Le bulletin d’Épidémiosurveillance en Santé Végétale est une revue des actualités concernant la santé du végétal en Europe et à l’International. Il contribue à faciliter l’accès aux informations concernant la santé des végétaux et leur diffusion. Le bulletin est validé au préalable par une cellule éditoriale composée d’experts scientifiques et de collaborateurs partenaires ayant un rôle de conseillers.
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Sujet phytosanitaire | Zone géographique | Cultures | Nature de l’information |
---|---|---|---|
Xylella fastidiosa | Italie | Multi-espèces | Évolution de la situation sanitaire |
Xylella fastidiosa | Espagne | Multi-espèces | Évolution de la situation sanitaire |
Généralité | Monde | Multi-espèces | Evaluation de l’efficacité des stratégies de surveillance - Article scientifique |
Généralité | Italie | Multi-espèces | Méthodes pour améliorer la surveillance - Article scientifique |
Popillia japonica | Italie | Vignes | Évaluation du coût de la gestion privée du ravageur - Article scientifique |
ToBRFV | Bulgarie | Tomates, poivrons, piments | Évolution de la situation sanitaire |
ToBRFV | Italie | Tomates, poivrons, piments | Évolution de la situation sanitaire |
Italie et Espagne / Multi-espèces / Notification de nouveaux cas, Évolution de la situation sanitaire
Italie
Notre dernier point sur la situation de
Xylella fastidiosa en Italie date de janvier 2022 (voir BM N°38). La situation évolue lentement avec une
propagation de la bactérie vers le nord dans les Pouilles, se
rapprochant de Bari. En effet, de nombreuses détections ont eu lieu dans
la commune de Castellana de Grotte et deux oliviers infectés ont été
détectés dans la commune de Putignano dernièrement. La commune de
Putignano était jusqu’alors située dans la zone démarquée, et passe
ainsi en zone infestée. La surveillance des insectes vecteurs montre
aussi certaines zones qui sembleraient être plus à risque de par
l’abondance des insectes comme la commune de Gioia del Colle ou le
plateau de Murgia.
Figure 1: Carte des communes Italiennes en zone infestée ou zone démarquée en Italie concernant Xylella fastidiosa. La commune de Putignano est notée en «nouvelle zone infestée». Sources: Lien 1 et Lien 2. Ne pas hésiter à zoomer sur les cartes.
Espagne
Le Ministère régionl de l’agriculture,
du développement rural, de l’urgence climatique et de la transition
écologique a publié une résolution datée du 20 juin 2023 qui établit la
dernière mise à jour de la situation de Xylella fastidiosa sur
le territoire de la Communauté de Valence et les mesures phytosanitaires
d’urgence adoptées pour l’éradication et le contrôle de la propagation
de la bactérie.
Deux communes sont nouvellement infestées depuis notre dernière publication en septembre 2022 (voir BHV-SV 2022/35 et BM N°41 d’avril 2022) : Benidorm et Benifallim. Les espèces hôtes touchées dans ces deux nouvelles communes infestées sont des amandiers (Prunus dulcis).
Source : Lien
Figure 2: Carte des communes nouvellement infestées ou infestées depuis septembre 2022 et éradiquées concernant Xylella fastidiosa en Espagne. Source: Lien. Ne pas hésiter à zoomer sur les cartes.
Italie / Oliviers / Méthodes pour améliorer la surveillance en tenant compte du paysage anthropique – Article scientifique.
