Épidémiosurveillance en Santé Végétale

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Découvrez l’interview des animatrices du Groupe de Travail sur la « Surveillance de Xylella fastidiosa ».

La Plateforme ESV s’intéresse à divers projets réalisés dans le secteur de la santé des végétaux. Actuellement dix groupes de travail contribuent aux activités de la plateforme. Découvrez les activités sur le groupe de travail « Surveillance de Xylella fastidiosa » présenté par ses animatrices Pauline de Jerphanion chargée de mission Gestion de foyers d’organismes de quarantaine au Bureau de la santé des végétaux, à la Direction générale l’Alimentation (Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation), Marie-Agnès Jacques Directrice de recherches à INRAE et qui dirige l’unité IRHS (Institut de Recherches en Horticulture et Semences), et Valérie Olivier responsable de l’équipe bactériologie du Laboratoire de la Santé des Végétaux de l’Anses.

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1. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Pauline de Jerphanion : Je suis chargée de mission Gestion de foyers d’organismes de quarantaine au Bureau de la santé des végétaux, à la Direction générale l’Alimentation (Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation) depuis février 2021 et suis en charge plus particulièrement du dossier Xylella fastidiosa. Après mes études d’ingénieur agronome, j’ai travaillé pendant 4 ans à l’Anses en tant que chef de projet Epidémiologie en santé végétale.

Marie-Agnès Jacques : Je suis Directrice de recherches INRAE et dirige l’Institut de Recherches en Horticulture et Semences. S’agissant de Xylella, mon expertise et celle de mon groupe concerne la diversité bactérienne, sa dynamique évolutive, ses interactions avec ses hôtes et les applications qui en découlent en termes d’outils de détection et d’identification, d’épidémiosurveillance et de méthodes de lutte.

Valérie Olivier : Je suis responsable de l’équipe bactériologie du Laboratoire de la Santé des Végétaux de l’Anses depuis 2011, après 16 ans en détection d’agents pathogènes transmis par les semences au sein du GEVES. Je coordonne les activités de référence, de recherche et d’expertise sur les bactéries réglementées de quarantaine ou émergentes non tropicales. Notre laboratoire a débuté sur Xylella fastidiosa en 2000 mais surtout depuis 2012 lors de la première interception sur le territoire national sur caféier contaminé.

2. En quoi consiste le Groupe de Travail Xylella fastidiosa ?
Dans un esprit collaboratif, l’ensemble du GT participe à la définition et à l’amélioration de la surveillance du territoire vis-à-vis de Xyllela fastidiosa, organisme de quarantaine prioritaire pour l’Union Européenne, présent en Corse, PACA, et Occitanie et qui requiert une attention prioritaire de la part de l’Etat. 3 sous-groupes ont été constitués : analyse de risque, optimisation du diagnostic et surveillance vectorielle (en cours de constitution en 2022) Les travaux réalisés se concentrent sur l'appui à la surveillance des zones de foyers existants et sur la détection précoce des introductions dans les zones exemptes, y compris des introductions de nouvelles sous-espèces de la bactérie. La surveillance des insectes vecteurs est également prise en compte.

3. Pouvez-vous présenter vos principales missions dans ce projet ?
Pauline de Jerphanion : Notre mission d’animatrices est d’organiser les travaux du groupe pour répondre à ses objectifs, de faciliter les échanges entre les différents membres du groupe et de s’assurer de l’implication de chacun. Nous avons chacune des compétences et points de vue complémentaires. Pour ma part, je relaie les questionnements du gestionnaire du risque auprès des membres du GT pour améliorer le dispositif de surveillance.

Marie-Agnès Jacques : J’apporte ma connaissance générale en épidémiologie et phytobactériologie et ma connaissance des résultats des travaux de recherche conduits sur Xylella fastidiosa et en particulier des travaux en cours dans le cadre des réseaux et projets européens auxquels nous participons, dans l’objectif d’améliorer l’épidémiosurveillance.

Valérie Olivier : Je fais part des informations recueillies dans le cadre de notre activité de Laboratoire National de Référence ou de celle de laboratoires européens mais également sur nos travaux de recherche sur Xylella fastidiosa en lien avec les problématiques du GT.

