Le bulletin d’Épidémiosurveillance en Santé Végétale est une revue des actualités concernant la santé du végétal en Europe et à l’International. Il contribue à faciliter l’accès aux informations concernant la santé des végétaux et leur diffusion. Le bulletin est validé au préalable par une cellule éditoriale composée d’experts scientifiques et de collaborateurs partenaires ayant un rôle de conseillers.
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Sujet phytosanitaire | Zone géographique | Cultures | Nature de l’information |
---|---|---|---|
Popillia japonica | Allemagne | Multi-espèces | Notification de nouveaux cas |
Popillia japonica | Italie | Multi-espèces | Articles scientifiques |
Bactrocera dorsalis | France | Multi-espèces | Notification de nouveaux cas |
Xylella fastidiosa | Italie | Oliviers | Article scientifique |
Xylella fastidiosa | Italie | Multi-espèces | Notification de nouveaux cas |
Anoplophora glabripennis | Suisse | Multi-espèces | Notification de nouveaux cas |
ToBRFV | Finlande | Tomates, piments, poivrons | Notification de nouveaux cas |
France / Multi-espèces / Notification de nouveaux
cas
Nous avions rapporté l’année dernière la détection de Bactrocera dorsalis dans le Var (BHV-SV 2021/34). A la mi-juillet 2022, c’est dans le Haut-Rhin qu’un mâle de la mouche orientale des fruits a été capturé à Pfstatt par le réseau de surveillance régional des organismes nuisibles aux végétaux. Depuis cette détection, les résultats de la surveillance ne montrent pas d’installation d’un foyer. Les services de l’État, FREDON France, et les organisations agricoles ont renforcé les mesures de surveillance en développant le réseau de piégeage dans un rayon de 7,5 km autour du lieu de capture. Des mesures prophylactiques ont également été appliquées sur les cultures. Pour ce nouveau cas, les premiers éléments d’investigation établissent un lien avec l’importation de fruits exotiques contaminés. Ainsi, la préfecture rappelle l’importance du respect des mesures de prévention en vigueur à l’importation dans les territoires français et européens, mais aussi la prohibition des fruits exotiques dans les composts, notamment chez les particuliers.
Figure 1 : Carte des communes françaises
ayant piégé des spécimens de Bactrocera dorsalis. Sources : DRAAF
PACA, France3,
ANSES
et BM
n°33.
Allemagne / Multi-espèces / Notification de nouveaux cas
Alors que les foyers de Popillia japonica se développent toujours en Suisse et en Italie (notamment vers l’ouest), cet insecte a été détecté à deux reprises récemment en Allemagne.
Un premier scarabée japonais mâle a été capturé en juillet dans un piège à phéromones, installé à la gare de Fribourg-en-Brisgau (sud-ouest du pays), alors qu’un individu avait déjà été trouvé dans cette zone à l’automne dernier (BM N°33). Un second coléoptère a été retrouvé piégé en août par les services de protection des végétaux du Bade-Wurtemberg, à Weil am Rhein, dans le quartier de Lörrach, à environ 50 kilomètres à vol d’oiseau de Fribourg. Il s’agissait cette fois-ci d’une femelle, qui a potentiellement pu effectuer une ponte avant d’être capturée. D’après les experts, ces coléoptères viendraient des zones infestées du nord de l’Italie, par voie de transport de marchandises et/ou de personnes. Pour prévenir l’arrivée de P. japonica dans des wagons de marchandises, les autorités allemandes avaient placé des pièges dans les gares du Bade Wurtemberg. Depuis mai 2022, le service de la protection des végétaux de Fribourg surveille la zone de la première détection de coléoptères avec 8 pièges à phéromones. De plus, un réseau de surveillance de 42 pièges a été mis en place dans tout le Länder de Bade-Wurtemberg, principalement le long des principales artères de circulation.
Actuellement, les services compétents du Bade-Wurtemberg cherchent à savoir si les insectes capturés étaient des « passagers clandestins » ou bien s’ils provenaient de populations nouvellement établies dans la région. Pour cela des pièges supplémentaires ont été installés dans un rayon de 1km autours des deux sites de captures. Au vu des risques associés à l’établissement de cet insecte très polyphage sur le territoire allemand, les citoyens sont appelés à signaler toute suspicion de détection de P. japonica. Les photos, échantillons congelés et informations relatives au lieu de détection sont à adresser au Centre de technologie agricole d’Augustenberg (LTZ). A ce jour, sur les 70 signalements, aucun scarabée japonais n’a été identifié.
