Le bulletin d’Épidémiosurveillance en Santé Végétale est une revue des actualités concernant la santé du végétal en Europe et à l’International. Il contribue à faciliter l’accès aux informations concernant la santé des végétaux et leur diffusion. Le bulletin est validé au préalable par une cellule éditoriale composée d’experts scientifiques et de collaborateurs partenaires ayant un rôle de conseillers.
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Sujet phytosanitaire | Zone géographique | Cultures | Nature de l’information |
---|---|---|---|
Xylella fastidiosa | Italie, Portugal, Etats-Unis | Multi-espèces | Evolution de l’état sanitaire |
Popillia japonica | Monde | Multi-espèces | Article scientifique - Processus invasif, séquençage |
Popillia japonica | Italie, Suisse, Allemagne, Autriche, Belgique, France, Slovénie | Multi-espèces | Evolution de l’état sanitaire |
Italie, Pouilles / Multi-espèces / Évolution de l‘état
sanitaire
Courant juin 2025, un nouveau foyer de Xylella fastidiosa a été détecté dans la commune de Bisceglie de la province de Barletta-Andria-Trani, dans les Pouilles. 249 plantes (4 cerisiers et 245 oliviers) ont été détectées infectées suite à la compagne de surveillance et d’échantillonnage. La sous-espèce pauca a été identifiée. En juillet 2025, un nouvel olivier a été détecté positif à X. fastidiosa à 2,5 km du foyer récemment découvert et dont les plantes infectées avaient été éradiquées. La sous-espèce pauca, a également été détectée dans trois oliviers de la commune de Conversano de la province de Bari. Ces récentes détections s’ajoutent à celles de X. fastidiosa subsp. pauca réalisées au printemps 2025 à Minervo delle Murgia (province de Barletta-Andria-Trani, voir BM N°69), ce qui accentue les inquiétudes quant à la capacité de la bactérie à envahir l’ensemble de la principale zone oléicole des Pouilles. Courant juin, aussi dans la province de Bari, la sous-espèce multiplex a officiellement été détectée dans huit Prunus dulcis, (amandiers) et deux Prunus domestica (pruniers) (Emergenza Xylella).
Sources : pugliapress, emergenzaxylella et ladiretta1993
Portugal / Multi-espèces / Évolution de l‘état
sanitaire
La présence de Xylella fastidiosa a été confirmée en laboratoire dans un échantillon de Quercus suber (chêne liège), situé dans la paroisse de Lousa de la commune de Torre de Moncorvo. La sous-espèce de la bactérie n’a pas encore été identifiée. La zone délimitée établie suite à cette découverte couvre partiellement les paroisses suivantes : Seixo de Ansiães, Vilarinho da Castanheira, Lousa, Freixo de Numão, Seixas et Vila Nova de Foz Côa.
Etats-Unis / Sureau du Canada / Évolution de l‘état
sanitaire
Sambucus canadensis L., le Sureau du Canada, est un arbuste à feuillage caduc de la famille des Viburnaceae, très fréquent dans les haies et en lisière de forêt. Alors qu’en Oklahoma, les baies de sureau sont généralement issues d’arbres à l’état sauvage, les superficies consacrées à la production de baies de sureau ont augmenté récemment. En 2024, des symptômes de brûlure foliaire et de défoliation ont été observés sur tous les plants de sureau des collections de plantes indigènes de l’université d’Oklahoma (campus de Stillwater). Dix échantillons de plantes symptomatiques ont été analysés par qPCR pour la recherche de Xylella fastidiosa. Un des échantillons (STW-2) a également été séquencé (Illumina NovaSeqX Plus) pour une comparaison de séquences nucléotidiques avec la base de données du NCBI. L’ensemble des résultats ont confirmé la présence de X. fastidiosa subsp. multiplex dans les échantillons. Bien que X. fastidiosa subsp. fastidiosa ai déjà été rapportée chez cette espèce dans la base de données de l’EFSA (2025), il s’agit du premier signalement1 de la sous-espèce multiplex chez S. canadensis. Cette découverte peut aider à mieux comprendre l’épidémiologie et la gestion de X. fastidiosa subsp. multiplex pour cette filière croissante du sureau, ainsi que son risque de propagation à d’autres plantes horticoles en Oklahoma. D’après l’INPN et Tela Botabica, S. canadensis à été observée en France métropolitaine, en Guadeloupe, en Martinique, à La Réunion, en Nouvelle-Calédonie, en Guyane et à Saint-Barthélémy.
