultats de cette étude indiquent clairement la nécessité de prioriser pour le sud de l’Europe des mesures de biosécurité, de détection précoce, et de soutien aux agriculteurs. La réintroduction saisonnière de la légionnaire d’automne en Europe depuis l’Afrique du Nord ne peut être empêchée en raison de sa forte capacité de dispersion naturelle. Bien que le soutien aux efforts de lutte en Afrique du Nord et au Moyen-Orient puisse freiner la dispersion du ravageur, les détections récentes en Méditerranée, notamment en Grèce, suggèrent que l’établissement est déjà entamé. En Europe, les actions de lutte devraient se concentrer sur le confinement et le contrôle à la source, afin de limiter la migration vers le nord. D’autant que le changement climatique pourrait étendre encore davantage des zones favorables au ravageur vers le nord de l’Europe.
Compte tenu de sa forte capacité de dispersion et de sa rapidité d’implantation, la prévention seule est insuffisante. Il est impératif de renforcer la détection précoce de S. frugiperda, d’informer les agriculteurs, et de leur fournir des outils de gestion adaptés, respectueux de l’environnement (lutte intégrée) et peu coûteux.
Source : Kartakis et collaborateurs
(2025).
Grande-Bretagne / Frênes / Modélisation pour améliorer la
surveillance
Cette étude porte sur l’optimisation de la
surveillance de l’Agrile du frêne en Grande-Bretagne (absent aujourd’hui
du territoire) avec l’objectif de détecter le plus précocement possible
ce ravageur. Pour cela, les auteurs ont développé un cadre de
modélisation permettant de simuler différentes stratégies de
surveillance basées sur la biologie de l’insecte, les connaissances, les
données disponibles, ainsi que l’expertise terrain de certains
acteurs.
Les auteurs se basent sur les connaissances de l’invasion des États-Unis et de la Russie par l’Agrile du frêne. L’Agrile du frêne a été introduit aux USA à travers du matériel infecté importé (caisses, palettes, bois de calage) puis il a été dispersé grâce à son comportement auto-stoppeur, par les mouvements humains de matériel infecté incluant du matériel de pépinière et des grumes ; mais surtout par le transport de bois de chauffage. En Europe, les voies d’introduction identifiées de d’Agrilus planipennis sont également le commerce du bois, les emballages en bois, et les plants de frênes ; avec une importance forte du commerce de bois de chauffage.
Le cadre de modélisation comporte une approche de dynamique de population et une approche de dispersion spatiale. En Grande Bretagne, les points d’entrée de l’Agrile du frêne les plus probables ont été déterminés, une carte de distribution potentielle de l’Agrile du frêne a été estimée, puis la dynamique de population et de dispersion a été modélisée avec 10 000 simulations stochastiques. Trois méthodes de surveillance pour de la détection précoce ont été sélectionnées : le piégeage, le ceinturage de l’arbre (technique tuant l’arbre) et l’observation de l’arbre sous l’écorce. L’objectif est de cibler des zones qui maximisent les probabilités de détecter le plus précocement l’Agrile du frêne en Grande-Bretagne.
Dans le modèle développé, une dispersion naturelle de l’Agrile du frêne est implémentée ainsi qu’une dispersion à plus longue distance par les activités humaines. Les données des zones infestées comme la Russie et les États-Unis ont été utilisées pour paramétrer le modèle. Basé sur les connaissances de la littérature, les ports qui reçoivent les bois de chauffage d’origine européenne, les dépôts qui reçoivent ces bois à partir de ces ports, et la répartition estimée des lieux où ces bois seront brûlés sont utilisés comme point d’entrée probables. La probabilité d’entrée de l’Agrile du frêne est proportionnelle au volume de bois qui arrive dans ces points d’entrée avec 50% de chance que l’Agrile émerge au niveau du port si le bois entre dans la période de juin à septembre. L’émergence est également basée sur le lieu de dépôt du bois.
La probabilité de détection de l’Agrile du frêne selon chacune des 3 méthodes de surveillance est prise en compte. Une fonction objective a été définie pour maximiser la probabilité de détecter l’Agrile du frêne sachant un nombre d’années passé suivant sa première entrée en Grande-Bretagne. Plusieurs périodes de temps ont été testées : 2, 4, 8 ans. Le nombre de localisation de pièges a également été testé pour différentes valeurs : 20 (réalité de 2021), 50, 100, 200, 400, et 500 sites de piégeage ; ainsi que plusieurs niveaux de confiance concernant les routes d’invasion probables. Les auteurs ont également échangé avec 20 acteurs de la surveillance et du terrain à travers des interviews et des réunions. Les pratiques de surveillance actuelles ainsi que leurs possibles évolutions ont été discutées sachant les résultats des méthodes testées dans cet article.
