Surveillance de Xylella fastidiosa
Le groupe SXF travaille précisément sur la surveillance de Xylella fastidiosa, un organisme de quarantaine prioritaire, présent dans trois régions sur le territoire qui requiert une attention prioritaire. Les travaux réalisés se concentrent sur l'appui à la surveillance des zones de foyers existants et sur la détection précoce des introductions dans des zones exemptes, et des introductions de nouvelles sous-espèces de la bactérie.
Programme de travail
1. Aujourd’hui en France, l’objectif de la surveillance de Xylella fastidiosa est d’abord la détection précoce d’éventuelles introductions de souches d’autres sous-espèces que la sous-espèce multiplex déjà présente sur le territoire, en particulier de X.f. subsp. fastidiosa ou X.f. subsp. pauca. Le GT cherchera donc à améliorer la précocité de détection, à travers tout moyen pouvant y concourir et sur la base des recommandations issues de l’évaluation OASIS du dispositif national réalisée en 2020/2021 et retenues par le gestionnaire. En particulier, les travaux porteront :
• L’évaluation de l’adéquation de la distribution de la pression de surveillance officielle sur le territoire vis-à-vis du risque, eu égard aux connaissances scientifiques disponibles et aux données déjà collectées par les différents dispositifs.
• L’évaluation de l’emploi de la surveillance vectorielle sur la base des résultats obtenus lors de la surveillance vectorielle en zone délimitée en Corse, PACA et Occitanie et des données de recherche (LSV, INRAE) disponibles.
• L’évaluation des possibilités d’amélioration de la surveillance aux points d’entrée communautaires, basée sur l’analyse du risque d’introduction et prenant en compte l’ensemble des méthodes d’analyse disponibles.
• Le renforcement de la surveillance événementielle via des actions de sensibilisation et des formations. L’objectif est de permettre, auprès du public concerné, une descente optimale de l’information technique sur X.f., ses hôtes et leurs symptômes, en vue et d’une remontée plus systématique et plus rapide de toute observation de symptômes douteux.
2. Le deuxième objectif de la surveillance actuelle est la délimitation des zones tampons autour des foyers, où l’essentiel des nouveaux foyers sont détectés. Le GT pourra poursuivre son appui dans la définition de dispositifs de délimitation sur la base des travaux menés dans le cadre de la mission en Occitanie.
3. Faire le point sur l’utilisation et l'accessibilité des données de surveillance, la pertinence des outils et des fréquences de mises à jour au vu du contexte.
4. Enfin, ce GT pourra contribuer à identifier les besoins de recherche intéressant la surveillance.
Dispositif(s) concerné(s) |
SORE, surveillance aux points d’entrée communautaires, surveillance événementielle, surveillance active post-foyer |
Animation |
DGAL (BSV), Anses (LSV) et INRAe |
Participants |
INRAE (Avignon, Angers, Montpellier), Anses (LSV, EAS), APCA, ACTA, réseau FREDON France, SEMAE, FranceAgriMer, ADILVA, DGAL (DSF, BSV, référents-experts nationaux et personnes ressource), SRAL |
Xylella fastidiosa
Xylella fastidiosa est une bactérie phytopathogène qui se transmet par des insectes vecteurs sur un très large spectre de plantes hôtes (vigne, olivier, arbres fruitiers à noyau (Prunus), agrumes, chênes, luzerne, rosiers, etc.). L’ensemble des insectes piqueurs-suceurs qui se nourrissent de sève brute sont à considérer comme des vecteurs potentiels dans la transmission de la maladie. Du fait de sa grande polyphagie, toutes les filières de production agricole ainsi que beaucoup de végétaux non cultivés qui présentent un intérêt socio-économique ou environnemental sont exposés à un risque d’impact en cas de contamination. En savoir plus.
La seule observation des symptômes, peu caractéristiques, permet difficilement de différencier des plantes saines ou contaminées. Des analyses s’avèrent nécessaires pour confirmer la présence de la maladie. Xylella fastidiosa provoque le dépérissement voire la mort des végétaux infectés car elle gêne l’alimentation de la plante en empêchant les mouvements de la sève brute. Certains végétaux peuvent néanmoins rester asymptomatiques, et une période de latence variable, parfois longue, peut être observée entre la contamination d’un végétal et l’apparition de symptômes.
Au total, trois sous-espèces de Xylella fastidiosa ont été décrites dans le monde : multiplex, pauca, fastidiosa.
@ Symptômes sur Polygala murtifolia © Bruno Legendre (Anses-LSV). Mars 2022. EPPO Global Database https://gd.eppo.int
Chacune de ces sous-espèces, ainsi que les différentes “souches” en leur sein (“sequence types” ou ST), présente une gamme de plantes hôtes spécifiques.
Actuellement, il n'existe pas de moyens curatifs pour lutter contre cette bactérie. La réglementation européenne impose l'arrachage et la destruction des plants contaminés ainsi que la conduite d’une surveillance annuelle renforcée des zones alentours. Xylella fastidiosa est un organisme de quarantaine prioritaire, c’est-à-dire dont l’impact potentiel est considéré comme le plus grave pour le territoire de l'Union Européenne par son incidence économique, environnementale ou sociale. La lutte en vue de son éradication ou, à défaut, de son enrayement, est obligatoire sur tout le territoire européen.
Cartographie
Une application de visualisation de données réalisée avec Shiny et développée par l’Anses permet de traiter les données de surveillance afin de visualiser les zones où Xylella fastidiosa a été détecté sur des végétaux. Les sources des données de détections officielles sont apportées par les structures partenaires Ministère de l’Agriculture (SRAL en région) et Anses (Laboratoires LSV) et réseau des laboratoires agréés.