Source : Mustafa Ojonuba Jibrin et al., 2025
Monde / Multi-espèces / Mieux comprendre le processus
invasif de Popillia japonica grâce au reséquençage de génomes
complets de l’insecte – Article scientifique
Popillia japonica est un insecte envahissant originaire du Japon, phyto-ravageur polyphage, s’attaquant à plus de 400 espèces végétales. Il a été détecté pour la première fois en dehors de son aire d’origine, en 1916 à Riverton dans l’État du New Jersey aux États-Unis, mais des analyses rétrospectives suggèrent une introduction dès 1910 via des bulbes d’iris infestés de larves importées du Japon. En 1944, l’espèce a été signalée près d’Halifax (Nouvelle-Écosse, Canada), probablement suite à une expansion depuis les populations établies aux États-Unis. En 1970, P. japonica a été détectée sur l’île de Terceira (Açores, Portugal), avant de s’étendre progressivement à huit des neuf îles de l’archipel, notamment São Miguel (2003) et São Jorge (2007). En Europe continentale, le premier signalement remonte à 2014 à Turbigo (Milan, Italie), près des aéroports de Milan-Malpensa et Cameri. La population italienne s’est rapidement développée et l’insecte s’est propagé jusqu’en Suisse, avec une première détection à Stabio (Tessin) en 2017. Des interceptions ponctuelles en Allemagne et aux Pays-Bas (2018, 2021, 2022) résultent probablement du transport passif par l’homme (par exemple via les voitures de particuliers, comportement dit « d’auto-stop »). Il en est de même pour les interceptions en France et en Belgique en juillet 2025 (voir brèves sanitaires ci-dessous). P. Japonica est dite univoltine (une seule génération annuelle) dans la plupart des régions du monde sauf dans les zones plus froides où une génération peut s’étendre sur deux ans (par exemple dans les archipels au nord du Japon). En Amérique du Nord le coléoptère émerge entre mai et juin selon les conditions climatiques, avec une activité adulte jusqu’en août. Son expansion est estimée 10 km par an (Mondino et al. 2022 ; Poggi et al. 2023). Une étude récemment publiée de Funari et al. 2025 fondée sur des données de re-séquençage du génome entier de l’insecte vise à (i) analyser la structure génomique globale des populations, (ii) retracer les routes d’invasion à l’aide de modèles démographiques, et (iii) détecter chez cette espèce des signatures de sélection en comparant les fréquences alléliques entre populations ‘sources’ et ‘invasives’ (Cucini et al. 2024). Sur la base des SNP (single nucléotides polymorphysm) identifiés à partir des pangénomes séquencés de 63 individus de scarabées japonais collectés sur l’ensemble de l’aire de répartition de l’insecte, les auteurs ont pu identifier six groupes génomiques distincts associés à des zones géographiques différentes et des voies d’invasion indépendantes. Les résultats ont permis de confirmer que la répartition actuelle des populations non indigènes résulteraient d’évènements d’introduction tête de pont indépendants. Plus précisément les foyers établis aux Açores et en Italie résultent d’introductions distinctes en provenance des États-Unis, comme l’attestent l’analyse phylogénétique et l’inférence démographique. L’exploitation du nouveau génome de référence a révélé de faibles signatures de sélection au sein des populations invasives, suggérant que le succès de l’espèce repose principalement sur une diversité génétique préexistante (traits pré-adaptatifs) plutôt que sur une adaptation récente. Cette étude, fondée sur des jeux de données SNP pangénomiques et des méthodes d’analyses génomiques, a permis de retracer avec précision les dynamiques d’invasion mondiale de P. japonica et d’établir clairement la structuration génétique des différentes lignées géographiques. Ces données apportent un éclairage sur les mécanismes évolutifs à l’origine des invasions et, combinées à l’inférence des voies d’introduction, elles peuvent contribuer à définir des stratégies de prévention, de gestion et de contrôle plus efficaces. Pour mieux identifier les déterminants génétiques du succès invasif de P. japonica, les auteurs suggèrent d’explorer le rôle des éléments transposables et des variantes structurales, de plus en plus reconnus pour leur contribution à l’adaptation et à la plasticité phénotypique au cours des processus d’invasion biologique.