Les résultats montrent que la connaissance des points d’entrée les plus probables augmentent la probabilité des détections. Ainsi, réduire le risque associé aux voies d’introduction inconnues impacte positivement la probabilité de détection. Grâce aux échanges réalisés avec les importateurs de bois de chauffage, les auteurs ont pu mettre en évidence que la voie d’introduction par les bois de chauffage est la source la plus probable d’introduction de l’Agrile du frêne en Grande-Bretagne. Mais le risque de celle-ci reste minimisé par la réglementation en vigueur dans l’UE, impliquant notamment des inspections aux frontières.
Une surveillance optimisée sur une période de 8 ans augmente la probabilité de détection, tout en devant considérer la possibilité d’un établissement antérieur, ne relevant pas de la détection précoce. Un objectif de détection pour un laps de temps de 4 ans après la première entrée de l’Agrile sur le territoire semble un bon compromis, avec une probabilité correcte de détecter le ravageur et une dispersion encore restreinte. L’optimisation de la surveillance sur des périodes de temps plus courtes diminue la probabilité de détection mais permet de détecter plus précocement la présence de l’organisme.
Le ceinturage des arbres et le piégeage semblent être les méthodes les plus appropriés pour de la détection précoce avec une faisabilité plus importante pour le piégeage (contrairement à ce que pensent les gestionnaires responsables de grandes zones de frênes). En effet, une détection précoce est mise en place concrètement si elle est peu coûteuse et réalisable avec les ressources disponibles. Or le ceinturage des arbres est une méthode coûteuse en main d’œuvre, argent et temps.
Les auteurs soulignent les limites de cette étude comme par exemple l’impossibilité de valider leur modèle de par l’absence de l’Agrile du frêne en Grande-Bretagne, ou encore certains paramètres du modèle très dépendants de l’environnement (température, espèces d’hôtes) et calibrés sur des données Russes et Américaines.
Au final, cette étude permet d’apporter une carte de surveillance de l’Agrile du frêne en Grande-Bretagne réalisable par l’agence gouvernementale et d’intérêt pour les acteurs. De plus, ce cadre de modélisation peut être utilisé pour d’autres organismes nuisibles.
Afrique / Multi-espèces / Méthode de surveillance et
application web dédiée
Cette étude présente une
plateforme-web de modélisation constituées de modèles démographiques et
physiologiques, tenant compte des conditions météorologiques observées
(PBDM) afin de représenter les dynamiques spatio-temporelles des
espèces, au sein des systèmes agricoles et naturels, pour élaborer des
réponses stratégiques de gestion des interactions
plantes–herbivores–ennemis naturels. Le modèle a été utilisé pour treize
espèces envahissantes de biologie variée en Afrique afin d’analyser leur
dynamique et leur répartition géographique de manière prospective.
Les 13 espèces sélectionnées (dont certaines ciblées par la veille de la Plateforme ESV) sont : Cochliomyia hominivorax ; Bactrocera oleae ; Halyomorpha halys et 3 de ses parasitoïdes ; Tuta absoluta ; Thaumatotibia leucotreta ; Spodoptera frugiperda ; Diaphorina citri et ses parasitoïdes (Tamarixia radiata), et le HLB (Candidatus Liberibacter asiaticus) ; Aedes albopictus ; Aedes aegypti ; Ceratitis capitata ; Bactrocera cucurbitae ; Bactrocera dorsalis ; et Anastrepha ludens.