4. A qui s’adresse ce GT ?
Ce GT est composé de l’ensemble des acteurs pouvant apporter leur expertise sur Xylella fastidiosa : les services du Ministère de l’agriculture impliqués aux niveaux national et régional, les organismes à vocation sanitaire réalisant les prélèvements de plantes ou insectes sur le terrain, les filières végétales concernées, les laboratoires de recherche et de référence, les laboratoires agréés. Au total, le GT réunit près d’une quarantaine de participants, Le GT bénéficie d’un appui précieux de l’équipe opérationnelle de la plateforme pour la compilation des données de surveillance et leur analyse afin de définir des protocoles d’échantillonnage basés sur le risque. Ses travaux servent à améliorer l’épidémiosurveillance et bénéficient ainsi à l’ensemble des filières végétales, horticoles et forestières, compte-tenu de l’incidence potentielle de cette bactérie dans ces différentes filières.

5. Pourquoi lancer ce GT XF ? Quel est le constat de départ ?
Le GT a été construit à l’initiative de la DGAl, gestionnaire du risque, afin de lui apporter un appui et d’améliorer la surveillance de la bactérie. Ce GT a été mis en place dès début 2016, quelques mois après la détection de Xylella fastidiosa en France (en Corse et en PACA) et en préfiguration de la Plateforme ESV. Actuellement, il n'existe pas de moyens curatifs pour lutter contre cette bactérie. La réglementation européenne impose l'arrachage et la destruction des plants contaminés ainsi que la conduite d’une surveillance annuelle renforcée des zones alentours. Xylella fastidiosa en tant qu’organisme de quarantaine prioritaire, a un impact pour les filières agricoles végétales considéré comme potentiellement le plus grave pour le territoire de l'Union Européenne par son incidence économique, environnementale ou sociale. La lutte en vue de son éradication ou, à défaut, de son enrayement, est obligatoire sur tout le territoire européen. Il est donc essentiel de limiter son introduction et sa dissémination sur le territoire.

6. De quelle manière le GT s’intègre dans la problématique de Xylella fastidiosa ?
Le GT cherche à améliorer la précocité de détection d’éventuelles introductions de souches d’autres sous-espèces que la sous-espèce multiplex déjà présente sur le territoire, en particulier de X.f. subsp. fastidiosa ou X.f. subsp. pauca, à travers tout moyen pouvant y concourir.
Le deuxième objectif du GT est de poursuivre son appui dans la définition de dispositifs de délimitation des zones contaminées autour des foyers.
Ensuite, l’utilisation, l'accessibilité et la valorisation des données de surveillance, la pertinence des outils et des fréquences de mises à jour au vu du contexte constitue un troisième axe de travail du GT. Enfin, le GT peut contribuer à identifier les besoins de recherche intéressant la surveillance.

7. Pouvez-vous donner des exemples d’actions qui seront réalisées grâce aux résultats du GT Xylella fastidiosa ?
L’analyse de risque sur la base de données d’ordre agronomique et de couvert végétal mais aussi l’identification des périodes optimales d’échantillonnage des végétaux sur la base de l’exploitation des données de surveillance fournissent et fourniront des indications plus précises pour réaliser la surveillance sur le terrain. Les travaux sur la surveillance vectorielle ont pour objectif de définir concrètement des modalités de surveillance vis-à-vis de ces insectes.

8. Quels sont les premiers résultats du GT XF à ce jour ?
Le GT a déjà produit plusieurs livrables, comme des instructions techniques (plan de surveillance, plan d’urgence) et des outils de visualisation de la situation sanitaire vis-à-vis de Xylella fastidiosa (https://shiny-public.anses.fr/Xylella_fastidiosa/). L’évaluation OASIS du dispositif national de surveillance de Xylella fastidiosa réalisée en 2020/2021 (44 intervenants questionnés) a permis de dégager des recommandations à destination du gestionnaire du dispositif. Des membres du GT ont participé à la mission d’appui à la surveillance et d’investigation sur Xylella fastidiosa dans l’Aude en 2021. Cette mission a permis de caractériser la situation sanitaire par des visites sur le terrain et d’identifier les facteurs de risque. Cette mission a permis de définir les actions en vue de la délimitation de la zone contaminée tout en conciliant les actions imposées par la réglementation européenne en terme de gestion des zones infectées.

 

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