Source : Funari et al. 2025
Allemagne, Autriche, Slovénie, Italie, Suisse, France,
Belgique / Multi-espèces / Evolution de l’état sanitaire
Allemagne : Le district de Lörrach (Bade-Wurtemberg) à travers l’arrêté 44-8241-22 vient de renforcer les mesures de protection vis-à-vis de Popillia japonica, principalement au niveau de la zone délimitée qui avait été mise en place l’année dernière après la découverte d’un foyer à Bâle-ville, en Suisse (frontière Suisse-Allemagne). Cette zone délimitée concerne plusieurs communes en Allemagne. La zone infestée comprend notamment des parties de la commune de Grenzach-Wyhlen, et la zone tampon comprend les villes de Weil am Rhein, Haltingen, Ötlingen, Lörrach, Inzlingen et Rührberg. Une carte datée est disponible depuis ce site.
Au sud du Bade-Wurtemberg, à Fribourg-en-Brisgau, onze spécimens de P. Japonica ont été collectés depuis de début de l’été 2025 (voir carte disponible ici). Certains experts craignent désormais une propagation du coléoptère en Allemagne alors que d’autres émettent l’hypothèse que ces individus auraient été introduits par le réseau ferroviaire dans la mesure où ils ont tous été capturés sur les voies ferrées du site du dépôt de marchandises de Fribourg.
Au cours de l’été 2024, en Bavière (sud-est de l’Allemagne), près de de la ville de Lindau située en bordure du lac de Constance, cinq individus de scarabées japonais avaient été collectés dans des pièges officiels. La surveillance avait été renforcée à la suite de cette découverte, via la pose de plus de 80 pièges dans la zone qui n’ont pas recapturés de spécimens.
Autriche : Néanmoins, en juillet 2025, P. japonica été détecté par une citoyenne dans son jardin dans le Vorarlberg à Hörbranz proche de l’autoroute A14, à proximité du foyer de Lindau. Le réseau de surveillance a été intensifié à la suite de cette détection.
Sources : staatsanzeiger, loerrach-landkreis, lfl.bayern, freiburg et presse.vorarlberg
Slovénie : Au début de l’été, Popillia japonica a été détecté dans trois pièges à phéromones au sud de l’aire d’autoroute de Lukovica, une commune du centre de la Slovénie. Cette découverte se trouve à proximité de l’endroit où le coléoptère avait été détecté pour la première fois l’année dernière. La zone infestée comprend une partie de Lukovica, et la zone tampon comprend une partie de la municipalité ainsi que des parties d’autres municipalités : Kamnik, Domžale, Moravče et Dol pri Ljubljani.
A 24 km, P. japonica a été observé dans la municipalité de Ljubljana (capitale de la Slovénie). L’Administration de la sécurité alimentaire, vétérinaire et phytosanitaire (UVHVVR) de Slovénie indique que cette fois, le scarabée japonais a été détecté dans cinq pièges à phéromones au sud de l’aire d’autoroute de Barje, où il avait déjà été capturé l’année dernière. Une zone délimitée a été mise en place, comprenant la partie infestée de Ljubljana et une zone tampon s’étendant aussi à certaines parties des communes de Dobrova-Polhov Gradec, Brezovica et Ig.
Italie : Popillia japonica continue de se propager dans les régions de la Lombardie et du Piémont. Pour limiter sa propagation, 1 200 pièges « attirant et tuant » (« attract and kill ») ont été installés dans le Piémont. Il s’agit de trépieds équipés d’appâts attractifs et de filets imprégnés d’insecticide. En Lombardie, des mesures de lutte chimiques et biologiques ont été mises en œuvre mais depuis le début de l’année, le nombre de captures de scarabées japonais dépasse déjà 100 000 individus (voir la carte de la région, et la courbe des captures pour les années 2024 et 2025). Dans le Piémont, depuis le début de l’été, plus de 1 000 scarabées adultes ont été recensés sur certains pieds de vigne. Le règlement d’exécution de l’Union (UE) 2025/1313 de la commission du 3 juillet 2025 a été publié afin de modifier le règlement d’exécution (UE) 2023/1584 concernant la liste des zones délimitées en enrayement de Popillia japonica en Italie et dont la superficie a augmenté. Récemment, des individus ont été capturés proche du lac Piccolo d’Avigliana montrant l’avancée de la zone infectée vers l’ouest et la frontière française.