Cette plateforme apporte aux chercheurs et aux politiques publiques un outil web facile d’utilisation, apportant un appui concret sur des problématiques de gestion d’organismes nuisibles envahissants. Grâce aux similitudes connues dans les étapes de développements de ces 13 espèces, les auteurs utilisent un modèle PBDM structuré en âges paramétrisé pour chaque espèce et par des données climatiques. Deux approches sont ensuite proposées : l’approche par le pool métabolique (MP) qui modélise l’acquisition et l’allocation de l’énergie, et l’approche par la fonction biodémographique (BDF) qui modélise des taux de développement et de mortalité, ou encore une période de dormance, notamment via des modèles de réponse fonctionnelle. Il est également possible d’avoir une approche mixte MP et BDF. Le modèle de dynamique de population PBDM prend en compte les différents temps de développement entre chaque espèce. Les taux quotidiens de natalité, de mortalité et de vieillissement d’une espèce sont calculés à l’échelle de l’Afrique, soit pour chaque point de l’espace, soit pour un ensemble des cellules géoréférencées d’un réseau trophique. Une représentation graphique peut être réalisée pour chaque cellule du réseau ainsi qu’un diagramme de flux représentant les points de liaison aux interactions trophiques. Une exécution pour 10 ans à un lieu donné prend entre 5 et 10 secondes. On peut extraire in fine les moyennes des variables annuelles sur plusieurs années, l’écart type et le coefficient de variation pour chaque cellule du réseau. L’impact d’une variable indépendante xi sur une variable dépendante y peut être estimée sur tout le jeu de données et un résumé sous forme de cartes par SIG peut être réalisé pour des variables sélectionnées. Par contre, le modèle ne prend pas en compte le mouvement des individus entre les cellules du réseau. Des données climatiques sont nécessaires pour calibrer le modèle mais les auteurs soulignent que l’impact du changement climatique n’est pas abordé dans cette étude. Cette thématique de recherche peut être testée dans tous les cas par la plateforme mise à disposition. Par ailleurs, les modèles peuvent être affinés selon les données ou les connaissances de la biologie de l’espèce grâce aux librairies modulaires et dynamiques utilisées.
Pour chacune des 13 espèces, les auteurs ont analysés la distribution et l’abondance relative et proposent une carte associée dans l’article.
Cochliomyia hominivorax, une mouche provoquant des myiases chez les animaux à sang chaud, est originaire des Amériques tropicales et subtropicales, et bien que sensible aux extrêmes thermiques, elle pourrait envahir l’Afrique subsaharienne via des zones favorables comme le Nil, malgré son éradication réussie ailleurs par la technique des insectes stériles. L’olivier, culture résistante à la sécheresse mais limitée par les extrêmes climatiques, pourrait s’étendre dans certaines régions d’Afrique avec des précipitations suffisantes, tandis que son principal ravageur, la mouche de l’olivier, y resterait moins abondante qu’en Méditerranée en raison de sa moindre tolérance à la chaleur.
Halyomorpha halys, espèce tempérée envahissante, présente un potentiel limité d’établissement en Afrique, restreint principalement aux zones côtières du nord et à l’extrême sud du continent, bien que certains modèles alternatifs (modèle de niche CLIMEX) prévoient une distribution plus large en Afrique subsaharienne.
Tuta absoluta, originaire des Andes, s’est révélé bien plus invasif qu’anticipé, colonisant rapidement l’Europe, l’Afrique et l’Asie, avec une répartition prospective en Afrique allant des zones côtières du nord jusqu’aux régions subtropicales et tropicales, où les conditions climatiques favorisent fortement sa prolifération.
Thaumatotibia leucotreta, originaire d’Afrique, est bien adapté aux climats tropicaux et subtropicaux, avec une activité optimale entre 10 et 35°C. Il présente un potentiel invasif limité en région méditerranéenne, principalement restreint aux côtes sud de l’Europe et nord de l’Afrique.
Spodoptera frugiperda, originaire des Amériques, est désormais établie en Afrique où elle menace le maïs et le sorgho. Elle est intolérante au froid, préfère les températures entre 13 et 37°C, et se développe surtout en zones tropicales et subtropicales. En Afrique, sa répartition potentielle suit une large bande sahélienne, avec des densités moindres qu’en Amérique centrale. Son expansion reste limitée en Europe.
Diaphorina citri, vecteur du Huanglongbing (HLB), est présent dans les régions tropicales et subtropicales d’Asie, des Amériques, et d’Afrique. Son développement optimal se situe entre 16 et 31°C, et est sensible au froid. En Afrique, sa répartition potentielle est très large. Son parasitoïde Tamarixia radiata, d’origine brésilienne réduit les densités de psylles d’environ 50%, mais sans enrayer son expansion. La maladie du HLB causée par CLas (Candidatus Liberibacter asiaticus), plus tolérantes aux températures extrêmes, pourraient se propager au-delà de l’aire du psylle.
