En cas de suspicion de présence de cet organisme nuisible, veuillez le signaler immédiatement à votre Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DRAAF)-Service régional de l'alimentation (SRAL) en joignant si possible des photos de l'organisme ou des symptômes observés.
En bref
- Fiche profil
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Xylella fastidiosa (nom latin) | Maladie de Pierce, Chlorose variéguée des agrumes, Complexe du dessèchement rapide de l'olivier (noms vernaculaires)
► Description succincte
Xylella fastidiosa est une bactérie phytopathogène. Les insectes vecteurs de Xylella fastidiosa n’ont pas encore été clairement identifiés en France. Ainsi, tout insecte piqueur-suceur se nourrissant de sève brute est à considérer comme potentiellement vecteur de cette bactérie. Dans la région des Pouilles en Italie, les insectes Philaenus spumarius (cercope des prés), Philaenus italosignus et Neophilaenus campestris sont reconnus comme vecteurs dans la transmission de la maladie. Xylella fastidiosa empêche la plante de s'alimenter en gênant les mouvements de la sèvre brute, ce qui entraîne le dépérissement voire la mort de la plante infectée.
Plantes hôtes: Très polyphage, Xylella fastidiosa s’attaque à un très large spectre de végétaux : vignes, oliviers, arbres fruitiers (Prunus), agrumes, chênes, luzerne, rosiers, etc.
Au total, 595 espèces sensibles recensées dans le monde, dont 343 dont l’infection a été démontrée par au moins deux méthodes de détection différentes (EFSA, 2020). A ce jour, six sous-espèces de Xylella fastidiosa ont été décrites dans le monde : multiplex, pauca, fastidiosa, sandyi, morus, tashke. Chacune de ces sous-espèces présente une gamme de souches et de plantes hôtes spécifiques.
► Statut
Présent sur le territoire Français
► Biologie/dispersion et symptômes
Les symptômes de ses manifestations sont peu spécifiques (flétrissement, brûlures foliaires) et rendent difficile sa détection. Des plantes a priori symptomatiques peuvent être saines et à l’inverse, des plantes sans symptômes peuvent être contaminées.
Par ailleurs, il existe un fort risque de confusion avec d'autres causes d’origine biotique ou abiotique (carences, stress hydriques, etc.).
Différents types de symptômes peuvent être observés. À titre d’exemples :
- Les brûlures foliaires et, dans les stades les plus avancés, le dessèchement des rameaux (notamment dans le houppier des arbres), suivis de la mort de la plante dans les cas les plus graves (polygale à feuilles de myrte, laurier-rose, olivier, amandier, …) ;
- Les chloroses foliaires (sur caféier, oranger) ;
- Les défauts de lignification (aoûtement) et la persistance des pétioles après la chute des feuilles (vigne) ;
- Le nanisme, accompagné d’une coloration bleu-vert des feuilles (luzerne);
- Le port tombant et la réduction des entre-nœuds (pêcher) ;
- Jaunissements et rougissements des feuilles (vigne).
► Plus d'informations
Situation et réglementation dans l'Union européenne | Page dédiée de la Commission européenne
Alim'Agri | Description, actualités, réglementation, distribution, plans d’action, documentation (vidéos, photos, etc.)
DRAAF Corse | Actualités, réglementation, communication, bilans de surveillance, cartes
DRAAF PACA| Actualités, réglementation, communication, cartes
DRAAF Occitanie| Actualités, réglementation, communication
EPPO Global Database (code XYLEFA) | Taxonomie, distribution dans le monde, plantes hôtes, signalements, photos, autres documents
XF-actors | Veille, publications, actualités , réglementation, documentation (photos, vidéos, infographies, etc.)
PONTE-projet | Veille, actualités, symptômes, protocoles de diagnostic, photos
INRAE | Veille, actualités
Anses | Symptômes, diagnostic
e-phytia | Biologie, symptômes, dégâts, diagnostic
- Impact socio-économique et environnemental
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Xylella fastidiosa provoque des dégâts considérables sur ses hôtes, se manifestant par un dépérissement pouvant aller jusqu’à la mort des végétaux contaminés.
Du fait de sa grande polyphagie, toutes les filières de production agricoles sont exposées à un risque de contamination. La bactérie représente aussi un danger pour les végétaux non cultivés mais qui présentent un intérêt social, environnemental et patrimonial particulier, telles que les espèces endémiques.
La bactérie a notamment provoqué des dégâts considérables aux États-Unis dans les vignobles californiens dans les années 1990 et occasionne encore aujourd’hui des pertes de rendements. En Italie, elle décime des oliviers multiséculaires de la région de production des Pouilles et ce, sur des milliers d’hectares.
Actuellement, il n'existe pas de moyens curatifs pour lutter contre cette bactérie. La réglementation européenne impose l'arrachage et la destruction des plants contaminés ainsi que la conduite d’une surveillance annuelle des zones alentours.
