Le bulletin d’Épidémiosurveillance en Santé Végétale est une revue des actualités concernant la santé du végétal en Europe et à l’International. Il contribue à faciliter l’accès aux informations concernant la santé des végétaux et leur diffusion. Le bulletin est validé au préalable par une cellule éditoriale composée d’experts scientifiques et de collaborateurs partenaires ayant un rôle de conseillers.



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Sommaire
Sujet phytosanitaire Zone géographique Cultures Nature de l’information
Xylella fastidiosa Portugal Multi-espèces Evolution de l’état sanitaire
Popilla japonica France Multi-espèces Réglementation
Popilla japonica Italie Multi-espèces Article scientifique
Flavescence dorée France Vignes Bilan officiel provisoire
Trioza erytreae Portugal Agrumes Evolution de l’état sanitaire

Xylella fastidiosa


Portugal / Multi-espèces / Evolution de l’état sanitaire

Après l’actualisation de la zone délimitée (ZD) pour Xylella fastidiosa dans la région métropolitaine de Porto le mois dernier (voir BM N°45), la Direction générale de l’alimentation et de la médecine vétérinaire du Portugal (DGAV) a mis à jour la ZD de l’aire métropolitaine de Lisbonne et a créé, toujours pour cette bactérie, une ZD dans une nouvelle aire géographique du pays.

Dans l’aire métropolitaine de Lisbonne, la présence de X. fastidiosa a été confirmée dans deux nouveaux sites situés dans les municipalités de Sintra et Oeiras. Ces nouvelles détections ont conduit la DGAV à mettre à jour de la ZD (voir l’arrêté N°65/G/2022). A ce jour, la ZD couvre en partie les communes de Sintra, Amadora, Oeiras et Cascais, alors que la zone infectée concerne uniquement Sintra et Oeiras (4 foyers en tout). Les espèces hôtes identifiées infectées dans la ZD sont Salvia rosmarinus (romarin), Elaeagnus angustifolia (olivier de bohême) et Olea europaea subsp. sylvestris (olivier sauvage). La sous-espèce de la bactérie a pu être identifiée pour Elaeagnus angustifolia, il s’agit de X. fastidiosa subsp. fastidiosa ST2.

La surveillance officielle de X. fastidiosa conduite au Portugal a permis de confirmer l’infection par la bactérie de deux échantillons de Prunus dulcis, prélevés à deux endroits dans la commune de Lousã (région de Gândaras). La sous-espèce identifiée est X. fastidiosa subsp. multiplex. Une ZD a été établie pour la région de Gândaras, elle couvre en partie la commune de Lousã (voir les arrêtés N°67/G/2022 et N°72/G/2022).

Sources : Lien 1 et Lien 2.


Figure 1 : Carte des municipalités touchées entièrement ou partiellement par la zone délimitée de X. fastidiosa au Portugal ainsi que la commune où la bactérie a été éradiquée. Source :Lien.

Popillia japonica


France / Multi-espèces / Réglementation

Un plan national d’intervention sanitaire d’urgence (PNISU) en santé des végétaux vient d’être publié pour Popillia japonica. Le PNISU est un dispositif qui vise à (1) organiser la réponse des services de l’État dans le cas de la découverte de la présence suspectée ou confirmée d’un organisme nuisible de quarantaine ou émergent sur le territoire national et (2) à préparer les modalités d’intervention opérationnelles contre la présence des organismes de quarantaine prioritaires (OQP) (voir DGAL/MUS/2022-329 pour les principes généraux).

L’Italie et la Suisse ont adopté des mesures d’enrayement à défaut d’avoir réussi à éradiquer le scarabée japonais (voir BM N°44). Récemment, des interceptions de coléoptères ont eu lieu en Allemagne (voir BHV-SV 2022/34). L’arrivée du ravageur polyphage (déjà plus de 400 espèces de plantes cultivées ou sauvages recensées comme hôtes) en France pourrait avoir de graves conséquences économiques, environnementales, sociales, patrimoniales et autres, en impactant les zones agricoles et non agricoles. En juin 2022, l’Anses à publié un rapport d’expertise collective sur la probabilité d’introduction de P. japonica dans l’hexagone, incluant des recommandations d’actions en termes de surveillance puis de lutte à mettre en œuvre (voir BHV-SV 2022/23). L’instruction technique DGAL/SDSPV/2022-745 datée du 4 octobre 2022, consécutive aux travaux d’expertise de l’Anses, vise à préparer les services de l’État à la mise en place de mesures conservatoires dans le cas d’une suspicion et à la mise en œuvre de mesures de lutte dans le cas d’une confirmation de foyer de P. japonica sur le territoire français. Le document inclue diverses fiches techniques, et précise notamment (1) le processus de confirmation de foyer (prélèvements, mesures conservatoires, enquête épidémiologique, notification du foyer et les mesures de gestion), et (2) les actions à conduire dès la confirmation d’un foyer (zonage, éradication, surveillance, restriction de mouvements, formation).

Sources : Lien 1, Lien 2 et Lien 3.