Les mécanismes de dispersion de Xylella fastidiosa sont globalement connus (dispersion des vecteurs au niveau local, par le vent ou des transports humains), et ont été quantifiés à l’échelle du paysage, principalement en prenant en compte les espèces végétales et une partie de l’activité humaine, rarement en prenant en compte la composante anthropique du paysage. Dans l’étude de Bajocco et al. (2023), les schémas spatio-temporels de l’épidémie du syndrome de déclin rapide de l’olivier (OQDS) dans les Pouilles sont analysés en fonction de différentes classes d’utilisation des terres, utilisées comme proxys de l’intensité des activités humaines. Les objectifs étaient : (i) d’identifier les schémas de distribution de l’OQDS sur la période 2015-2020, (ii) d’étudier l’impact des différentes utilisations des terres sur la distribution des oliviers positifs pour la bactérie, et (iii) d’élaborer une carte d’adéquation de l’habitat à l’épidémie de X. fastidiosa dans les Pouilles. Pour cela, les auteurs ont pris en compte la géolocalisation d’oliviers infectés par X. fastidiosa subsp. pauca dans les provinces des Pouilles concernées par l’OQDS, c’est-à-dire Bari, Tarente, Brindisi et Lecce. Seuls les oliviers testés positifs pour l’infection à la bactérie au niveau de la surveillance officielle ont été pris en compte (protocoles officiels de l’UE Reg. 2020/1201 et de l’EFSA), représentant 15 362 oliviers. Les données des classes d’occupation des terres dans la zone d’étude sont issues de la carte Corine Land Cover-2018. Quatre classes en particulier ont été retenues pour évaluer l’impact de la composante anthropique sur le développement de l’épidémie : le tissu urbain, les terres arables, les zones naturelles et semi-naturelles et les réseaux routiers et ferroviaires.
Les résultats des analyses montrent qu’en 2016, le taux d’infection des oliviers par X. fastidiosa était le plus bas, correspondant à un schéma de dispersion aléatoire de l’épidémie d’OQDS, alors qu’en 2017, les arbres infectés affichaient une distribution très concentrée. De plus, le taux d’arbres infectés a augmenté en 2018-2021 et montraient un regroupement au niveau spatial encore plus important. En effet, les résultats de l’étude suggèrent qu’au cours des quatre dernières années, l’augmentation du nombre d’arbres infectés semble contre-balancé avec une tendance au regroupement spatial de ces arbres infectés, indiquant qu’il existe un meilleur contrôle de la dispersion spatiale locale de l’infection. D’autre part, l’augmentation du nombre d’infections positives à X. fastidiosa dans la région des Pouilles a clairement mis en évidence les difficultés de confinement de l’OQDS dans la zone d’étude pour des distances moyennes à longues.
Une analyse du facteur de niche écologique a permis de calculer un indice d’adéquation de l’habitat (HS) pour l’infection des arbres par X. fastidiosa en fonction des valeurs de divers ensembles de variables d’utilisation du sol et ainsi de dresser la carte HS allant de 0 (habitat inapproprié) à 100 % (conditions optimales) sur une grille de 1x1km. Une carte a été réalisée par les auteurs pour les années 2015 à 2020. Les zones bordant des principales infrastructures routières, et encore plus au niveau des côtes méridionales des Pouilles et dans les parties nord et centrale de la région, sont les zones à forte probabilité d’infection par X. fastidiosa (indice HS > 75 %). Au contraire, les régions intérieures de la partie la plus méridionale des Pouilles, où la pression anthropique est plus faible et la plus éloignée des principaux réseaux routiers ont une faible probabilité d’infection par X. fastidiosa (indice HS < 15 %). Une distribution préférentielle est ainsi observée non seulement avec l’augmentation de la présence humaine, mais également avec l’augmentation des mouvements humains, et une pression anthropique élevée est liée à une probabilité plus élevée de diffusion de l’OQDS. L’étude relève deux hypothèses qui permettraient d’expliquer la dynamique de dispersion : tout d’abord, les vecteurs de Xylella peuvent être plus abondants dans les paysages ruraux et urbains où la densité de plantes hôtes est plus importante et augmente la probabilité d’interception d’insectes et de présence d’hôtes infectés. D’autre-part, les zones plus connectées ont plus de chance d’être infectées (ex : transport d’insectes infectés).
Plus globalement, cette étude montre que les données d’occupation des terres se sont révélées être une ressource appropriée pour explorer les moteurs anthropiques de la distribution spatiale de l’OQDS qui prend en compte à la fois la gestion et l’utilisation des terres. De plus, le modèle reproduisait de manière fiable le schéma de diffusion de la maladie dans la région des Pouilles. D’autre-part, cette étude montre que la structure du paysage (paysage de campagne ouvert par rapport aux villes), la distribution des arbres hôtes et des variables plus détaillées sur les flux de voitures, de camions ou de trains sont des éléments essentiels pour prédire la diffusion de X. fastidiosa, en plus des facteurs climatiques et épidémiologiques. Les auteurs suggèrent que la prise en compte des données d’occupation du sol et une application plus large et non conventionnelle des modèles de distribution d’espèces seraient un compromis utile entre simplicité et réalisme en épidémiologie végétale mais aussi une nouvelle approche pour comprendre la propagation des espèces envahissantes.