Aedes albopictus et Aedes aegypti sont des vecteurs majeurs d’arbovirus comme la dengue, Zika et chikungunya. Le premier tolère mieux les climats tempérés grâce à la diapause de ses œufs, contrairement au second. Leurs seuils thermiques de développement diffèrent, A. albopictus étant plus résilient au froid. Les modèles PBDM prédisent une forte expansion d’A. albopictus en région paléarctique-méditerranéenne, tandis que A. aegypti reste limité aux zones tropicales et subtropicales. L’absence de données sur l’eau stagnante limite la pertinence de la sortie de ces modèles, mais ceux-ci s’alignent globalement avec les prédictions des modèles de niche (SDM) de Kraemer et al.
Les mouches des fruits tropicales, notamment Ceratitis capitata, Bactrocera cucurbitae, Bactrocera dorsalis et Anastrepha ludens, représentent une menace économique majeure et sont fréquemment détectées dans les zones tempérées. Leur potentiel invasif est limité par l’absence de diapause et la sensibilité au froid. Des modèles PBDM ont permis de prédire leur répartition future, notamment en Afrique, où B. dorsalis serait la plus abondante.
Les auteurs soulignent dans leur discussion qu’intégrer l’humidité relative et les plantes hôtes dans ces modèles permettrait d’affiner les prévisions, essentielles pour les politiques de prévention et de lutte.
Les modèles démographiques basés sur la physiologie et compte-tenu des conditions météorologiques (PBDM) offrent une approche intégrée et mécaniste pour simuler la dynamique des espèces invasives en fonction de leur biologie, des interactions écologiques et des conditions météorologiques. Ils sont utilisables à grande échelle géographique, notamment en Afrique, et permettent de prédire la répartition et l’abondance d’une espèce sans dépendre uniquement des données de présence. La structure de la plateforme facilite l’intégration de nouvelles données biologiques et physiologiques sans changer la base du modèle.
Espagne, Italie et Allemagne / Vignes / Réglementation, Méthode et mesure de lutte et Estimation du risque épidémiologique
En Espagne, le gouvernement régional de la
communauté autonome de Galice a ordonné des mesures
visant à empêcher la propagation de la flavescence dorée de la vigne (décret
29/2025 du 7 avril 2025), une maladie de quarantaine causée par un
phytoplasme transmis par la cicadelle américaine Scaphoideus
titanus. La maladie a été détectée dans cette région pour la
première fois courant novembre 2022. Le risque de propagation de la
maladie en péninsule Ibérique est élevé, en raison de détections
récurrentes en Catalogne depuis 1996. Bien que l’épidémie ait été
déclarée éradiquée en 2020 dans cette région, un nouveau foyer est
apparu à Gérone en décembre 2021, entraînant la mise en place d’une zone
délimitée. Suite à la détection de la maladie, le Portugal a établi une
zone infestée, près de la frontière galicienne, ainsi que deux zones
tampon au nord et au centre du pays. En complément, une zone tampon de
2,5 km a été définie dans le sud de la Galice autour des foyers,
affectant plusieurs paroisses des provinces de Pontevedra (A Cañiza,
Arbo, Crecente, Tomiño, Tui, As Neves, Salvaterra de Miño, Salceda de
Caselas) et d’Ourense (Padrenda). Le 21 janvier 2025, la direction
générale de l’Élevage, de l’Agriculture et des Industries
agroalimentaires a proposé de reconnaître d’utilité publique en Galice
la prévention et la lutte contre la flavescence dorée de la vigne, et
d’établir des mesures obligatoires en s’appuyant sur l’article 15 de la
loi 43/2002 sur la santé végétale. Les mesures de lutte obligatoire
concernent principalement des pépiniéristes et des opérateurs et
propriétaires du secteur viticole. Il est notamment prévu l’arrachage
des vignes abandonnées, des traitements insecticides, une surveillance
accrue, et la destruction des plants infectés sous 20 jours. Des zones
délimitées, tampons et à risque sont établies, avec des obligations
spécifiques et des aides sont prévues pour les viticulteurs respectant
la réglementation. La zone délimitée pourra être supprimée après 4
années consécutives sans détection de la maladie.
En Italie : La Décision de Gestion n° 268 du 26 mars 2025 relève de la mise à jour des mesures phytosanitaires d’urgence et des prescriptions contre la flavescence dorée de la vigne dans la région du Piémont, ainsi que la définition du plan d’actions opérationnel pour 2025. La lutte contre la flavescence dorée repose sur une stratégie prophylactique combinant plusieurs mesures : surveillance des jeunes plantations, élimination rapide des plants symptomatiques, arrachage hivernal des ceps infectés et des vignobles abandonnés, élimination des vignes sauvages en friche ou hors zones agricoles, ainsi que l’application de traitements insecticides ciblant le vecteur, selon les recommandations officielles en matière de produits phytosanitaires. Davantage de précisions sont apportées dans le document officiel (voir source) ainsi qu’une carte des zones délimitées pour la flavescence dorée et la liste des communes concernées.