En Italie, suite à notre dernier point sur ce foyer dans le Piémont et en Lombardie (BM N°40), les détections qui ont eu lieu en Sardaigne et dans les régions d’Emilie-Romagne et du Val d’Aoste ont été ajoutées à la carte ci-dessous. Ainsi, en 2020 et 2021, quelques individus adultes (respectivement 4 et 5) ont été piégés dans les provinces de Parme et de Plaisance. En 2021, un mâle a été trouvé dans un piège à proximité d’une aire d’autoroute sur la commune de Pollein, à 45 km du foyer connu. En Sardaigne, c’est aussi en 2021 que la détection d’une femelle dans un piège a eu lieu près de l’aéroport principal de l’île, entraînant l’installation de pièges supplémentaires. Cette découverte est considérée comme une incursion sans établissement à ce jour.
Sources : Lien 1, Lien 2, Lien
3, Lien 4.
Figure 2 : Carte de la commune à nouveau
infestée en Allemagne et des communes/provinces des zones infestées et
zones tampons concernant Popillia japonica en Italie et Suisse.
Sources : topagrar,
BM
n°40, et ec.europa.eu.
Italie / Multi-espèces / Article scientifique – Étude
des facteurs susceptibles d’influencer la préférence d’habitat de
Popillia japonica suite à une introduction récente
Le scarabée japonais représente une menace pour les plantes cultivées et sauvages et fait partie de la liste des vingt ravageurs considérés prioritaires dans l’Union Européenne (Règlement délégué (UE) 2019/1702). Depuis la première détection de Popillia japonica en Europe en 1970 dans les Açores (île de Terceira), la présence du ravageur a été rapportée dans des pays voisins de la France (voir la brève ci-dessus), principalement en Italie dès 2014 et où le ravageur s’est propagé jusqu’à couvrir en 2021 plus de 14.000 km2 (OEPP).
En vue de mieux évaluer les risques liés à P. japonica et afin d’optimiser des actions de gestion spécifiques, une analyse approfondie des principaux facteurs affectant le cycle biologique et la dynamique spatio-temporelle des populations de l’espèce a été conduite. Les auteurs (Simonetto et al., 2022) ont cherché à décrire avec précision la niche écologique du ravageur en prenant en compte des variables liées à l’occupation des sols, des critères pédologiques, la météorologie et l’historique des infestations. Les modèles statistiques utilisés, LRM (Logistic Regression Model) et GAM (Generalized Additive Model), visaient respectivement à identifier les principaux facteurs influençant la probabilité de présence de P. japonica (dans une zone d’introduction récente en Lombardie), et à évaluer des niches bidimensionnelles pour l’étude des effets combinés de plusieurs variables sur la distribution potentielle du scarabée japonais. Les auteurs se sont basés sur les données d’occurrence des larves obtenues via des carottages de sols lors des campagnes de surveillance conduites en 2017 et en 2018.
Les résultats de l’étude ont montré que la probabilité de trouver des larves du ravageur était plus forte pour les sols avec une teneur moyenne de carbone organique (ni trop faible, ni trop élevée) et qu’elle augmentait fortement avec l’augmentation du pH dans les sols sableux par rapport aux autres types de sols étudiés. La relation entre le pH et la probabilité de trouver des larves était non linéaire et fortement influencée par la taille des particules du sol. Une humidité excessive des sols pourrait entraver la présence des larves de P. japonica. De plus, des conditions d’humidité et de de température du sol extrêmement élevées ou extrêmement basses pendant des périodes très courtes ou très longues ne seraient pas propices à la présence de larves du ravageur. Néanmoins, des périodes modérément longues de conditions de sol froid pour lequel l’infestation a commencé au moins deux ans plus tôt pourraient favoriser la présence du scarabée japonais. Les informations obtenues à travers cette étude sont susceptibles d’aider à l’élaboration de cartes de risque, à mettre en place des actions préventives de lutte pour les zones à haut risque et à adapter les pratiques agronomiques notamment par rapport à l’utilisation d’engrais organiques et la gestion du sol.
Source : Lien.