- Réglementation et plan de surveillance
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► Plan de surveillance
La bactérie Xylella fastidiosa est un organisme de quarantaine prioritaire, suivant le règlement européen 2016/2031/UE : son incidence économique, environnementale ou sociale potentielle est considérée comme la plus grave pour le territoire de l'Union Européenne. À ce titre, la surveillance et la lutte contre Xylella fastidiosa est obligatoire sur tout le territoire européen.
Le règlement d'exécution (UE) 2020/1201 précise les dispositions visant à empêcher l’introduction et la propagation de Xylella fastidiosa dans l’UE. La stratégie de surveillance et de lutte contre Xylella fastidiosa repose sur le triptyque suivant :
(i) une surveillance et une détection précoce de la présence de la bactérie dans l’ensemble du territoire,
(ii) l’éradication de l'organisme nuisible par destruction des végétaux contaminés et suspects dans les zones infectées,
(iii) la restriction de mouvement des végétaux sensibles provenant des zones délimitées.
L'arrêté ministériel du 19 octobre 2020 relatif aux mesures visant à éviter l'introduction et la propagation dans l'Union de Xylella fastidiosa (Wells et al.) renvoie aux dispositions du règlement d'exécution 2020/1231/UE et donne au préfet de région la responsabilité d’établir les zones délimitées.►Acteurs de la surveillance
►Plan national de la surveillance
La surveillance du territoire, mise en place depuis plusieurs années, est régulièrement renforcée au fil des ans.
Elle repose sur deux approches complémentaires: surveillance événementielle (signalements spontanés et mobilisation de réseaux de surveillance existants) et surveillance programmée (inspections ciblées). La surveillance programmée officielle prend la forme d'inspections ciblées chez les revendeurs et producteurs, ainsi qu’aux champs dans les filières jugées à risque (arboriculture, vigne, ornement et plantes à parfum aromatiques, médicinales et condimentaires). Elle est conduite également dans des zones non cultivées : jardins, espaces verts et infrastructures (JEVI), points d’entrée communautaire, ports, etc.
La surveillance programmée non officielle est intégrée aux observations réalisées dans le cadre de réseaux d'épidémiosurveillance existants et visant des organismes nuisibles réglementés ou non : réseau Santé des Forêt (DSF) et réseau d’épidémiosurveillance cofinancé dans le cadre du plan Ecophyto.
- Groupe de travail « Surveillance de Xylella fastidiosa »
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► Année de démarrage : 2019, groupe préfigurateur en 2016
► Mandat
Faire le point sur l'utilisation des données de surveillance, la pertinence des outils et des fréquences de mises à jour au vu du contexte actuel. Trouver avec l'ensemble des acteurs des solutions aux problèmes persistants de qualité, de disponibilité ou d'accessibilité de certaines données, le cas échéant.
Aujourd'hui en France, l'objectif de la surveillance de Xylella fastidiosa est d'abord la détection précoce d'éventuelles introductions de souches d'autres sous-espèces que X.f. multiplex déjà présente sur le territoire, en particulier de X.f. fastidiosa ou X.f. pauca.
Le renforcement de la surveillance événementielle via des actions de sensibilisation et des formations. L'objectif est de permettre, auprès du public concerné, une descente optimale de l'information technique sur X.f., ses hôtes et leurs symptômes, en vue d'une remontée plus systématique et plus rapide de toute observation de symptômes douteux ; L'évaluation des possibilités d'amélioration de la surveillance aux points d'entrée communautaires, basée sur l'analyse du risque d'introduction et prenant en compte l'ensemble des méthodes d'analyse disponibles ; L'évaluation de l'emploi de la surveillance vectorielle sur la base des résultats obtenus lors des initiatives régionales menées en Corse et en PACA et des données de recherche (LSV, INRAE) disponibles ; L'évaluation de l'adéquation de la distribution de la pression de surveillance officielle sur le territoire vis-à-vis du risque, eu égard aux connaissances scientifiques disponibles et aux données déjà collectées par les différents dispositifs.
Le GT cherchera donc à améliorer la précocité de détection, à travers tout moyen pouvant y concourir et particulièrement :Au sein du GT, une cellule pourra être particulièrement chargée d'effectuer des synthèses bibliographiques afin de transférer l'état de l'art à l'action publique, par exemple en formulant des bonnes pratiques de surveillance.
Le deuxième objectif de la surveillance actuelle est la délimitation des zones tampons autour des foyers, où l'essentiel des nouveaux foyers sont détectés. Le GT pourra développer un outil cartographique de suivi des zones tampon, susceptible d'être utilisé facilement en cas de nouveau foyer découvert dans une zone indemne.
Enfin, sur la base de ses études bibliographiques ce GT pourra contribuer à identifier les besoins de recherche intéressant la surveillance.
- Pour approfondir le sujet
- ► Bilan de la surveillance
Plan d'actions 2017 - 2018 (En) | Plan d'actions 2018 - 2019 (Fr) | Plan d'actions 2019 - 2020 (Fr)
► Institutions et laboratoires
Alim'Agri | DRAAF Corse | DRAAF PACA | DRAAF Occitanie |Anses
► Projets de recherche et développement
XF-actors | PONTE-projet | INRAE
Photos
Actualité ciblée
- Podcast traitant de Xylella fastidiosa, de la situation sanitaire aux moyens de lutte.