La maladie se propage du sud vers le nord du continent européen. Bien que le phytoplasme de la flavescence dorée ait été détecté en Allemagne dès 2020, Scaphoideus titanus n’y a pas encore été observé ou piégé, cependant, il est présent à proximité de ces frontières, notamment en Alsace, depuis 2016. Une carte des risques d’infestation par la flavescence dorée a été élaborée pour la région viticole du Palatinat comme aide à la décision afin de favoriser une surveillance précoce et ralentir la propagation de la maladie.
Sources : xunta.gal, castelnuovoscrivia.al.it, agroscience.de .
Italie - Pouilles / Multi-espèces / Évolution de l’état
sanitaire
Le Département de l’agriculture, du développement
rural et de l’environnement de la région des Pouilles en Italie a
signalé la présence d’un foyer de Xylella fastidiosa
subsp. pauca dans une zone jusqu’à présent indemne
située dans la campagne de Minervino delle Murge, une
commune de la province de Barletta-Andria-Trani. Le
prélèvement de 1 798 échantillons de plantes dans la zone et leur
analyse en laboratoire a en effet permis d’identifier la bactérie dans
un olivier (Olea europea). Une surveillance renforcée de la
zone de 400 m autour de la zone infectée a été effectuée pour vérifier
la présence d’autres plantes infectées. Aucune autre plante infectée n’a
été détectée positive à la bactérie. Une zone délimitée a ensuite été
établie conformément à l’article 4 du règlement (UE) 2020/1201 au sein
de laquelle s’appliquent les mesures d’éradication prévues aux articles
7 à 11 du règlement (UE) n°2020/1201. Le document officiel partagé par
Emergenza
Xylella comprend des cartes de la zone délimitée de X.
fastidiosa subsp. pauca à Minervo delle Murge
mais également d’autres zones délimitées de X. fastidiosa
situées dans les Pouilles.
Plusieurs détections officielles de la sous-espèce multiplex ST-26 ont également été rapportées au cours des mois d’avril et de mai 2025 dans les Pouilles. Elles ont données lieu à la mise en place des nouvelles zones délimitées (ZD) suivantes : 1/ ZD Santeramo in Colle (9 plantes infectées situées à Cassano Murge) ; 2/ ZD Noicattaro et Triggiano plantes infectées trouvées à Bari, et 2 autres à Triggiano, 9 plantes infectées trouvées à Noicattaro) ; 3/ ZD Ginosa (2 plantes infectées trouvées à Ginosa).
Sources : emergenzaxylella.it,
emergenzaxylella.it
bis.
Espagne - Communauté valencienne / Multi-espèces / Évolution
de l’état sanitaire
La 21ᵉ mise à jour sur la situation de
Xylella fastidiosa dans la Communauté valencienne montre que la
maladie poursuit sa progression, tant en termes de superficie touchée
que de diversité des espèces hôtes infectées. La surface infectée
dépasse désormais les 4 000 hectares, et la superficie de la zone
délimitée atteint 165 559 hectares, incluant de nouvelles communes de la
province de Valence (Ador, La Font d’En Carròs, Oliva, Potries,
Villalonga et Aielo de Ruga) et marque également l’inclusion de Vall
d’Albaida (province de Valence). La liste des communes infectées s’élève
aujourd’hui à 70 avec l’ajout récent de la commune d’Alcoi (province
d’Alicante). Au moins 284 500 arbres ont déjà été abattus, soit 42 000
de plus depuis le dernier bilan, entraînant une perte de production
estimée à 1 200 tonnes. Le ministère de l’agriculture a indiqué que
Xylella fastidiosa a été détectée pour la première fois sur
trois nouvelles espèces ornementales ou arbustives : Cercis
siliquastrum (arbre de Judée), Prunus cerasifera
(prunier-cerise) et Prunus spinosa (prunellier), élargissant
ainsi la liste des végétaux hôtes de la bactérie dans la zone délimitée.