Source : Lien.
Bulgarie – Italie / Tomates / Notification de nouveaux cas,
Évolution de la situation sanitaire
Bulgarie
Le ToBRFV a été détecté pour la première fois en Bulgarie en 2021 dans une serre de tomates, mais avait rapidement été déclaré éradiqué suite aux mesures de gestion mises en place. En 2022, des petites serres de plusieurs régions ont été touchées : Vratsa, Pazardzhik, Plovdiv, Smolyan et Blagoevgrad. En juin 2023, la détection du virus dans le secteur de la ville de Sandanski a été rapporté par les autorités locales. Le virus a été détecté dans une serre de légumes fruitiers et la zone infectée serait de 17,5 acres (environ 0,2 ha). Les autorités supposent que le virus a été introduit par des semis originaires de Grèce, probablement de Larissa. Conformément à la réglementation européenne les plantes ont été détruites et des mesures de prévention comme la désinfection ont été mises en place.
Italie
Les zones touchées par le ToBRFV en Italie en 2022 étaient largement réparties sur le territoire (Toscane, Pouilles, Sicile). En 2023, la région de Campanie a également été touchée. En effet, des échantillons de feuilles et de fruits prélevés au niveau d’une serre de tomates de la commune de Marigliano, à l’est de Naples, se sont révélés positifs au virus. Une série de mesures de prévention et de recommandations ont été émises pour contenir sa propagation.
Sources : Lien 1, Lien 2, Lien 3.
Figure 3 : Carte des foyers de ToBRFV en
Bulgarie et en Italie en 2022 et 2023. Sources des nouveaux foyers : Lien 1, Lien 2, Lien 3. Ne pas hésiter à zoomer sur les cartes.
Monde / Multi-espèces / Évaluation de l’éfficacité des stratégies de surveillance basées sur le site pour la détection des ravageurs – Article scientifique.
Afin de soutenir l’accès au marché extérieur, une surveillance
des organismes de quarantaine basée sur la typologie de site doit
pouvoir être mise en place, le plus souvent à l’aide de leurres, pour
garantir l’absence ou la présence à un seuil acceptable de ravageurs
dans le site en question. Une modélisation de simulation a été conduite
pour déterminer comment la probabilité de détecter des ravageurs déjà
présents ou entrants sur le site est affectée par la conception de la
surveillance (densité et disposition des pièges), l’attractivité des
leurres, la dispersion des ravageurs et la taille du lâcher (Van Klinken et al., 2023). Les
différents types de sites étudiés étaient enregistrés en tant
qu’entreprises de production ou de post-production agricole (ex :
vergers, zones de transport, emballage ou stockage). L’objectif du
modèle était de déterminer l’effet de la couverture des pièges sur la
probabilité de détecter une petite incursion de ravageurs provenant de
l’intérieur ou de l’extérieur du site. La combinaison de huit variables
a été simulée (disposition et densité des pièges, attractivité des
leurres, taille du lâcher, origine de l’épidémie, taille moyenne de
l’étape de dispersion quotidienne, forme et la taille des sites).
Les résultats des simulations ont montré que l’attractivité du leurre et la densité des pièges et l’abondance des organismes nuisibles étaient les variables qui impactaient le plus la sensibilité de détection des organismes nuisibles. La forme du site, la taille moyenne de l’étape de dispersion quotidienne et la taille du site étant moins importantes, quel que soit le temps écoulé depuis le lâcher. Pour une densité de pièges et une attractivité de leurre données, la disposition régulière des pièges s’est révélée être la plus performante pour la détection des ravageurs déjà présents sur le site alors que les pièges périmétriques se sont révélés plus performants pour les ravageurs entrant sur le site. Pour une taille de lâcher donnée, l’attractivité du leurre et la densité des pièges ont le plus influencé, et de manière proportionnelle, les probabilités de détection des ravageurs, même lorsque les pièges n’étaient pas placés de manière optimale. Une distance de dispersion quotidienne moyenne de 20 m s’est avérée souvent suffisante pour la détection des ravageurs peu dispersants (ex. pyrale de la vigne). Il est probable que la distance de dispersion soit moins importante à l’échelle d’un site qu’à l’échelle d’une zone (plus grande échelle spatiale) où la densité de pièges est beaucoup plus faible et le temps nécessaire pour la première détection plus important.