- Voici la dernière version de la méthode officielle Anses pour la détection de Xylella fastidiosa par PCR en temps réel sur insectes vecteurs.
- Règlement d'exécution 2024/2507 modifiant et rectifiant le règlement d'exécution (UE) 2020/1201 relatif aux mesures visant à prévenir l'introduction et la propagation au sein de l'Union de Xylella fastidiosa (Wells et al.) et modifiant le règlement d'exécution (UE) 2020/1770 relatif au liste des espèces végétales qui ne sont pas exemptées de l'exigence d'un code d'identification dans les passeports phytosanitaires.
- Le séminaire « Recherche d’hôtes et comportement de sondage de Philaenus spumarius sur les variétés d’oliviers » avec Daniel Cornara, de l’Université de Bari, Italie, est disponible sur ce lien [https://pti-solxyl.csic.es/seminario-21-mayo-disponible-en-el-canal-youtube-soluciones-a-xylella-fastidiosa/].
- Cette vidéo retransmet un webinaire de l'Institut des Sciences Agraires (CSIC) d'Espagne sur le rôle de l'eau et de la température dans l'épidémie de Xylella fastidiosa.
Veille ciblée
Avertissement : les articles peuvent provenir de sources en langues étrangères. La Plateforme ESV utilise un traducteur en ligne pour établir la pertinence des informations contenues dans ces articles et les mettre à disposition dans la langue originelle.
- L'enquête menée par l'Université de Floride a révélé des niveaux d'infection élevés de Xylella fastidiosa dans le matériel génétique de Prunus à Gainesville, avec plus de 65 % des échantillons infectés. Les cultivars ornementaux et commerciaux de Prunus ont été affectés, menaçant la production de fruits locaux. Les symptômes incluent brûlure des feuilles, dépérissement et déclin de la vigueur des plantes. L'étude fournit des informations essentielles pour orienter la sélection de cultivars résistants à cette bactérie dans le sud-est des États-Unis. Les résultats sont publiés dans HortScience (https://doi.org/10.21273/HORTSCI17199-23).
- L'étude récente sur Xylella fastidiosa en Floride a montré que certains cultivars d'olivier, comme Leccino, présentent une résistance génétique prometteuse, avec 67 % de sa descendance montrant une tolérance à l'infection. Le génotype S105, un hybride de Leccino et Cipressino, limite efficacement la propagation de la bactérie grâce à des réponses de défense complexes. En parallèle, une enquête a révélé que des espèces de Prunus, comme P. mume, résistent aussi à l'infection, mettant en évidence que la sélection de génotypes résistants est une stratégie efficace pour gérer Xylella fastidiosa.
- Du 23 au 26 septembre 2024, une mission d’expertise TAIEX s’est tenue au sein de la Direction de la Sécurité Alimentaire du Monténégro (Balkans), axée sur l’application de l’outil statistique RIBESS pour la surveillance des organismes nuisibles. Les experts croates, Luka Mustapić et Jelena Plavec, ont présenté l’utilisation des outils statistiques de l’UE, notamment RIBESS, pour élaborer des stratégies de suivi. Des travaux pratiques ont permis de déterminer un nombre optimal d’échantillons pour le contrôle de Xylella fastidiosa, avec une fiabilité de 80 % pour détecter 1 % de plantes infectées. Les connaissances acquises seront appliquées en 2025 pour une surveillance spécifique.
- La Commission européenne a modifié le règlement (UE) 2020/1201 pour lutter contre Xylella fastidiosa, en introduisant des mesures plus ciblées pour protéger les plantes. Les enquêtes annuelles incluront désormais des espèces suspectées d’être infectées, avec l’ajout de nouvelles plantes à surveiller, comme certaines variétés de lavande et de romarin. La surveillance des vecteurs, notamment des insectes Cicadomorpha, sera renforcée. Les États membres bénéficieront d’une flexibilité accrue pour organiser des enquêtes dans les zones non touchées. Les changements entreront en vigueur le 1er juillet 2025, visant à améliorer l’efficacité des mesures.
- Près d’un an après la découverte de la Xylella fastidiosa subsp. pauca ST53 à Majorque, la bactérie n’a été localisée qu’à Sencelles (centre de l’île). Le Gouvernement des Baléares, en collaboration avec divers instituts, étudie l’ampleur et l’origine de l’épidémie, l’olivier sauvage, très abondant, pourrait contribuer à une éventuelle expansion du foyer. La présence simultanée d’autres sous-espèces, comme multiplex ST81, complique les efforts d’éradication en raison de possibles co-infections. L’origine de ST53 semble être liée à celle du sud de l’Italie et du Costa-Rica. Actuellement, cette souche a été détectée dans 114 oliviers sauvages, 34 oliviers cultivés et d’autres plantes, et son impact pourrait s’intensifier d’ici 2029.