Des scientifiques ont recherché quels facteurs du paysage européen étaient favorables à la propagation de Popillia japonica et quelles étaient les zones d’invasion potentielles dans les régions du Piémont et de la Lombardie (plaine du Pô en Italie), où l’espèce exotique envahissante est la plus présente en Europe. La modélisation de la distribution mondiale du scarabée japonais selon des scénarios d’occupation du sol et de changement climatique prédisait une occupation rapide (jusqu’à 50%) de tous les territoires européens favorable à l’établissement du scarabée japonais (Della Rocca et al., 2022).
La zone d’étude était la plaine du Pô, caractérisée par un climat tempéré subcontinental et par le plus fort niveau d’urbanisation et de densité de population d’Italie. Les auteurs ont utilisé les données d’occurrence de P. japonica (et des autres espèces) issues de la plateforme de science citoyenne en ligne iNaturalist (période 2014-2021) et ont développé des modèles linéaires généralisés et additifs bayésiens. Pour représenter l’habitat du ravageur, onze variables prédictives ont été prises en compte (topographiques, d’occupation du sol et anthropiques).
Les résultats ont montré que P. japonica n’était pas lié au pourcentage de forêts de feuillus et de prairies mais était lié à la présence humaine (population dispersée ou dense) ainsi qu’aux cultures intensives. L’occurrence du ravageur était positivement liée au pourcentage de rizières jusqu’à un pic autour de 50%. Les cultures intensives conduisant souvent à la simplification du paysage, la perte de biodiversité et l’utilisation récurrente d’engrais chimiques et de pesticides ont pu favoriser l’expansion du ravageur en éliminant ses prédateurs potentiels. Un peu plus de 32% de la surface de la zone d’étude (16.000 km2) serait potentiellement propice au scarabée japonais avec une distribution de P. japonica qui devrait être plus importante en Lombardie que dans le Piémont.
Cette étude indique que les facteurs anthropiques sont ceux qui pèsent le plus sur la distribution de P. japonica. Or compte-tenu des dommages causés par P. japonica dans les cultures, cela constitue un problème économique majeur pour la plaine du Pô, mais aussi dans d’autres régions européennes. L’étude démontre également l’utilité des plateformes en ligne de science participative pour détecter et prédire la propagation des espèces envahissantes. Bien qu’il existe des initiatives à grande échelle pour essayer d’apporter des solutions en matière de lutte intégrée contre le scarabée japonais (comme par exemple le projet financé par le programme de recherche et d’innovation Horizon 2020 IPM-Popillia de l’UE), à ce jour, il n’existe pas de moyen de contrôle efficace pour lutter contre P. japonica à grande échelle.
Source : Lien.
Suisse / Multi-espèces / Notification de nouveaux
cas
Fin août, dans la commune de Zell (canton de Lucerne, Suisse), des individus de longicorne asiatique Anoplophora glabripennis ont été capturés. Avec l’aide d’arboriculteurs et de chiens renifleurs, des recherches sont en cours pour identifier l’éventuelle source d’infestation à l’origine de ces captures. Des mesures de prévention et de contrôle ont été établies (voir les zones délimitées pour la commune de Zell) ainsi que des mesures d’éradication avec l’abattage et la destruction des arbres infestés. Le canton de Lucerne a mis en place un point de collecte spécial pour les déchets verts à destination des habitants de Zell. En Suisse, le ravageur avait pu être éradiqué en 2019 (voir OEPP), et n’avait pas été redétecté jusqu’à ces récentes captures.
Source : Lien 1, Lien 2, Lien 3, Lien 4.
Figure 3 : Carte de la commune ou régions
où Anoplophora glabripennis a été détecté depuis 2019 en
Europe. Source : EPPO
Italie / Multi-espèces / Notification de nouveaux cas
Selon l’organisation professionnelle Coldiretti Puglia, Xylella fastidiosa progresse dans la province de Bari dans les Pouilles. Durant la campagne de terrain de juillet, des plantes positives ont été détectées à Fasano et Martina Franca (en zone infectée), et à Monopoli, Polignano a Mare et Alberobello (en zone tampon). Par rapport la situation sanitaire de janvier 2022 relayée dans le BM N°38, seule la commune de Alberobello change de statut en devenant une zone tampon comportant des zones infectées. Les plantes positives étaient : Olea europaea, Rosmarinus officinalis, Myrtus communis, Polygala myrtifolia et Prunus dulcis. De nouvelles méthodes de surveillance telles qu’une « Task force cynophile » sont envisagées dans le Plan Anti-Xylella 2022. Toujours dans le même objectif, le développement de nouveaux outils de surveillance par télédétection est également prévu dans le cadre du projet de recherche REDoX (Remote Early Detection of Xylella) financé par le Distretto Tecnologico Aerospaziale, prévoyant l’exploitation d’images satellites et de données acquises par drones.