Sources : quifinanza, alessandria.today, quindicinews et parchialpicozie
Suisse : La situation sanitaire concernant Popillia japonica en Suisse continue d’évoluer. La carte d’agroscope d’avril 2025 indique que la Suisse contenait 5 foyers détectés de P. japonica (cantons de Bâle, Schwytz, Valais, Zurich et Tessin) et plusieurs sites de captures. La liste des communes concernées par les zones délimitées pour P. japonica en Suisse, en date du 30 juillet 2025 est disponible. Dans le cadre d’évolution de la situation sanitaire, le nouveau plan d’urgence concernant P. japonica élaboré par l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), décrit les mesures de gestion (surveillance et lutte) à mettre en œuvre en cas de suspicion ou d’apparition d’un foyer de scarabées japonais. En juillet 2025, de nouveaux individus ont été capturés dans le même piège que ceux déjà posés en 2024 près de l’aire d’autoroute « Gunzgen Süd » (canton de Soleure). Les services phytosanitaires d’Agroscope (APSD) et de l’OFAG (EPSD) supposent qu’une population s’est établie autour de ce piège. Dans ce même canton, les deux communes de Dornach et Gempen sont partiellement situées dans la zone tampon des foyers des communes de Münchenstein, Muttenz, Birsfelden, Binningen, Bâle-Ville et Riehen. Popillia japonica a également été identifié au sein de trois nouveaux cantons. Une dizaine d’individus ont été capturés dans le canton de Vaud sur les aires d’autoroute de Montreux et d’Yvorne ; et un peu moins de dix individus ont été capturés dans le canton de Genève dans une jardinerie. De plus, entre San Vittore et Lostallo dans le Val Mesolcina, dans le canton des Grisons (proche du canton du Tessin), plusieurs individus ont été capturés dans les 14 pièges déployés. De nouveaux pièges (72) ont été ajoutés pour surveiller plus intensément la zone.
Sources : agroscope, vtg, ge, BM N°68, BM N°62, wallierhof, pusulaswiss et swissinfo
France : Popillia japonica a été signalé dans le Haut-Rhin début juillet 2025. Il s’agit de l’interception de deux scarabées japonais retrouvés dans des pièges situés à Mulhouse et à Saint-Hippolyte (Alsace), probablement arrivés en « auto-stop ». Depuis, la surveillance par piégeage a été renforcée, elle cible les lieux d’arrivée probable du scarabée, comme les aires d’autoroutes, les gares de triage de marchandises ou les zones d’activités. A ce jour aucune nouvelle capture n’a été enregistrée. Des mesures de précaution et de vigilance sont demandées à la population, voir le communiqué de presse de la DRAAF Grand Est. Chaque personne doit signaler la présence de P. japonica (y compris en cas de suspicion) en s’adressant à la DRAAF de son lieu de résidence. La DRAAF PACA a par exemple publié une fiche technique en vue de ce type signalement (fiche ici).
Source : lalsace
Belgique : L’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca) de Belgique appelle à la vigilance après la découverte début juillet 2025 de scarabées japonais morts dans un entrepôt de pièces métalliques d’une entreprise de Courtrai (nommé aussi Kortrijk, Flandre-Occidentale). Les pièces métalliques avaient récemment été livrées par une entreprise située dans une zone infestée du nord de l’Italie. A la suite de ces interceptions, la surveillance a été renforcée avec l’installation de pièges autour de la zone de détection. Cette surveillance va durer plusieurs mois, et à ce jour aucune nouvelle capture n’a été rapportée.
Sources : favv-afsca,rtbf et vrt
Figure 1 : Carte de la situation sanitaire
en Italie, Suisse, Allemagne, Autriche, Slovénie, France, Belgique
concernant Popillia japonica. Cette carte est réalisée et
adaptée en fonction des différentes sources ci-dessus ainsi que IPM
Popilia, pour correspondre au maximum avec les informations décrites
dans les textes. Lorsqu’une commune tombe à la fois en zone infestée et
en zone tampon, elle est définie infestée.
Ne pas hésiter à zoomer sur la carte.
les trois types d’analyses ont confirmé l’association de Xfm à STW-2. Xff avait déjà été isolé chez un sureau cultivé dans un vignoble en Floride et avait provoqué des symptômes légers sur les vignes (Hopkins, 2005)↩︎