Le bulletin d’Épidémiosurveillance en Santé Végétale est une revue des actualités concernant la santé du végétal en Europe et à l’International. Il contribue à faciliter l’accès aux informations concernant la santé des végétaux et leur diffusion. Le bulletin est validé au préalable par une cellule éditoriale composée d'experts scientifiques et de collaborateurs partenaires ayant un rôle de conseillers.
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Sommaire
Sujet phytosanitaire | Zone géographique | Cultures | Nature de l'information |
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Xylella fastidiosa | Espagne | Multi-espèces | Article scientifique |
ToBRFV | Malte | Tomates | Notifications de nouveaux cas |
Généralités | Monde | Multi-espèces | Revue scientifique |
Références des articles traités dans ce bulletin selon les organismes nuisibles et l'échelle spatiale
MONDE
Généralités |
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PAYS
Si Philaenus spumarius (cercope des prés, famille des Aphrophoridae) est un vecteur avéré de X. fastidiosa et prépondérant en Europe. Il a été démontré récemment que Neophilaenus campestris (famille des Aphrophoridae) est capable de transmettre la bactérie à des oliviers, et potentiellement, à d’autres espèces de plantes (Cavalieri et al., 2019). Or N. campestris est très abondant en Espagne, colonisant principalement des espèces de Poaceae (graminées) poussant sous les oliviers. La capacité des insectes vecteurs de X. fastidiosa à se disperser dans le paysage conditionne la propagation de la bactérie. Une étude conduite en Espagne a cherché à comprendre la dynamique de dispersion de N. campestris en combinant deux expérimentations : (1) des mesures de vols en conditions contrôlées au laboratoire via un dispositif de manège de vol et (2) une expérience de marquage-lâcher-recapture (MRR) réalisée en utilisant des poudres fluorescentes, et conduite dans quatre oliveraies espacées de 200m entre le 23 mai et le 5 juillet 2019 à Los Santos de la Humosa (région de Madrid). Les lâchers d’insectes ont été effectués dans des oliveraies où les graminées dominaient, les recaptures ont été réalisées dans 12 sites différents où d’autres espèces de plantes dominaient (e.g. pins, chênes, amandiers) et qui étaient situés entre 94 m et 2 754 m du point de lâcher le plus éloigné. L’expérimentation (1) a permis de montrer que indépendamment du sexe et du marquage à la poussière fluorescente, la vitesse moyenne de vol de N. campestris en manège de vol était de 0,26 m/s, et qu'un individu avait été capable de parcourir jusqu’à 1,4 km en un seul vol de 82 min. L’expérimentation (2) montre que N. campestris est capable, en 35 jours, de se déplacer des oliveraies aux zones naturelles où se trouvent des pins, avec des individus marqués retrouvés sur Pinus halepensis et P. pinea uniquement (pas sur d’autres espèces d’arbres). Ceci suggère que malgré le caractère polyphage de l'insecte, N. campestris a une forte préférence migratoire pour les pins en été et cela confirme des observations antérieures (e.g. Morente et al., 2018). Parmi ces individus marqués, cinq ont été recapturés à près de 2,4 km du point de lâcher (2473 m pour la plus longue distance). Ces résultats contrastent avec ceux obtenus pour P. spumarius dans l’étude MRR de Bodino et al. (2020) que nous avions présentés dans le BBM N°18. En effet, l’étude italienne indiquait que 60 jours après le lâcher, 50% de la population de P. spumarius dans les oliveraies se déplaçait jusqu'à une distance de 200 m (98% de la population à moins de 400 m et 2% au-delà de 400 m, mais sans préciser les distances maximales). Lago et al. (2021) discutent leurs résultats au regard de ceux de l’équipe italienne, notamment, ils mentionnent l’importance de la taille de population des vecteurs (qui était plus petite dans leur étude comparée à l’étude italienne) ainsi que la vitesse et la direction du vent qui auraient pu influencer le déplacement de N. campestris sur de longues distances. Les auteurs mentionnent par ailleurs que la présence de pins dans le voisinage d’oliveraies est susceptible de favoriser l'établissement et la prolifération de N. campestris tout au long de l'année sur un site donné. Ainsi, dans ces oliveraies, les nymphes peuvent se développer principalement sur les graminées, et les adultes émergents passent la majeure partie de l'été sur les pins environnants, puis reviennent dans l'oliveraie après les premières pluies automnales pour s'accoupler et pondre leurs œufs sur les graminées.
Les résultats sur N. campestris montrent que l’insecte est capable de se déplacer bien au-delà de 400 m et que sa population est susceptible de s’établir tout au long de l'année dans une zone donnée, proliférer et transmettre rapidement X. fastidiosa d'un arbre à l'autre. Les auteurs suggèrent que l'une des composantes essentielles de la stratégie globale pour lutter contre X. fastidiosa serait de mettre en place une gestion des populations de vecteurs dès leurs premiers stades de développement. Source : Lien
A la fin de l’année 2020, plusieurs nouveaux foyers de ToBRFV ont été détectés en Europe: en Belgique, aux Pays-Bas et en Espagne, comme l’ont rapporté les BBM N°21 et N°22. C’est à présent dans le bassin méditerranéen que la maladie est signalée, puisque la direction de la protection des végétaux de Malte a annoncé la détection de semis infectés sur leur territoire.
Ces détections ont eu lieu dans le cadre des plans de surveillance annuels du pays. Cette surveillance inclut des inspections visuelles et des prélèvements sur le matériel végétal importé, exporté, et en cultures. Dans le cadre des contrôles du matériel importé, 7 échantillons de graines venant d’Italie se sont révélés positifs sur 28 testés. De plus, dans le cadre de la surveillance du territoire, 5 échantillons de semis se sont révélés positifs sur 100 testés. Les autorités comptent adopter toutes les mesures nécessaires à l’éradication du virus sur le territoire. Ainsi, la direction de la protection des végétaux de Malte a notamment appelé les producteurs professionnels et amateurs de tomates et de poivrons à les contacter pour toute suspicion de cas. Sources : Lien 1, Lien 2