La sous-espèce identifiée dans la Communauté Valencienne est
multiplex. Une carte interactive permet de visualiser les
points d’échantillonnage de plantes positifs pour X. fastidiosa
(visibles uniquement à grande échelle) et la zone infectée ainsi que la
zone tampon déployées autour des plantes positives à la bactérie.
Sources : avaasaja.org,
portalagrari.gva.es,
informacion.es,
carte interactive.
Portugal/ Multi-espèces / Évolution de l’état
sanitaire
Depuis la publication du BM N°67 (février 2025), la Direction générale de
l’alimentation et de la médecine vétérinaire (DGAV) du Portugal a mis à
jour les zones délimitées (ZD) situées dans trois régions de son
territoire.
Région Nord
La ZD de Porto pour les sous-espèces fastidiosa et multiplex, couvre désormais les communes d’Arouca, Castelo de Paiva, Espinho, Gondomar, Maia, Matosinhos, Oliveira de Azeméis, Ovar, Paredes, Porto, Santa Maria da Feira, São João da Madeira, Valongo et Vila Nova de Gaia depuis la détection positive de la bactérie dans 22 échantillons de plantes (ordonnance Nº 50/G/2025 datée du 13 mai 2025). Les plantes hôtes infectées à ce jour dans la ZD sont listées ici.
La ZD de Bougado pour la sous-espèce multiplex comprend désormais 6 zones infectées situées sur la commune de Trofa depuis la détection positive de la bactérie dans 7 échantillons de plantes (ordonnance Nº 55/G/2025 datée du 13 mai 2025). Les plantes hôtes infectées à ce jour dans la ZD sont listées [ici(https://www.dgav.pt/wp-content/uploads/2021/08/Xfespecies-infetadas_ZDXf_Bougado.pdf).
Région Centre
La ZD de Castelo Branco II a été récemment mise en place (ordonnance N° 45/G/2025 datée du 5 mai 2025) après la détection positive de Xylella fastidiosa dans 1 échantillon de Cytisus sp. (identification de la sous-espèce en cours).
La ZD de Castelo Novo a été étendue (ordonnance Nº 51/G/2025 du 19 mai 2025) après la détection positive de Xylella fastidiosa subsp. fastidiosa dans 17 échantillons prélevés dans la zone délimitée de Castelo Novo et dans 2 échantillons prélevés dans la zone indemne dans la municipalité de Fundão. Les plantes hôtes (espèces et genres) infectées à ce jour dans la ZD sont listées ici.
La ZD de Covilhã/Fundão (fusion des ZD de Covilhã et de Fundão) a été étendue (ordonnance Nº 53/G/2025 datée du 19 mai 2025) après la détection confirmée de Xylella fastidiosa dans 9 échantillons de plantes prélevés dans la zone délimitée de Covilhã/Fundão et dans 2 échantillons prélevés dans la zone indemne. La ZD compte actuellement 47 zones infectées. Les plantes hôtes (espèces et genres) infectées à ce jour dans la ZD sont listées ici.
La ZD de Marrazes a été modifiée (ordonnance Nº 56/G/2025 datée du 19 mai 2025) après la détection confirmée de Xylella fastidiosa subsp. multiplex dans des échantillons de Lavandula stoechas et Metrosideros excelsa prélevés dans la commune de Leira. La ZD compte actuellement 1 zone infectée.
La ZD de Penamacor a été modifiée (ordonnance N° 54/G/2025 datée du 19 mai 2025) après la présence confirmée de Xylella fastidiosa subsp. fastidiosa dans 19 échantillons de plantes situées dans les municipalités de Penamacor et de Sabugal. La ZD pour X. fastidiosa subsp. fastidiosa compte actuellement 38 zones infectées. Les plantes hôtes (espèces et genres) infectées à ce jour dans la ZD sont listées ici.
La ZD de Póvoa de Midões a été modifiée (ordonnance N° 52/G/2025 datée du 19 mai 2025) après la présence confirmée de Xylella fastidiosa dans 1 échantillon d’Acacia dealbata, portant à trois le nombre total de zones infectées dans la zone délimitée pour la bactérie à Póvoa de Midões. La ZD pour X. fastidiosa subsp. fastidiosa et subsp. multiplex compte actuellement 38 zones infectées. Les plantes hôtes (espèces et genres) infectées à ce jour dans la ZD sont Acacia dealbata, Genista tridentata et Olea europaea.
Source : DGAV.
Figure 1 : Carte des zones délimitées concernant Xylella fastidiosa au Portugal. Source : DGAV.