Le modèle a permis de déterminer l’effet de la couverture des pièges (y compris la densité des pièges, leur disposition et l’attractivité des leurres) sur la probabilité de détecter une incursion de ravageurs provenant de l’intérieur ou de l’extérieur du site. Il pourrait être adapté pour étudier diverses stratégies de surveillance pour des applications à la fois sur le site et à l’échelle de la zone, et pour de multiples organismes nuisibles, distributions de dispersion et environnements.
Source : Lien
Italie / Vignes / Évaluation du coût de la gestion privée du ravageur Popillia japonica dans les vignobles italiens.
Depuis sa première détection en 2014 dans le Tessin (canton
Suisse proche de l’Italie), Popillia japonica s’est rapidement
propagé. En Italie, la zone infestée est ainsi passée de 7 550 km2 en
2020 à 16 232 km2 en 2022 (Straubinger et al., 2023),
touchant principalement trois grandes régions viticoles : le Piémont, la
Lombardie et l’Émilie-Romagne. Dans leur étude, Straubinger et al., 2023 ont
évalué la perception des viticulteurs italiens concernant l’impact du
scarabée japonais et les coûts de gestion privée, via une approche de
budgétisation partielle (BP). L’enquête a concerné au total 65
producteurs et 118 parcelles de vignes en culture conventionnelle, dont
47 étaient infestées en 2021 (majoritairement situées dans le Piémont).
Les quelques parcelles en culture biologique ont été exclues de
l’analyse BP et quatre variables ont été utilisées pour évaluer la
perception des agriculteurs vis à vis de l’impact du scarabée sur les
dommages au rendement, les dommages à la qualité, les coûts de gestion
et la possibilité de devoir arrêter la culture de la vigne en raison de
la présence du coléoptère.
Une différence d’opinion a été observée pour les parcelles touchées versus non touchées par P. japonica. Les agriculteurs non touchés par le ravageur étaient plus inquiets que les agriculteurs touchés vis à vis des dommages potentiels sur le rendement. Les agriculteurs ont considéré qu’un impact foliaire supérieur à 10 % de la surface totale foliaire serait préjudiciable pour le rendement, cela pour 55 % des parcelles non infestées vs 6 % des parcelles infestées pour lesquelles une défoliation de 20-30 % serait tolérée par les agriculteurs. Les résultats de l’analyse de BP ont montré que les vignobles touchés subissaient une perte nette d’environ 2 727 € par hectare infesté (en moyenne), liée principalement à la main-d’œuvre supplémentaire pour la lutte (principal facteur d’augmentation des coûts estimé à environ 1 715 €) et à la perte de rendement (perte de revenu estimé à 966 € et surcoût pour le contrôle, estimé à 47 € par hectare infesté). Les variations observées entre les vignobles infestés vs non infestés pourraient aussi être associées à d’autres facteurs tels que les conditions météorologiques, autres épidémies de ravageurs, etc. A noter que, compte-tenu du petit nombre d’observations, les résultats descriptifs de l’analyse BP ne peuvent pas être considérés comme représentatifs de la perception de l’ensemble des viticulteurs italiens.
En conclusion, la présence de P. japonica en Italie peut avoir un impact négatif sur la viticulture en raison d’une perte potentielle de rendement et d’une augmentation des coûts de main-d’œuvre et de contrôle. Les auteurs invitent à poursuivre leur étude en augmentant l’échantillonnage et en évaluant aussi, à l’échelle de l’Europe, l’impact du coléoptère sur des variétés de raisin spécifiques ainsi que sur d’autres cultures hôtes telles que le maïs, la myrtille ou la noisette, à différents niveaux d’infestation.
Pour plus d’information sur la zone infestée par P. japonica en Italie et en Suisse voir la mise à jour de la carte d’IPM Popillia.
Source : Lien.