Épidémiosurveillance en Santé Végétale

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Découvrez l’interview des animateur.rice.s du Groupe de Travail « Surveillance du Huanglongbing ».

La Plateforme ESV s’intéresse à divers projets réalisés dans le secteur de la santé des végétaux. Actuellement onze groupes de travail contribuent aux activités de la plateforme. Découvrez les activités du groupe de travail « Surveillance du Huanglongbing » présentées par ses animateur.rice.s Gilles Cellier Chercheur en bactériologie à l’Anses et Virginie Ravigné chercheuse en biologie au CIRAD.

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1. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Gilles Cellier, Chercheur en bactériologie à l’Anses et responsable de la partie bactériologie du Laboratoire de la Santé des Végétaux (LSV);
Virginie Ravigné, chercheuse en biologie des populations d’agents pathogènes et de microbes associés aux plantes, au CIRAD, au sein de l’UMR PHIM (Plant Health Institute of Montpellier).

2. En quoi consiste le Groupe de Travail Huanglongbing ?
Rassembler les forces vives dans le domaine de la recherche, de la technique et du régalien pour former un groupe multidisciplinaire autour de la surveillance du HLB. Il est question d’harmoniser les connaissances et de les diffuser au plus grand nombre, afin d’améliorer la surveillance de cette maladie et d’assurer l’utilisation des résultats de la surveillance pour une meilleure gestion.

3. Pouvez-vous présenter vos principales missions dans ce Groupe de Travail ?
Elles s’axent autour du recueil exhaustif des données épidémiologiques, de l’harmonisation des pratiques de prélèvement et diagnostic, l’analyses rétrospectives des épidémies passées et en cours, et la production d’outils et de connaissance sur la surveillance basée sur le risque épidémiologique.

4. A qui s’adresse ce GT ?
Ce GT rassemble toutes les personnes capables de fournir de leur temps et de leur motivation autour de la problématique du HLB. Les délivrables sont destinés à un public plus large, notamment dans la vulgarisation de l’information et permettre la connaissance de cette maladie et de sa gestion auprès du grand public. L’effort consenti sur le regroupement de données permettra aux différentes institutions et territoires de s’approprier un protocole optimisé de collecte et de traitement.

5. Pourquoi lancer ce GT Huanglongbing ? Quel est le constat de départ ?
Le HLB est perçu comme la principale contrainte sur la production d’agrumes dans le monde. C’est une maladie mortelle, incurable pour les arbres touchés. Elle comporte une longue phase asymptomatique qui rend sa surveillance difficile. Le bassin méditerranéen est la seule zone de production encore indemne. Un des vecteurs de la maladie du HLB est désormais présent en Europe, dans la péninsule Ibérique, et l’autre a été détecté en Israël. Les risques de dissémination de cette maladie en Europe sont donc forts. Du côté français, trois DROM ont été sévèrement touchés par le HLB et continuent d’en souffrir. Apprendre des expériences passées, c’est permettre une anticipation accrue du risque et de sa gestion.

6. De quelle manière le GT s’intègre dans la problématique de de Huanglongbing ?
Ce GT se focalise sur l’optimisation de la surveillance et du transfert d’information aux décideurs et au grand public. Il s’intéresse donc principalement à la dimension épidémiologique de la problématique du HLB, mais aussi à la problématique de l’optimisation des réseaux de surveillance en général.

7. Pouvez-vous donner des exemples d’actions qui seront réalisées grâce aux résultats du GT Huanglongbing ?
Grâce au GT HLB, les protocoles de prélèvement des échantillons de terrain utilisés pour la surveillance des vergers d’agrumes en Guyane et dans le futur en métropole vont être optimisés en s’inspirant de l’expérience des acteurs de la Réunion. Par exemple, au lieu de cibler les arbres symptomatiques, comme c’est traditionnellement le cas pour la plupart des plans de surveillance, il peut être recommandé de prélever les arbres au hasard, indépendamment de la présence de symptômes, car ceux-ci ne sont pas un signe fiable de la maladie.
Autre exemple, suite  à la centralisation des données de la surveillance auprès de la Plateforme ESV, une application web de visualisation des données de surveillance est en cours de production afin de permettre aux acteurs et au public de bénéficier des résultats de la surveillance de façon rapide et sécurisée (c’est-à-dire en respectant la protection des données privées). Dans un prototype de cette application un volet de simulations épidémiologiques à vocation pédagogique a été intégré pour permettre à tous de s’approprier les principes de l’épidémiologie de ces maladies très asymptomatiques.
Enfin, des sessions de formation sur la biologie de la maladie et  la reconnaissance au terrain de ses vecteurs vont permettre d’envisager une surveillance plus fiable, notamment dans les territoires tout juste touchés par le HLB, comme la Guyane.

8. Quels sont les premiers résultats du GT Huanglongbing à ce jour ?
Dans ce GT, le suivi épidémiologique de l’épidémie de la Réunion a été analysé en détail par les chercheurs et les résultats ont été partagés au sein de groupe de travail. Ces analyses montrent par exemple que la structure du parcellaire agricole (localisation des vergers d’agrumes) est un déterminant important de la circulation de l’épidémie. Ces résultats pourront être extrapolés à d’autres territoires indemnes ou touchés par la maladie et appellent les pouvoirs publics à se doter de moyens de connaître finement la distribution des cultures d’agrumes dans les paysages agricoles.
Le GT a également produit un document de synthèse sur l’histoire de propagation et de gestion de la maladie dans les territoires touchés. Ce document de référence permet de garder mémoire des actions entreprises et représente une ressource importante pour les acteurs des territoires les plus récemment touchés ou encore indemnes.

Enfin, une évaluation du dispositif de surveillance de la Réunion réalisée à la demande de la DAAF Réunion  par l’Anses et le CIRAD a été amplement partagée au sein du GT afin que chaque territoire bénéficie des leçons tirées de cette analyse du fonctionnement d’un dispositif de surveillance performant mais sous tension.

9. Qui sont les acteurs de ce GT ?
Le GT rassemble  plus de 25 membres, aussi bien scientifiques, techniques, décisionnaires et consultatifs. Du côté des services en charge de la surveillance, la DGAL, les SALIM des différents territoires (Guyane, Mayotte, Réunion, Martinique, Guadeloupe) et l’AnsesNSES sont représentés. Les organismes de veille sanitaire des différents territoires sont également tous présents (FREDON France et ses déclinaisons locales). Pour faire le lien avec la gestion, des instituts techniques, et des chambres d’agriculture font également partie du GT. Enfin côté recherche, des spécialistes des bactéries responsables du HLB, de leurs vecteurs et de l’optimisation de la surveillance épidémiologique au sein de l’INRAE et du CIRAD apportent leur expertise au GT. Cette diversité d’organismes et de territoires permet en soi de relayer l’information produite à grande échelle.

 

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