Diagnostic
Au total, 655 espèces sensibles recensées dans le monde, dont 407 dont l’infection a été démontrée par au moins deux méthodes de détection différentes (EFSA, 2022). Nos équipes collaborent avec les professionnels experts afin de mettre à disposition des acteurs de terrain une aide à la reconnaissance de l’organisme nuisible Xylella fastidiosa.
Consulter la fiche de reconnaissance SORE sur Xylella fastidiosa disponible en téléchargement :
Travaux et avancées
Nos équipes ont mis à disposition une synthèse des travaux réalisés et des perspectives du Groupe de Travail Surveillance Xylella fastidiosa (GT SXF) de la Plateforme ESV.
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Actualités Xylella Fastidiosa
- Podcast traitant de Xylella fastidiosa, de la situation sanitaire aux moyens de lutte.
- Voici la dernière version de la méthode officielle Anses pour la détection de Xylella fastidiosa par PCR en temps réel sur insectes vecteurs.
- Règlement d'exécution 2024/2507 modifiant et rectifiant le règlement d'exécution (UE) 2020/1201 relatif aux mesures visant à prévenir l'introduction et la propagation au sein de l'Union de Xylella fastidiosa (Wells et al.) et modifiant le règlement d'exécution (UE) 2020/1770 relatif au liste des espèces végétales qui ne sont pas exemptées de l'exigence d'un code d'identification dans les passeports phytosanitaires.
- Le séminaire « Recherche d’hôtes et comportement de sondage de Philaenus spumarius sur les variétés d’oliviers » avec Daniel Cornara, de l’Université de Bari, Italie, est disponible sur ce lien [https://pti-solxyl.csic.es/seminario-21-mayo-disponible-en-el-canal-youtube-soluciones-a-xylella-fastidiosa/].
- Cette vidéo retransmet un webinaire de l'Institut des Sciences Agraires (CSIC) d'Espagne sur le rôle de l'eau et de la température dans l'épidémie de Xylella fastidiosa.
Veille ciblée Xylella Fastidiosa
- L'enquête menée par l'Université de Floride a révélé des niveaux d'infection élevés de Xylella fastidiosa dans le matériel génétique de Prunus à Gainesville, avec plus de 65 % des échantillons infectés. Les cultivars ornementaux et commerciaux de Prunus ont été affectés, menaçant la production de fruits locaux. Les symptômes incluent brûlure des feuilles, dépérissement et déclin de la vigueur des plantes. L'étude fournit des informations essentielles pour orienter la sélection de cultivars résistants à cette bactérie dans le sud-est des États-Unis. Les résultats sont publiés dans HortScience (https://doi.org/10.21273/HORTSCI17199-23).
- L'étude récente sur Xylella fastidiosa en Floride a montré que certains cultivars d'olivier, comme Leccino, présentent une résistance génétique prometteuse, avec 67 % de sa descendance montrant une tolérance à l'infection. Le génotype S105, un hybride de Leccino et Cipressino, limite efficacement la propagation de la bactérie grâce à des réponses de défense complexes. En parallèle, une enquête a révélé que des espèces de Prunus, comme P. mume, résistent aussi à l'infection, mettant en évidence que la sélection de génotypes résistants est une stratégie efficace pour gérer Xylella fastidiosa.
- Du 23 au 26 septembre 2024, une mission d’expertise TAIEX s’est tenue au sein de la Direction de la Sécurité Alimentaire du Monténégro (Balkans), axée sur l’application de l’outil statistique RIBESS pour la surveillance des organismes nuisibles. Les experts croates, Luka Mustapić et Jelena Plavec, ont présenté l’utilisation des outils statistiques de l’UE, notamment RIBESS, pour élaborer des stratégies de suivi. Des travaux pratiques ont permis de déterminer un nombre optimal d’échantillons pour le contrôle de Xylella fastidiosa, avec une fiabilité de 80 % pour détecter 1 % de plantes infectées. Les connaissances acquises seront appliquées en 2025 pour une surveillance spécifique.
- La Commission européenne a modifié le règlement (UE) 2020/1201 pour lutter contre Xylella fastidiosa, en introduisant des mesures plus ciblées pour protéger les plantes. Les enquêtes annuelles incluront désormais des espèces suspectées d’être infectées, avec l’ajout de nouvelles plantes à surveiller, comme certaines variétés de lavande et de romarin. La surveillance des vecteurs, notamment des insectes Cicadomorpha, sera renforcée. Les États membres bénéficieront d’une flexibilité accrue pour organiser des enquêtes dans les zones non touchées. Les changements entreront en vigueur le 1er juillet 2025, visant à améliorer l’efficacité des mesures.
- Près d’un an après la découverte de la Xylella fastidiosa subsp. pauca ST53 à Majorque, la bactérie n’a été localisée qu’à Sencelles (centre de l’île). Le Gouvernement des Baléares, en collaboration avec divers instituts, étudie l’ampleur et l’origine de l’épidémie, l’olivier sauvage, très abondant, pourrait contribuer à une éventuelle expansion du foyer. La présence simultanée d’autres sous-espèces, comme multiplex ST81, complique les efforts d’éradication en raison de possibles co-infections. L’origine de ST53 semble être liée à celle du sud de l’Italie et du Costa-Rica. Actuellement, cette souche a été détectée dans 114 oliviers sauvages, 34 oliviers cultivés et d’autres plantes, et son impact pourrait s’intensifier d’ici 2029.