Italie / Multi-espèces / Modélisation de la propagation du scarabée japonais à partir d’une zone récemment infestée

Un modèle mathématique basé sur une méthode de deep learning a été développé afin de prédire et de quantifier la propagation de Popillia japonica (et/ou de futurs points chauds) en tenant compte de facteurs paysagers. Il s’agit d’un modèle qui peut être recalibré régulièrement via l’intégration de nouvelles données de surveillance, pour des positions géographiques précises et qui est susceptible d’aider à mettre en place des actions de lutte et de surveillance dans les zones identifiées comme étant vulnérables.

Le modèle itératif a été construit à partir de données de capture géoréférencées issues de la surveillance réalisée de 2015 à 2019 en Lombardie (surface totale d’environ 2 000 km2). Le modèle prend en compte (1) un facteur de dilution de la source de P. japonica basé sur des variogrammes (décrivant la variabilité des captures selon la distance séparant les points d’échantillonage) ; (2) trois classes d’occupation du sol (plus ou moins favorables à la colonisation du ravageur) ; et (3) l’évolution de l’abondance de P. japonica au fil des années au niveau des zones étudiées.

Les variogrammes des données de piégeage ont indiqué que les captures de P. japonica étaient spatialement corrélées à une distance allant de 7,5 à 15 km au fil des ans ; ces résultats d’autocorrélation spatiale ont été confirmés par les estimations du modèle. Ces observations sont en adéquation avec les résultats de précédentes études, notamment aux États-Unis d’Amérique avec une dispersion d’abord exponentielle, puis linéaire jusqu’à une distance moyenne de 15 km (Lewis, et al. 2016). Les cartes de prédiction issues du modèle ont montré que la propagation du scarabée japonais en Lombardie, serait plus forte vers le sud et le sud-est. Il s’agit de zones correspondant majoritairement à des terres cultivées, des prairies, et des bois, favorables à l’alimentation et la reproduction du coléoptère. Comme des erreurs pouvent se produire lorsque les simulations sont répétées pendant un trop grand nombre d’années à partir de celle de l’activation, les auteurs recommandent un recalibrage périodique du modèle avec de nouvelles observations (au moins tous les deux ans). En tenant compte de cette recommandation, le modèle proposé pourrait permettre de prédire de nouvelles zones infestées, et ainsi, prévenir, la propagation de P. japonica à travers la mise en œuvre de mesures de gestion anticipées pour limiter l’apparition de nouveaux foyers.

Source : Lien.

Dépérissement de la vigne - Flavescence dorée


France, région PACA / Vigne / Bilan officiel provisoire

Un nouveau bilan provisoire daté du 7 octobre 2022 de la campagne de prospection des parcelles contaminées par la flavescence dorée (FD) en région PACA vient d’être publié. Il fait suite au bilan provisoire du 13 septembre 2022 (voir BM N°45). Ce nouveau bilan fait apparaître depuis le 14 septembre, 37 nouvelles parcelles contaminées dans les Bouches du Rhône et 75 autres dans le Vaucluse dont deux nouvelles communes touchées dans le Vaucluse : Mirabeau et St Martin de la Brasque. Au total, 214 parcelles sont actuellement recensées contaminées suite aux analyses officielles, ces parcelles concernent 45 communes. A cela, s’ajoute seize parcelles identifiées contaminées par d’autres analyses. En région PACA, seuls les départements des Hautes Alpes et du Var demeurent exempts de la FD actuellement.

Source : Lien.

Trioza erytreae (vecteur de Candidatus Liberibacter spp., l’agent causal de la maladie du Huanglongbing)


Portugal / Agrumes / Évolution de l’état sanitaire

La zone délimitée (ZD) concernant Trioza eryreae vient d’être mise à jour par la DGAV (Direction générale de l’office alimentaire et de la médecine vétérinaire du Portugal) à travers l’Ordre N°66/G/2022 daté du 14 octobre 2022. La ZD comprend 33 nouvelles paroisses (20 dans la région Nord et 10 dans la région Sud). Elle couvre les paroisses où l’insecte a été détecté, ainsi qu’une zone tampon d’un rayon de 3 km autour de ces paroisses ou groupe de paroisses. Une description détaillée de cette ZD actualisée est précisée dans l’annexe du document officiel. Au-delà de la zone continentale du Portugal, la ZD concerne aussi toutes les paroisses des îles de Madère et de Porto Santo. Des mesures phytosanitaires réglementaires continuent à être mises en place dans la ZD à travers des traitements chimiques, des tailles sévères, des restrictions de mouvement et de production de plantes hôtes, à l’exception des fruits, mais aussi à travers de la lutte biologique avec le lâcher de Tamarixia dryi dans la zone infestée (source officielle non publiée). Un an après la première détection de T. erytreae dans la région de l’Algarve, à Aljezur, le vecteur s’est dispersé le long de la côte atlantique pour se retrouver aujourd’hui à moins de 120 km des premières plantations d’agrumes de la province espagnole de la Huelva. Pour rappel, plus tôt dans l’année, la DGAV avait publié un nouveau plan d’urgence concernant le HLB (voir BHV-SV 2022/09).

Sources : Lien 1 et Lien 2.

Figure 2 : Zone délimitée concernant T. erytreae, actualisé le 14 octobre 2022. Les paroisses infestées figurent en orange et les zones tampon en gris. Source de la figure : DGAV Ordre N°66/G/2022.