Figure 4 : Zones délimitées pour la
surveillance et la lutte contre X. fastidiosa dans les
Pouilles. Sources : emergenzaxylella.it,
webapps.sit.puglia
Italie / Multi-habitats / Article scientifique – Distribution spatio-temporelle des vecteurs de X. fastidiosa dans des paysages hétérogènes
Xylella fastidiosa subsp. pauca, la bactérie responsable du syndrome de dépérissement rapide de l’olivier, est vectorisée principalement par Philaenus spumarius et Neophilaenus campestris (vecteurs avérés de la bactérie) et potentiellement par d’autres espèces d’insectes piqueurs-suceurs du xylème présents dans diverses habitats.
Une analyse de réseaux bipartites entre les espèces de vecteurs et les parcelles d’habitat a testé une trentaine de matrices d’interactions afin de mieux comprendre les interactions complexes entre ces vecteurs et les paysages et habitats qu’ils occupent. Un échantillonnage de vecteurs a été réalisé dans dix paysages hétérogènes (de 50 ha environ chacun) comprenant différents habitats (terres arables, prairies, oliveraies, vignobles et forêts) dans le sud de l’Italie au cours de trois saisons (printemps, été et automne). Des modèles linéaires généralisé ont été utilisés pour tester statistiquement les effets : i) le type d’habitat et de la saison sur l’abondance des vecteurs, ii) la spécialisation des vecteurs selon les espèces et les saisons, et iii) la propagation des vecteurs aux oliveraies selon le type d’habitat et la saison.
L’échantillonnage conduit entre fin avril et mi-octobre a permis de déterminer—parmi les 4344 insectes vecteurs confirmés et potentiels— les trois espèces les plus abondantes dans tous les habitats : P. spumarius, N. campestris et Cicadella viridis. L’espèce P. spumarius s’est avérée être la plus généraliste (occupant tous les habitats) bien qu’elle ait été retrouvée plus abondante dans les oliveraies quelle que soit la saison et avec un pic au printemps, surtout dans les prairies. N. campestris quant à lui était surtout présent au printemps, et en plus forte densité dans les prairies. C. viridis était plus abondante dans les terres arables, quelle que soit la saison, mais aussi dans les prairies et les forêts, surtout au printemps. Par conséquent, si le rôle vectoriel de C. viridis (vecteur potentiel à ce jour) venait à être avéré, ce dernier pourrait jouer un rôle important dans la propagation de X. fastidiosa spp. aussi bien pour la vigne que pour d’autres cultures. Plus généralement, les résultats montrent que la propagation de vecteurs à partir des prairies (espaces non cultivés) était élevée au printemps et diminuait en été. La dispersion des vecteurs vers les oliveraies à partir d’autres parcelles d’oliviers demeurait toujours élevé. Les oliveraies sont apparues comme les habitats les plus propices au maintien de grandes populations de vecteurs, contrairement aux terres arables et aux vignobles.
Bien que des pratiques de gestion dans le paysage, comme le fauchage des prairies au début du printemps, permettraient d’intercaler des vergers d’oliviers avec des espaces ouverts et secs, des recherches supplémentaires devront être menées pour tester d’autres pratiques de gestion locale pour réduire les populations de vecteurs au sein des agroécosystèmes.
Source : Lien.
Finlande / Tomates, poivrons, piments / Notification de nouveaux cas
Au mois de juillet 2022, le « tomato brown rugose fruit virus » a été détecté pour la première fois en Finlande. Cette détection est apparue dans le cadre de la surveillance officielle et à partir de plants asymptomatiques de tomates (Solanum lycopersicum) cultivés dans une unité de production (d’environ 600m2) située dans la municipalité de Turku, dans la région de Varsinais-Suomi. Des recherches sont en cours pour identifier la source de cette contamination et des mesures d’éradication vont être appliquées prochainement.